La reconversion des auteurs de S-F adulte vers le secteur jeunesse est du même ordre que le mouvement qui a entraîné dans les années 60 les gens du Polar vers la S-F, puis dans les années 90 les gens de la S-F vers l'Horreur,.. On se tourne du côté où l'on sent qu'existe un marché, des débouchés, des ventes. Je ne vois dans cet état de fait qu'une constatation dénuée de toute critique.
Mais cette reconversion ne peut pas être totale — car rares sont les auteurs à pouvoir l'effectuer rapidement, et à vivre correctement dans un secteur très particulier comme celui de la S-F jeunesse (moi-même, et pour des raisons qui n'ont rien à voir avec l'aspect pécuniaire, je ne mets pas tous mes oeufs dans le même panier !).
A quoi bon citer des noms ? En réalité, on écrit avec sa tête et ses tripes. Et au bout du compte, cela se sent. Faire une incursion dans la littérature de jeunesse pour y flairer au besoin la possibilité d'y faire du fric, c'est se condamner à court terme. Se condamner aux lois du marché, donc à une littérature alimentaire qui fera illusion un temps, mais qui disparaîtra vite.
Les bons, les grands, les vrais textes tiennent la route. S'il y avait des recettes aussi simples pour écrire de bons, d'authentiques textes pour la jeunesse, les éditeurs crouleraient sous les bons manuscrits et les auteurs feraient fortune... Ce n'est pas exactement le cas.