Je ne me sens pas particulièrement un auteur pour la jeunesse, tu sais. Les hasards m'ont conduite à remettre sans cesse sur le métier mes modes de narration et mes compétences dans la façon de raconter une histoire. Mais je ne pense pas qu'écrire, ce soit raconter une histoire. C'est très secondaire. Pour moi, écrire, c'est travailler une matière, la langue, une matière d'autant plus difficile à manier qu'elle n'est pas celle des communicants. Or, dans 99% des cas, en littérature jeunesse, écrire c'est raconter une histoire. D'où ma difficulté à te parler de littérature jeunesse en connaissance de cause. Je suis devenue auteur pour la jeunesse par hasard. C'est Jean-Philippe Arrou-Vignod qui m'a commandé mon premier livre pour la jeunesse : Solos, un recueil de nouvelles chez Gallimard Jeunesse. Ensuite le pli était pris et les commandes ont afflué. Si les éditeurs jeunesse m'ont fait signe, c'est que mes romans parlaient toujours d'adolescence. Après La verrière ( Gallimard, 1996 ), il était tout naturel qu'on me fasse parler d'ados aux ados.