Christian Grenier, auteur jeunesse
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REPONSES AU QUESTIONNAIRE
des auteurs dont le texte ne figure pas dans l’essai "Je suis un auteur jeunesse"

Olivier LECRIVAIN
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Les poings serrés ( Flammarion, Castor Poche )

     Comment je suis devenu auteur jeunesse ?
     Ce fut le résultat d'un heureux hasard. En 1981, j'effectuais mon service militaire et meublais l'ennui des longues veillées kaki en rêvassant à un polar régionaliste, un remake banlieusard de La Reine des Pommes de Chester Himes. Mon ambition suprême était ( et reste encore) de voir mes romans dans les tourniquets de gare, avec sur la couverture une pulpeuse à l'oeil boudeur manipulant un flingue d'un air mortellement ennuyé. Mon ami Jean-Hugues Malineau, alors directeur de la collection L'Ami de Poche chez Casterman, m'a lancé ce terrifiant et excitant défi : Ponds-moi un roman pour la rentrée de septembre. Aussitôt démobilisé, j'ai sué sang et eau tout l'été. Le fruit de mes souffrances a été Blues pour Marco.
     Ce qui n'était au départ qu'un concours de circonstances est devenu une vocation a posteriori. Mes tentatives de percée dans le monde de la littérature adulte ou polar se sont soldées par deux romans sans lecteurs. En tout cas, sans lecteurs que j'aie pu connaître ou influencer durablement. Par contre, j'ai eu très vite l'occasion d'aller rendre visite dans leurs classes à mes jeunes lecteurs, collégiens ou plus rarement lycéens. Le plaisir de ces rencontres, la satisfaction d'amour-propre de savoir qu'ils ont aimé ce que j'ai fait, et surtout l'impression de pouvoir jouer un rôle positif dans leurs vies, ont fait de moi un écrivain jeunesse. Au delà de ce que racontent mes romans, je pense que l'élément le plus important de la rencontre est le modèle d'adulte que l'auteur en visite propose devant ses lecteurs : quelqu'un pour qui l'écriture est à la fois une source de joies, et une façon de trouver une solution aux douleurs anciennes comme aux angoisses présentes.



Le poète assassin ( Le Seuil Jeunesse )

     Qu'est ce qui caractérise un « texte jeunesse » ?
     Les thèmes ? A mon sens, non. Et je ne crois pas qu'il soit souhaitable d'écrire autour d'un thème ( la drogue, le divorce, les gangs, les viols, les familles recomposées, la guerre, etc. ), sous peine de transformer son propos en un catalogue systématique des misères humaines, et de devenir très vite pesant et démonstratif.
     Le vocabulaire ? C'est un point délicat et intéressant. Jusqu'à quel point doit on s'inspirer de la langue orale de nos lecteurs ? Trop peu, et ils risquent de ne pas se reconnaître dans les personnages. Mais si on donne à l'excès dans l'idiomatisme du moment, on court le risque de faire faux jeune, ou de se démoder à toute allure. Il faut donc arriver à recomposer une langue qui paraisse jeune, mais qui au bout de compte aura aussi peu de ressemblance avec le langage des cours de récréation que les dialogues de Giono avec le vrai parler des paysans provençaux.
     L'écriture ? Oui, pour moi, il y a certaines contraintes de style qu'il faut impérativement respecter dans la littérature jeunesse
     Tout d'abord, la rapidité. Pas question de laisser l'intrigue démarrer tranquillement, pas question de donner dans le « calme apparent sous lequel couve un orage qui n'éclatera qu'au chapitre 23 ». Je crois qu'il faut d'emblée entrer dans le sujet.
     Autres contraintes : une relative simplicité d'intrigue, et pas trop de changement de narrateurs : nos jeunes lecteurs qui se repèrent aisément dans une intrigue de film totalement alambiquée sont complètement perdus lorsqu'on leur propose, par écrit, la même histoire trop tarabiscotée. Enfin, je crois qu'il est possible de tout aborder ( tous les fameux thèmes tels que mort, drogue suicide, sexualité etc... voir plus haut ) à condition de le faire avec tact, sans s'appesantir.
     Je ne crois pas que mes romans pour adultes ( l'un est disponible aux Editions du Pilon ) soient écrits dans un style fondamentalement différent de celui de mes romans jeunesse. La différence principale, et c'est là pour moi que se situe la ligne de partage entre littérature adulte et littérature jeunesse, est que j'ai eu à coeur de faire en sorte que mes romans jeunesse se terminent bien. Sans donner dans la happy end genre meringue et chantilly, je crois qu'il est nécessaire, à l'âge de l'incertitude et de l'angoisse, de donner l'idée à des lecteurs adolescents que malgré les difficultés, la vie va de l'avant.



     Olivier Lécrivain est né en banlieue parisienne. marié, père d'une fille, il a commencé à écrire dès l'adolescence, encouragé par Jean-Hugues Malineau, alors responsable de la collection « L'Ami de Poche ». Olivier Lécrivain est professeur d'anglais et est membre de la Charte des Auteurs et Illustrateurs de Jeunesse. C'est à ce titre qu'il participe à des rencontres avec ses jeunes lecteurs en milieu scolaire.
     Olivier Lécrivain aime décrire les états d'âmes d'adolescents et les ambiances surchargées par les non-dits où les a priori.

     ( source Ricochet )

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Dernière mise à jour du site le 12 octobre 2021
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