Oui. Elle lisait tout ce que je lui donnais. Elle avait la dent dure, affirmait :
— Comme c'est long ! Comme c'est prétentieux ! Et ce texte là, c'est vraiment très mauvais.
Qu'importe. Elle n'a jamais réussi à me décourager. Ni à me déplaire.
La preuve, c'est que nous avons fini par nous marier — mais ceci est une autre histoire...
Entre six et vingt-trois ans, combien ai-je écrit de contes, de nouvelles, de romans, d'essais, ? Je n'en ai jamais fait le compte. Mais je sais combien ils pèsent : deux cents kilos.
Aujourd'hui, ces vieux textes sont relégués dans une cantine métallique intransportable. Ce sont mes héritiers qui l'ouvriront... ils jetteront sans doute ce qu'elle contient !