Christian Grenier, auteur jeunesse
Recherche
   
Cliquer pour lire les questions précédentes 

Ses débuts
Page 3 / 3
 Cliquer pour lire les questions suivantes


     Oui. Elle a aussi jugé que pas mal de mes dialogues étaient superflus.
     A l'époque, avant de lire un roman, je vérifiais qu'il comportait beaucoup de dialogues. Sans doute une habitude de comédien refoulé... Quand je tapais à la machine, les dialogues me permettaient d'aller plus vite à la ligne. Hélas, mes personnages disaient parfois :
      Salut !
      Bonjour.
      Ca va ?
      Oui, ça va. Et toi ?
      Ca va !
     Franchement, ça ne faisait pas avancer l'action !
     — Autre chose, me dit Tatiana Rageot. Dans la première partie de votre roman, les personnages sont jeunes, dynamiques ; les actions et les rebondissements nombreux. Mais dans la seconde, qui comporte 400 pages, vos héros ont grandi, l'action a ralenti. On est dans une utopie. Votre histoire d'amour et vos réflexions philosophiques n'intéressent que les adultes. Or, je publie des romans pour les 10/15 ans. Donc seule la première partie m'intéresse.
     — Soit, fis-je un peu déçu. Vous ne publierez donc que la première partie ?
     — Pas si vite ! Les ouvrages de Jeunesse Poche ne peuvent dépasser 150 pages. Votre première partie est donc deux fois trop longue. Ce qui tombe bien puisqu'elle comporte des scories et des longueurs. Donc, je vous mets le marché en main : vous réduisez de moitié votre première partie en améliorant le récit et vous trouvez une nouvelle fin. Je relirai alors votre nouveau manuscrit et nous verrons si je peux en envisager la publication.
     Diabolique !


     Pas tout de suite. Je suis rentré chez moi découragé. Et j'ai réfléchi.
     Jusque là, j'avais écrit pour mon propre plaisir, et celui de mes proches. Voilà que m'était peut-être ouverte la voie de la publication. A certaines conditions. Devais-je m'y soumettre et transformer ce loisir en travail ?
     Je me suis replongé dans mon texte... A la vérité, je l'avais à peine relu avant de l'envoyer chez Hatier ! Je me suis vite rendu compte que Tatiana Rageot avait raison : il comportait des passages inutiles, de descriptions ennuyeuses... En l'écrivant, j'avais manqué de rigueur. Mais comment le réduire à 150 pages ? Impossible, comme je l'avais un temps envisagé, de recopier une page ou une phrase sur deux, on n'y comprenait plus rien !
     Cette refonte totale m'a demandé beaucoup plus de temps et de peine que prévu : je mis près d'un an à rédiger 150 pages à partir de la première partie de mon récit !
     Je renvoyai mon texte à Tatiana Rageot, qui le relut... et l'accepta, après m'avoir à nouveau demandé quelques petites améliorations de détail.
     Je reçus mon premier contrat. Mon premier à-valoir.
     Et mon roman finit par paraître, longtemps après — en 1973.



     La vérité m'oblige à répondre oui.
     Après que j'ai signé mon premier contrat pour Aïo, Terre invisible, la nouvelle responsable de Rageot ( la fille de Tatiana Rageot, Catherine Scob ) me suggéra d'écrire un nouveau roman de SF pour la même collection. Un texte qui s'adresserait si possible aux plus jeunes. Ce serait Sabotage sur la planète rouge. Dans le même temps, humilié parce que le manuscrit d'Aïo n'avait pas obtenu le Prix ORTF, je m'étais mis à l'ouvrage et mieux ajusté mon tir, je me suis mis à écrire un roman plus ambitieux, La Machination, dans lequel le héros était — déjà ! — sans le savoir aux prises avec un monde virtuel. Après la disparition de la collection Jeunesse Poche, j'ai cependant continué à travailler pour Rageot en écrivant un roman de SF qui sortirait dans la collection La Bibliothèque de l'amitié : Messier 51, l'impossible retour. Je crois que c'est le seul roman de SF de cette collection ! Dès 1972, j'étais sur les rails de la SF... dont j'essaierais de sortir six ans plus tard, toujours chez Rageot, avec des romans comme La guerre des poireaux ou Le moulin de la colère.


     Bonne question. Car si Annette m'avait offert cette machine un an auparavant, mon premier vrai manuscrit aurait été ma Villa des saules.
     C'est sans doute elle que j'aurais envoyé à un éditeur, c'est ce roman policier qui aurait ( peut-être ! ) été publié. Encouragé par cette première publication, je me serais peut-être alors spécialisé dans le polar pour adultes et je ne serais venu qu'accessoirement à la SF.
     Mais avec des si...
Cliquer pour lire les questions précédentes Page précédente   Page suivante  Cliquer pour lire les questions suivantes

Dernière mise à jour du site le 12 octobre 2021
Adresse postale : Christian Grenier, BP 7, 24130 Le Fleix