Christian Grenier, auteur jeunesse
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Ses méthodes d’écriture
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     Non. Le métier d'écrivain est très solitaire. Je ne parle pas de mes projets, ou très peu, parfois davantage à mes lecteurs fidèles plutôt qu'à ma femme, à ma fille ou à mes éditeurs !
     Quand je me mets au travail commence un long marathon... mais je n'appelle personne pour solliciter un conseil ou demander de l'aide !
     Une fois le manuscrit relu, corrigé, amélioré, achevé ( et je n'ai pas de secrétaire, je tape seul là encore ! ) je le confie enfin en lecture à mes proches et à l'éditeur. Leurs remarques, dont je peux ou non tenir compte, constituent la seule « aide » dont je bénéficie.



     Si. A deux ou trois reprises, j'ai vendu une idée de roman.
     Un jour, comme j'essayais d'expliquer à mon complice William Camus ( le Peau-Rouge avec lequel j'ai écrit Cheyennes 6112 et Une squaw dans les étoiles ) qu'une uchronie était “ une histoire se situant dans un présent différent parce qu'un événement avait modifié le cours de l'Histoire ”, j'ai préféré prendre un exemple.
     — Imagine, lui ai-je lancé, que tes lointains ancêtres, les Indiens Caraïbes, aient massacré Christophe Colomb et tout son équipage au lieu de l'accueillir à bras ouvert. Par conséquent, personne ne revient en Europe. D'autres expéditions sont frétées vers l'ouest... mais elles subissent le même sort.
     — Du coup, personne n'aborde l'Amérique ?
     — Exact. Et les Indiens continuent de se développer sans être envahis et massacrés. Imagine à présent une histoire qui se déroule aujourd'hui dans un tel monde : une Amérique où existe une civilisation originale qui n'a encore jamais eu de contact avec les Européens, ces derniers ayant évidemment évolué de façon différente de ce que nous connaissons.
     — Formidable ! a répliqué William. J'achète.
     Je lui ai donc vendu cette idée. Un franc. Ca ne valait pas plus cher. Une fois encore, une idée ce n'est rien, comparée aux mois nécessaires à bâtir une histoire cohérente et à écrire un vrai roman !


     Parce qu'en effectuant une transaction, l'idée ne m'appartient plus. Je n'ai donc plus le droit de l'utiliser — ni de reprocher à quiconque, plus tard, de me l'avoir volée !
     William a d'ailleurs utilisé cette idée et écrit un roman à partir de ce que je lui ai dit. Son récit s'appelle L'opération clik-clak.


     Euh... non, je pense que c'est l'inverse qui se produit : le cinéma et les séries télévisées ne cessent de se nourrir de la littérature ! D'ailleurs, à mon avis, l'imaginaire de la plupart des films est plus pauvre que celui des romans. En revanche, il est vrai que certaines émissions scientifiques ou documentaires peuvent me donner des idées, ainsi que les bulletins d'information.



     Non. Du moins pas directement. Mais je viens d'affirmer que l'imaginaire, c'était le quotidien. Je ne peux donc pas nier être influencé malgré moi par ce que je lis !
     Quand j'écrivais, à l'âge de douze ou treize ans, mes romans d'aventures étaient directement inspirés de Jules Verne et d'Alexandre Dumas. Mes premiers poèmes ressemblaient beaucoup à ceux de Jacques Prévert — en beaucoup plus mauvais, hélas ! Je pense qu'il y a un âge où les influences sont d'ailleurs bénéfiques, où l'on a besoin de modèles. A dix-huit ans, après avoir lu Un cœur Simple de Flaubert, j'ai même recopié ce récit mot pour mot, pour mieux m'en imprégner, et peut-être avoir l'impression que je l'écrivais moi-même. Mais je n'étais pas dupe, évidemment.
     De même, les peintres débutants ( et même parfois professionnels ! ) n'hésitent pas à recopier les œuvres de leurs grands prédécesseurs.
     Imiter, recopier n'est pas scandaleux quand on le fait à titre d'exercice. On peut aussi utiliser un thème ou une œuvre célèbre et en faire une “ recréation ”. En musique, Benjamin Britten a écrit une pièce magnifique, Variations et fugue sur un thème de Purcell En littérature, Michel Tournier s'est inspiré du roman de Daniel de Foe pour écrire Robinson ou les limbes du Pacifique et Régine Desforge d'Autant en emporte le vent pour en livrer une nouvelle version contemporaine avec La bicyclette bleue.
     Il faut savoir qu'autrefois, la notion de “ copyright ” n'existait pas. Imiter, reprendre une partie de l'œuvre d'un autre n'était pas interdit. Loin de faire un procès à celui qui utilisait ce qu'il avait écrit, l'auteur d'origine se jugeait flatté et honoré d'être copié !
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Dernière mise à jour du site le 12 octobre 2021
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