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Oui. Je me réfère sans cesse aux nombreux dictionnaires et encyclopédies qui m'entourent et auxquels j'ai accès sans bouger de mon bureau. C'est rarement pour vérifier l'orthographe d'un mot. Dans ce domaine, un vieil auteur a moins de problèmes qu'un élève de collège, et puis le texte passera entre les mains d'un correcteur ou d'un “ préparateur de copie ” dont la tâche consiste justement à veiller à tous ces problèmes d'orthographe, de syntaxe, etc. Les dictionnaires me servent le plus souvent à vérifier le sens exact d'un mot, l'usage d'un verbe, les emplois et significations d'une tournure particulière. Ils me permettent d'avoir accès à des nuances que je ne connais pas, ils m'apprennent mille choses que j'ignore ! Se référer aux dictionnaires a cependant un énorme inconvénient : on s'y plonge, on passe d'un mot à un autre... et c'est souvent si passionnant qu'on finit par oublier pour quelle raison on l'a ouvert un quart d'heure auparavant ! Quand j'utilise un dictionnaire de synonymes par exemple, ce n'est jamais parce que j'ai une répétition dans un texte et que je juge qu'il me faut remplacer un mot par son équivalent ( dans la langue française, aucun mot n'a d'équivalent exact ! ), c'est pour trouver le terme voisin qui, lui, correspond exactement à ce que je voulais dire ! D'ailleurs, face à une répétition, je ne cherche pas de synonyme, je modifie carrément la tournure de la phrase, c'est plus efficace, plus rapide... et souvent plus juste !
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L'Universalis, la Grande Encyclopédie Larousse mais aussi le Grand Dictionnaire Encyclopédique et la première Encyclopédie Larousse de 1865 ( elle est criblée d'erreurs mais c'est une mine, une somme fabuleuse de connaissances, de références, d'anecdotes ! ), le Grand Robert — extraordinaire pour l'usage de la langue — , le Littré bien sûr — indispensable quand on recherche l'origine d'un mot ou que l'action d'un roman se situe avant 1850, La Grande Encyclopédie Bordas et leur dictionnaire des littératures de langue française. J'ai aussi beaucoup de vieux dictionnaires et encyclopédies : Alpha, Grange Batelière, Quillet ( très utile pour les noms de vieux métiers, d'outils... ) Et bien sûr, je possède beaucoup d'encyclopédies et d'ouvrages documentaires sur la peinture, la musique, la littérature, l'Histoire et toutes les sciences — notamment l'astronomie. Mais ceux que j'utilise le plus fréquemment sont le Grévisse, le Hanse, le dictionnaire des difficultés de la langue française et de nombreux manuels de grammaire et de conjugaison. Ma plus récente découverte est le dictionnaire de synonymes et mots de sens voisins de Bertaud du Chazaud, c'est un vrai trésor, je me demande pourquoi un ouvrage si riche et si complet n'existait pas auparavant, c'est un outil indispensable à tout écrivain. Et contrairement à ce qu'on pourrait croire, ces ouvrages ne se “ doublent ” jamais, ils se complètent. D'ailleurs, il m'arrive de ne pas trouver certains mots dans tel ou tel dictionnaire. Par exemple, le mot de dahu ( ou dahut ), qu'on utilise dans l'expression “ aller à la chasse au dahu ”, n'existe ni dans le Robert, grand ou petit, ni dans le Larousse !
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Tout dépend de l'ouvrage que j'écris. Paradoxalement, je me documente assez peu quand j'écris un roman de SF. Comme je ne maîtrise pas trop mal l'ensemble des sciences et que je suis passionné d'astronomie depuis l'âge de douze ans, je n'ai pas à vérifier telle ou telle information. C'est d'ailleurs l'inverse qui se produit ; en lisant un article dans La Recherche ou dans Sciences & Avenir, j'ai soudain l'idée d'un roman ! En revanche, pour écrire Août 44, Paris sur scène ou mes Contes et récits des héros de la Grèce antique, j'ai consacré deux fois plus de temps à lire et à me documenter qu'à rédiger l'ouvrage en question ! Par exemple pour écrire ( en dix jours ) ce petit récit qu'est Anaxagore ou La pierre du philosophe, j'ai passé trois semaines à faire des recherches sur le Vème siècle avant J.-C., à étudier la vie de ce savant grec, à lire ses écrits et le récit de ses travaux par ceux qui l'ont connu, comme Diogène Laërce, à me replonger dans le Phédon de Platon, à m'interroger carte en main sur la ville de Lampsaque et sur certains phénomènes astronomiques vieux de 2500 ans ! Pour Icare et les conquérants du ciel, certains petits récits m'ont demandé une longue semaine de documentation... J'ai écrit la nouvelle Sur La Terre comme au ciel en me plongeant dans de multiples documents qui m'ont permis de suivre pas à pas la vie de Wernher von Braun. Et si j'avouais que, pour écrire Quand Léonard savait voler, j'ai été jusqu'à Florence pour y dénicher des documents inédits sur Léonard de Vinci ! En réalité, nous étions alors en Italie... Se documenter ne sert pas seulement à éviter les erreurs, cela permet de s'immerger dans une époque ou un domaine particulier, et aussi d'alimenter le récit. Eh oui, on tombe parfois sur des détails réels et inattendus qui permettent d'imaginer de nouveaux rebondissements !
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Très rarement ! En fait, depuis des dizaines d'années, j'accumule tant de documentation et je sais si bien m'y repérer que me connecter sur Internet m'apparaît comme une démarche longue, lourde et compliquée ( et puis habitant un village, je ne possède pas l'ADSL ). Je suis d'ailleurs prêt à relever un défi et à parier que je répondrai plus vite à une colle en utilisant ma documentation papier plutôt qu'en utilisant Internet ! Par exemple, en écrivant @ssassins.net, j'ai eu soudain besoin de savoir impérativement combien il y avait d'habitants à Paris, intra muros, en 1654. Après avoir cafouillé des heures sur Internet ( tenez, essayez d'y trouver la réponse à cette question ! ), j'ai fini par dénicher le chiffre... grâce à un ouvrage sur le XVIIe siècle. Il m'arrive aussi de lancer un SOS à des amis. Ainsi, alors que j'étais plongé dans l'écriture de ma cinquième enquête de Logicielle, j'ai dû laisser en blanc une date : celle du crash de Concorde, je voulais y faire référence et je n'avais pas sous la main de document récent me permettant d'accéder à cette information. Le même jour, j'ai reçu un appel d'Alain Grousset. Au fil de la conversation, je lui ai fait part de mon problème. Il m'a rappelé trois minutes plus tard pour me livrer l'information !
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