Christian Grenier, auteur jeunesse
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Ses méthodes d’écriture
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     A ma femme ! J'allais ajouter : parce que c'est d'abord elle que j'ai sous la main. La vérité, c'est qu'Annette est ma première lectrice depuis quarante-cinq ans ; jusqu'ici, elle a été plutôt de bon conseil, alors je ne vois pas pourquoi je changerais de lectrice !
     Si j'écris un roman policier, je lui livre le texte jour après jour ou chapitre après chapitre. Quand je descends de mon bureau, elle me demande :
     — Est-ce que j'ai des pages ?
     Je lui en donne parfois deux, parfois dix... et d'autres fois pas du tout, parce que j'ai passé la journée à reprendre le chapitre de la veille ou que le texte que j'ai écrit ne me semble pas assez abouti. J'aime procéder ainsi parce que je veux savoir si Annette avance dans la résolution de l'énigme. Si elle devine trop vite mes intentions ( ou qui est le coupable ), c'est que j'ai livré trop d'éléments. Si au contraire l'action traîne et si son attention faiblit, c'est qu'il faut donner davantage de détails au lecteur et de punch à l'action.
     En revanche, quand j'écris un autre genre de roman, je travaille pendant des semaines ou des mois sans rien lui montrer, elle n'a aucune information, elle ne connaît que le titre — et encore, pas toujours ! C'est d'ailleurs déjà très imprudent : Annette savait que je voulais écrire depuis trois ans La Fille de Pleine Lune. C'est la seule donnée qu'elle possédait. Quand elle a lu le manuscrit, elle a été très déstabilisée car elle s'était fait de cette histoire une idée très différente.
     Pendant qu'Annette lit ( et parfois annote ) le manuscrit, j'en envoie une copie à ma fille, par mail et document joint — elle habite Paris ! Elle est donc la deuxième à lire mon récit, et à me donner son avis. Ensuite seulement, j'envoie le texte à l'éditeur.



     Non. Un écrivain est très seul... Je mûris mon récit sans en parler à quiconque et je l'écris sans aucune aide, évidemment.
     Ce qu'Annette souligne, ce sont des répétitions, des formulations qu'elle comprend mal ou qu'elle juge lourdes. Parfois, elle note en marge au crayon : long... ennuyeux... pas très clair... Il m'arrive de tenir compte de ses avis, d'autre fois pas du tout !
     Une seule fois, dans la nouvelle Le cochon de Noël, elle m'a demandé de changer la fin. Je faisais mourir le cochon et elle ne le supportait pas. J'ai accepté de modifier le dernier paragraphe, et il semblerait que les jeunes lecteurs, notamment en Guadeloupe, aient été ravis de cette fin inattendue et optimiste. C'est que là-bas... on tue le cochon à Noël ! Et au départ, je voulais une fin brutale, dure, qui sacrifiait à la tradition.



     Oui, à plusieurs reprises.
     Je pense notamment à Cheyennes 6112 et à Une squaw dans les étoiles, écrits en collaboration avec William Camus. Dans la préface de la réédition de ces deux romans ( chez Gallimard, en Folio Junior ), j'explique combien ces mois de création à quatre mains furent longs, difficiles — mais passionnants car on apprend énormément au contact d'un autre auteur.
     Pour deux de mes essais, Ecrire des romans en classe et La science-fiction ? J'aime ! la “ collaboration ” s'est réduite à la juxtaposition de travaux individuels.
     C'est toujours à la demande de l'autre que j'ai fini par accepter une écriture à deux. Ecrire seul est déjà ardu et complexe. Etre plusieurs multiplie les difficultés !



     Oui. C'est même à mon initiative que sont nées, dès 1996, ces expériences littéraires : plusieurs auteurs se réunissent, souvent dans le cadre d'un Salon du Livre, et ils obéissent à quelques consignes du public pour rédiger, en temps limité ( 24 ou 48 heures ! ) un vrai roman.
     Le résultat n'est jamais un chef d'œuvre mais le public assiste ainsi en accéléré aux différentes phases de la création. Quant aux auteurs, ils écrivent ensemble dans la hâte et l'enthousiasme ! Aussitôt imprimés à mille exemplaires, ces romans sont vendus dans le cadre du Salon qui a eu cette initiative.
     J'ai moi-même participé à deux marathons, celui des Sept vies de Fred le Chat ( écrit à Beaugency avec Olivier Lécrivain, Roger Judenne, Philippe Barbeau et François Sautereau ) et d'Un ticket pour nulle part ( écrit à Isle avec Philippe Barbeau et Thierry Lenain ). D'autres camarades à moi ( Michel Cosem, Christian Léourier, Alain Grousset, Gérard Moncomble ) ont écrit ensemble Les forgerons du Temps.

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Dernière mise à jour du site le 12 octobre 2021
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