Christian Grenier, auteur jeunesse
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L’édition en général
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     Pas vraiment...
     L'éditeur qui vous a déjà publié, ou qui sait que vous publiez ailleurs, lira peut-être votre manuscrit plus vite que celui d'un inconnu. Un auteur publié connaît en principe les contraintes et les lois du monde de l'édition.
     Mais être déjà publié n'est nullement une garantie pour la suite ! Les éditeurs, et on les comprend, sont exigeants. Et un jeune auteur a aussi intérêt à l'être, sinon il regrettera plus tard d'avoir publié un texte dont la qualité laisse à désirer.



     Un, deux, trois mois... Parfois davantage si vous êtes un inconnu.
     En fait, cette tâche n'est pas assumée par “ l'éditeur ”, elle est confiée à un directeur littéraire qui gère une, parfois deux collections.
     Ce directeur littéraire, souvent débordé par les textes — il en reçoit plusieurs chaque jour ! — confie le manuscrit à un ou plusieurs lecteur(s) professionnels) dont la tâche consiste à juger les textes reçus.



     Beaucoup de manuscrits sont éliminés car ils sont jugés banals, médiocres. Ou bien leur thème, leur écriture ne correspondent pas à l'esprit de la collection.
     Proposer un texte “ ressemblant à ce qui se fait ” ne suffit pas. Il faut justement être audacieux, original... mais pas trop, car on risque alors de rebuter !
     Parfois, un manuscrit sort du lot. Il est alors photocopié et confié à d'autres lecteurs qui, à leur tour, en font un résumé et une critique. Si quatre ou cinq lectures sont positives, le manuscrit est retenu ( parfois grâce à un “ comité de lecture ” qui débat de l'opportunité de sa publication ) et l'auteur est averti.
     La plupart des “ premiers romans publiés ” sont des textes que les auteurs ont tout simplement envoyés par la poste ! Connaître un auteur publié, vouloir se faire recommander ne sert pas à grand-chose, un éditeur veut un texte fort et de qualité, qui se vendra et/ou aura de bonnes critiques, être l'ami d'un Tel ne sert à rien !
     Bien entendu, un “ auteur maison ” est lu plus vite que les autres, surtout quand le directeur littéraire est devenu un ami... et qu'il attend le texte en question !
     Il m'est arrivé d'avoir une réponse... le lendemain de mon envoi. Parfois aussi, le directeur littéraire a une grande confiance en lui et en son auteur : si la première lecture du manuscrit soulève son enthousiasme, il l'accepte sans même le mettre en lecture !




     Plusieurs !
     La plupart du temps, j'ai compris que je n'avais pas envoyé mon roman au bon éditeur. D'autres fois, je me suis aperçu ( et le directeur littéraire me l'a parfois révélé ) que mon texte souffrait à ses yeux de plusieurs défauts : il était trop long, trop compliqué, la fin trop cruelle, l'histoire trop invraisemblable, etc.. Se présente alors une alternative :
     * tenter de remédier à ces “ défauts ”.
     * proposer le texte à un autre éditeur dont la politique littéraire correspond mieux au récit.
     Les auteurs les plus prestigieux ( y compris ceux de l'Académie Goncourt... ou de l'Académie Française ! ) se font parfois refuser un manuscrit, pour toutes les raisons évoquées plus haut.
     Très rarement, le rejet s'explique parce que le texte est très novateur et que ses qualités ont échappé au Directeur littéraire. L'exemple le plus fameux date de près d'un siècle : c'est le refus, par André Gide ( il travaillait alors pour Gallimard ), du premier volet d'A la recherche du temps perdu de Marcel Proust. Une erreur que Gide a reconnue plus tard, il s'en est mordu les doigts !
     Souvent, le manuscrit n'est pas refusé mais contesté : l'éditeur accepte sa publication à condition que l'auteur revoie sa copie, réduise la longueur, modifie la fin, etc.
     En fait, je n'ai aujourd'hui qu'un seul manuscrit refusé dans un tiroir. La seule histoire 100% authentique que j'aie jamais écrite : le suicide de mon petit cousin. L'événement date de plus de trente ans. Les trois éditeurs qui ont eu mon texte en main m'ont tous trois révélé que ce récit, à leur avis, était impubliable. D'abord en raison de sa dureté. Mais aussi et surtout parce que les péripéties semblaient invraisemblables. Ils me demandaient de modifier de nombreux passages — et j'ai toujours refusé... puisque l'histoire était vraie, dans ses moindres détails ! En écrivant cette histoire, je voulais surtout me libérer, régler des comptes familiaux. Aujourd'hui, ce manuscrit est dans un tiroir et je n'ai plus du tout l'intention qu'il en sorte !

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Dernière mise à jour du site le 12 octobre 2021
Adresse postale : Christian Grenier, BP 7, 24130 Le Fleix