Plusieurs !
La plupart du temps, j'ai compris que je n'avais pas envoyé mon roman au bon éditeur. D'autres fois, je me suis aperçu ( et le directeur littéraire me l'a parfois révélé ) que mon texte souffrait à ses yeux de plusieurs défauts : il était trop long, trop compliqué, la fin trop cruelle, l'histoire trop invraisemblable, etc.. Se présente alors une alternative :
* tenter de remédier à ces “ défauts ”.
* proposer le texte à un autre éditeur dont la politique littéraire correspond mieux au récit.
Les auteurs les plus prestigieux ( y compris ceux de l'Académie Goncourt... ou de l'Académie Française ! ) se font parfois refuser un manuscrit, pour toutes les raisons évoquées plus haut.
Très rarement, le rejet s'explique parce que le texte est très novateur et que ses qualités ont échappé au Directeur littéraire. L'exemple le plus fameux date de près d'un siècle : c'est le refus, par André Gide ( il travaillait alors pour Gallimard ), du premier volet d'A la recherche du temps perdu de Marcel Proust. Une erreur que Gide a reconnue plus tard, il s'en est mordu les doigts !
Souvent, le manuscrit n'est pas refusé mais contesté : l'éditeur accepte sa publication à condition que l'auteur revoie sa copie, réduise la longueur, modifie la fin, etc.
En fait, je n'ai aujourd'hui qu'un seul manuscrit refusé dans un tiroir. La seule histoire 100% authentique que j'aie jamais écrite : le suicide de mon petit cousin. L'événement date de plus de trente ans. Les trois éditeurs qui ont eu mon texte en main m'ont tous trois révélé que ce récit, à leur avis, était impubliable. D'abord en raison de sa dureté. Mais aussi et surtout parce que les péripéties semblaient invraisemblables. Ils me demandaient de modifier de nombreux passages — et j'ai toujours refusé... puisque l'histoire était vraie, dans ses moindres détails ! En écrivant cette histoire, je voulais surtout me libérer, régler des comptes familiaux. Aujourd'hui, ce manuscrit est dans un tiroir et je n'ai plus du tout l'intention qu'il en sorte !