Christian Grenier, auteur jeunesse
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L’édition en général
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     C'est un document complexe et qui ressemble assez à... un contrat de location !
     En effet, l'auteur reste propriétaire de son texte. Il accepte simplement de le prêter à l'éditeur qui va, à ses frais, le publier, le diffuser et le vendre. Tant que le livre est vendu et édité — ou réédité — l'auteur ne peut le proposer à quelqu'un d'autre. Il laisse même à l'éditeur le droit de le faire traduire et vendre à l'étranger, celui de l'adapter en BD, au cinéma, etc.
     Bien entendu, en contrepartie, l'éditeur paie l'auteur. Il s'engage à lui verser 4, 5, 6 ou 10% du prix de chaque exemplaire vendu. Il lui consent une avance ( un “ à valoir ” de 1000, 2000, 3000 euros ) sur les ventes futures de l'ouvrage. Ces chiffres font parfois l'objet d'une négociation, l'auteur veut toujours un plus gros chèque, un pourcentage plus important !
     Une fois le livre mis en vente, l'éditeur fait chaque année les comptes. Et il verse à l'auteur, après le 31 décembre ( souvent, c'est en mai ou juin de l'année suivante ! ) la somme qui lui revient en fonction du nombre d'exemplaires vendus et du pourcentage qu'il a sur le prix de l'ouvrage. Sur un livre vendu 8 euros, si l'auteur a 5% de droits, il touchera donc 0,4 euros multipliés par... 1247 exemplaires par exemple . Soit un chèque de 498,8 euros.
     Parfois, le contrat indique le nombre d'exemplaires du premier tirage : 3000, 5000, 10 000.
     Le problème est qu'un exemplaire en libraire n'est pas toujours un exemplaire vendu, il peut être renvoyé à l'éditeur. C'est un “ retour ”, sur lequel l'auteur ne touche rien. Parfois, ces exemplaires renvoyés sont abîmés et détruits par l'éditeur. Les comptes envoyés à l'auteur évoquent tous ces chiffres compliqués : ventes, réédéditions, retours, exemplaires détruits...
     Si un livre n'est plus vendu pendant deux ans, l'auteur peut réclamer les droits de son ouvrage, et le proposer à un autre éditeur, avec lequel il signera un nouveau contrat.



     Non. L'auteur est responsable de son texte mais le plus souvent, il est laissé à l'écart de sa présentation, dont s'occupe le secteur commercial.
     Je compare souvent l'auteur à un fabricant de parfum : ce n'est pas à lui qu'on confie le design de la bouteille. Et la couverture d'un livre, c'est en quelque sorte l'emballage ! Certes, c'est l'emballage qui donnera au lecteur l'envie ou non d'acheter l'ouvrage. Et c'est là un secteur trop important, l'auteur en est habituellement écarté ! Voilà pourquoi il n'a pas à choisir la jaquette, la couverture... Ce n'est même pas toujours l'auteur qui rédige le texte de la quatrième de couverture... ni le titre que son roman portait à l'origine !




     L'éditeur, qui choisit aussi la collection où l'ouvrage sera édité, confie la responsabilité de la couverture à un directeur artistique qui va contacter un illustrateur. Ce dernier lit l'ouvrage, propose au directeur artistique des “ crayonnés ” ( brouillons, propositions ). Un dialogue s'instaure entre ces deux professionnels de l'image.
     Un sujet de couverture est alors choisi, l'illustrateur envoie son travail qu'examine, juge, apprécie et accepte le directeur artistique.
     Parfois, je propose un illustrateur que je connais et dont le travail, j'en suis convaincu, correspond au livre que j'ai écrit. Il arrive qu'on m'écoute... ou qu'on me fasse comprendre que je n'ai pas à m'en mêler !
     Parfois, l'éditeur m'envoie un projet de couverture. D'autres fois, je la découvre comme les lecteurs, quand le livre sort en librairie !
     Dans le domaine de l'album, il arrive qu'un auteur et un illustrateur travaillent main dans la main, avec l'éditeur ou le directeur artistique. Après avoir eu cette chance une première fois en 1976 ( avec Il y a deux soleils chez les Tortupatons, mon premier album qui était aussi le premier de Frédéric Clément ! ) ma meilleure expérience a été la publication récente de Le Tyran, le Luthier et le Temps. Un vrai bonheur et une collaboration totale, du début à la fin !



     Rien, je suis triste !
     Quelquefois, le ratage est flagrant et je proteste. Il est arrivé qu'on refasse une couverture à ma demande, non pas parce qu'elle ne me plaisait pas, mais parce qu'il devenait évident qu'elle ne correspondait pas au contenu du livre, à l'ambiance, à l'âge du lecteur.
     Car c'est avant tout le lecteur que la couverture doit séduire.
     L'auteur n'a pas à imposer ses vues. Imaginez que l'écrivain exige de l'illustrateur en couverture un héros avec des lunettes, dans telle position, dans tel contexte... L'illustrateur est lui aussi un créateur, il doit avoir la liberté d'interpréter le récit et de laisser libre cours à son expression personnelle.
     D'ailleurs quand j'étais responsable de Folio-Junior SF chez Gallimard, je ne demandais pas l'avis des auteurs. C'était le chef maquettiste, Raymond Stoeffel, qui décidait du look de la maquette et qui, en accord avec moi, sollicitait un illustrateur ; ce fut longtemps Bilal !

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Dernière mise à jour du site le 12 octobre 2021
Adresse postale : Christian Grenier, BP 7, 24130 Le Fleix