Christian Grenier, auteur jeunesse
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Sa vie, ses goûts
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     Je dévorais.
     Depuis l'âge de six ans, lecture et écriture sont deux passions que je n'ai cessé d'entretenir et d'affiner ! Dans les années cinquante, j'avais peu de mérite : la télé n'existait pas, j'habitais un méchant petit deux pièces à Paris, sans possibilité d'aller jouer dans la rue. Ma sœur avait seize ans de plus que moi et elle n'habitait pas avec nous, je n'avais pas d'amis, seulement quelques camarades de classe.
     Le soir, ma seule distraction éventuelle était le théâtre, mon père m'y emmenait plusieurs fois par semaine. Assister à des centaines de pièces a sans doute musclé mon imaginaire !
     Rentré de l'école, je lisais, forcément.
     Les livres pour la jeunesse étaient rares et chers, je relisais donc vingt fois les livres que je possédais, que l'on m'offrait ( cinq ou six fois par an : anniversaire, Noël, bon résultat... ) ou que je m'achetais. Jusqu'à l'âge de douze ans, tout mon argent de poche est passé dans les livres. Après avoir découvert la musique, j'ai dû économiser pour m'acheter des disques, qui coûtaient trois fois plus cher !




     Enfant, les “ petits livres d'or ” Flammarion et la Comtesse de Ségur.
     A partir de dix ans, j'ai lu Jules Verne, Alexandre Dumas, Walter Scott, Pierre Loti, Hector Malot, Charles Dickens, Jack London, Robert Louis Stevenson, Edgar Poe, Herman Melville George Sand, Saint Exupéry.
     Dans les années cinquante existaient des classiques incontournables : Le comte de Monte Cristo, Les Trois Mousquetaires, Ivanohé, Pêcheurs d'Islande, Sans Famille, David Cooperfield, L'appel de la forêt, L'île au Trésor, Moby Dick, La petite Fadette et La mare au diable, Terre des Hommes, Lassie chien fidèle, La case de l'oncle Tom
     Loin de m'effrayer l'épaisseur de Notre Dame de Paris et des Misérables me fascinait !
     Très tôt, j'ai puisé dans la bibliothèque de mes parents le théâtre et les romans de leur bibliothèque : Anatole France, Georges Duhamel, Jules Romains, Paul Bourget, Henry Bordeaux, et les ouvrages que mon père rapportait à la maison, souvent dédicacés par les écrivains qu'il fréquentait à la Comédie Française : Paul Claudel, Henry de Montherlant...
     Annette, que je connaissais déjà, m'a fait d'abord découvrir les romans de Mary O'Hara ( Mon amie Flika, Le fils de Flika, l'herbe verte du Wyoming ) mais aussi ceux de Malraux, Giono... et Colette, dont l'écriture me fascine toujours autant.



     Mes écrivains préférés ont changé au cours de ma vie : à douze ans, c'était Jules Verne, à quinze ans, Dickens, London et Stevenson ! J'ai lu et relu vingt fois Voyage au centre de la Terre, un gros et vieux livre rouge que j'avais acheté très bon marché d'occasion, je me suis aperçu trente ans plus tard que c'était une édition originale !
     Depuis trente ou quarante ans, je voue un véritable culte à Gustave Flaubert. J'ai lu et relu toutes ses œuvres ( même ses écrits de jeunesse comme Novembre ou Journal d'un fou ; pendant dix ans, chaque été, j'ai régulièrement relu Salammbô ) ainsi que sa correspondance, notamment celle qu'il entretenait avec George Sand, des pages d'une force et d'une émotion extraordinaires !
     L'un de mes textes fétiches a longtemps été le premier de ses trois contes, Un cœur simple, un texte justement écrit sous l'influence bénéfique de sa vieille amie et complice en littérature. Cette nouvelle, je l'ai recopiée, étudiée, disséquée, déclamée à haute voix, intégralement, devant un public. A mes yeux, c'est l'un des plus beaux récits de toute la littérature française, il est ramassé, efficace, plein de pudeur.
     Un bijou.



     C'est presque toujours le dernier : celui que le lecteur ne connaît pas encore puisque c'est le récit que je porte en moi, que je m'apprête à écrire — ou le roman que je suis justement en train de rédiger. Si je jugeais que mon meilleur roman est celui que j'ai écrit l'an dernier, je ne trouverais sans doute pas l'énergie d'en écrire un nouveau.
     Le roman que je m'apprête à écrire ou que j'écris est, doit absolument être meilleur que tout ce que j'ai produit jusqu'ici. J'y consacre tout mon temps, j'y emploie toutes mes forces.
     Soyons honnêtes : je garde dans un coin de mon cœur La Fille de 3ème B et Le Pianiste sans visage. Peut-être parce que l'écriture de ce récit double m'a occupé sept mois entiers, qu'il marque une rupture avec ce que j'avais écrit jusque là... et sans doute parce qu'il m'a permis de me remémorer en partie mes émotions affectives et musicales d'adolescent.
     Mais sur le plan intellectuel, je pense qu'Ecoland est le texte le plus abouti. Il contient en germe, ambiguïtés comprises, mes convictions doublées d'un certain savoir-faire. C'est un thriller doublé d'une quête utopique... et un avertissement sur les dérives d'un système économique qui détruit l'environnement, ne tient aucun compte de l'avenir planétaire, rejette les vraies valeurs de l'homme et annihile l'identité des individus.




     Un peu de tout.
     Beaucoup de magazines ( notamment des magazines scientifiques ) et des romans : polars, thrillers, SF, littérature générale et étrangère, mais aussi des biographies, des essais, un peu de poésie et de théâtre. Je lis aussi beaucoup de littérature de jeunesse. Certains éditeurs, directeurs littéraires, mes amis ou mes camarades auteurs m'envoient parfois leur dernier roman paru. La littérature jeunesse m'intéresse, et je me tiens au courant de ce que les autres auteurs écrivent et publient !
     Les deux derniers romans jeunesse que j'ai lus sont Les larmes de l'assassin, d'Anne-Laure Bondoux ( excellent ! )... est un texte encore non publié que mon ami Gilles Massardier m'a envoyé via Internet, en document joint ! En ce moment, je suis plongé dans un essai d'Ismail Kadaré, le grand écrivain albanais, son Invitation à l'atelier de l'écrivain.
     Je me replonge aussi régulièrement dans des classiques, que je connais déjà et que je parcours : Shakespeare, Molière, Anatole France, Colette, Proust, Zola, Balzac, Hugo — ah, Hugo !



     Jamais.
     Dès que j'ai relu et corrigé les “ épreuves ” d'un livre, un mois avant sa sortie en librairie, je ne l'ouvre même pas quand je le reçois. J'ai la tête ailleurs, dans un autre roman que je suis en train d'écrire. Et puis à quoi bon lire les vieilles histoires que j'ai écrites ? Je sais comment elles se terminent... et je sais que je risque d'être rétrospectivement épouvanté face à des maladresses, des longueurs, des naïvetés qui m'ont échappé.
     Car en réalité, il m'arrive de relire mes vieux romans, à une seule occasion : quand un éditeur me demande de republier l'un d'eux ! En ce cas, je le relis, en effet... et je le corrige exactement comme un brouillon. C'est un tel travail que j'aboutis à un texte très différent, généralement plus court et plus dense. Le lecteur curieux le constatera en comparant au texte actuel la première version de romans comme La Machination, Le Satellite venu d'ailleurs ou Le Soleil va mourir. Sans parler des romans si profondément refondus que le titre a changé : Le Moulin de la colère devenu Un printemps sans cerises ou Le Montreur d'Etincelles devenu Le Seigneur des neuf soleils !

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Dernière mise à jour du site le 12 octobre 2021
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