Christian Grenier, auteur jeunesse
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Un amour d'éternité



Editeur : Livre de Poche Jeunesse - Collection : Jeunesse No 948 (2003)
 
     A L'ORIGINE DE CET OUVRAGE ?...
     Un premier récit de trente pages écrit en 1982.
     Le besoin de marier SF et mythe, science et poésie, au moyen de l'un de mes thèmes de prédilection : le temps.

     LA PREMIERE VERSION DE CE ROMAN...
     est une courte histoire de trente pages intitulée L'autre moitié de l'éternité (que l'on peut lire ici), écrite en 1982 à la demande de la F.O.L de Tarbes. Ce texte a été publié par la FOL à mille exemplaires, distribué et étudié dans les écoles et collèges des Hautes Pyrénées.

     D'ailleurs, quand Michel Cosem m'a demandé un roman, en l'an 2000, j'ai d'abord pensé à reprendre cette histoire en lui donnant les dimensions d'un roman ( voir Un billet pour l'éternité ). Sans doute parce que, dans la version initiale, l'action du récit se déroulait dans les Pyrénées, patrie de Michel Cosem. Mais en entreprenant cette réécriture, je me suis vite aperçu qu'elle prenait des dimensions poétiques, métaphysiques et sentimentales qui ne correspondaient ni à ce que Michel espérait de moi, ni à un éditeur comme Le Laquet.

     En arrivant au bout du roman, j'ai aussi compris qu'il y avait là un roman pour ados, sans doute, mais susceptible de toucher davantage les filles que les garçons et peut-être même autant les adultes que les jeunes. Bref, c'était une sorte de conte philosophique, de la SF qui ne disait pas son nom ou plutôt de la science-fiction à l'usage de ceux qui ne veulent pas en lire.

     Je l'ai donc adressé au Livre de Poche Jeunesse, sachant qu'après La Machination, Le coeur en abîme et Virus LIV 3 ou la mort des livres, il y aurait là une facette de la SF plus proche de La fille de 3ème B que de la hard science.

     Pourquoi, comment ai-je eu l'idée de ce récit ? Vingt-deux ans plus tard, il est difficile de m'en souvenir. Je voulais sans doute écrire une parabole sur la persistance de la mémoire et livrer une réflexion sur une amitié si envahissante qu'elle finit par encombrer et peser à celui qui, en fin de compte, la subit au lieu de l'apprécier. Près d'un quart de siècle plus tard, la nouvelle version de ce récit comporte évidement de nouveaux personnages, un autre décor, une action à la fois plus précise et plus rigoureuse, mais même si la quantité du texte a été multipliée par cinq, le fond de l'histoire, sa morale et les réflexions qu'elle sous-tend sont je crois les mêmes.

     LA DEDICATAIRE
     Noémie Waquier est une jeune autiste, la fille de notre ami Patrick Waquier, le médecin de notre village. Le Docteur Waquier apparaît lui-même fréquemment dans mes récits, notamment dans mes romans policiers ou dans Urgence ( Bayard ).

 
UN EXTRAIT DU TEXTE  ( Un amour d'éternité )
 CHAPITRE 1
          Les U-men sont immortels et pourtant insatisfaits.
          L'immortalité, voilà longtemps qu'ils l'ont découverte, à l'époque désormais révolue où leurs souvenirs s'accrochaient encore à des repères.
          Maintenant, les U-men s'ennuient.
          Parfois, pour se distraire, ils changent de corps car cette opération leur permet de perdre la mémoire. C'est une façon de se donner l'illusion qu'ils peuvent refaire leur vie.
          Voilà ce qui vient de t'arriver, Noé. C'est ce que tu as choisi.
          Noé, qui flottait entre inconscience et lucidité, s'éveilla. Il se trouvait à demi allongé sur un fauteuil, dans une chambre inondée de soleil. Debout à ses côtés, un jeune homme lui souriait ; il avait le visage et l'apparence d'un adolescent. Noé pressentit pourtant que cet individu était âgé. Bien que son visage ne lui fût pas familier, il l'avait déjà vu, il l'aurait juré.
          Les U-men sont immortels et cependant insatisfaits, reprit la même voix invisible qui semblait émaner des murs.
          — Stop, ordonna l'inconnu. Je vais tout expliquer moi-même à Noé.
          Pourquoi prenait-on tant de précautions avec lui ? Etait-il malade ? Avait-il eu un accident ? Non, ces mots n'avaient plus de sens, il le savait bien. Il ranima ses souvenirs ; mais il n'en avait pas ! Cependant, loin, très loin, tout au fond de sa conscience, quelque chose lui murmurait que ce qui lui arrivait aujourd'hui n'était pas nouveau. L'autre s'apprêtait à parler mais Noé le devança :
          — Je suis un U-men, n'est ce pas ? Et je viens de changer de corps. Voilà pourquoi j'ai perdu la mémoire !
          — Hélas, tu ne sembles pas l'avoir perdue tant que ça !
          Noé fouillait désespérément dans un gouffre où flottaient, çà et là, mille et un souvenirs. Mais ils crevaient comme des bulles aussitôt qu'il voulait les saisir. A voix haute, il se surprit à déduire :
          — Ce n'est pas la première fois que je change de corps ? J'ai déjà essayé de perdre la mémoire et de refaire ma vie. J'ai une étrange impression de déjà vu.
          — Exact, confirma tristement l'inconnu. On dirait qu'à force de vouloir effacer ce qu'on a vécu, il en subsiste de plus en plus de bribes.
          — Nous nous connaissons, n'est-ce pas ? demanda Noé. Depuis longtemps je suppose ? Et tu t'appelles...
          Comme les autres, ce souvenir résistait, il ne pouvait lui revenir.
          — Lami, révéla l'autre. Oui, nous nous fréquentons depuis... quelque temps.
          — C'est à dire ? En quelle année sommes-nous ?
          Il pressentait que le chiffre serait astronomique.
          — En 92 022, selon le calendrier de l'ère chrétienne.
          Noé n'en fut pas étonné.
          — Vas-y, Lami. Explique-moi...
          — Oh, tu as presque tout deviné : nous sommes immortels, Noé. Depuis neuf cent siècles. Nous avons à peu près tout vécu : l'amour, la haine, la guerre, le bonheur, le chagrin... Nous ne savons plus que faire pour meubler notre ennui. Parfois nous changeons de corps. Perdre la mémoire aiguise notre curiosité et nous redonne un peu d'énergie. Ce procédé a ses limites. Il semblerait qu'il s'use un peu.
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Dernière mise à jour du site le 12 octobre 2021
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