Christian Grenier, auteur jeunesse
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La fille de pleine lune



Editeur : Nathan - Collection : Poche No 55 (2005)
 
     A L'ORIGINE DE CET OUVRAGE  ?...
     La collection «  Pleine Lune  » de chez Nathan.

     LE MAKING OFF...
     Dès la sortie de la collection « Pleine Lune  » ( c'est-à-dire à l'époque où j'écrivais La fille de 3ème B ) était né dans mon esprit cette Fille de Pleine Lune – un sujet onirique et fantastique  : les nuits de pleine lune, un garçon rêve d'une mystérieuse jeune fille... et il finit par la rencontrer sans qu'il sache si elle fait partie de son rêve ou de la réalité.
     Au cours de la longue écriture d'Aïna ( elle s'est étalée sur cinq ans  ! ), j'ai eu l'occasion de parler à de nombreuses reprises avec sa responsable, Frédérique Guillard. Elle souhaitait que je quitte un peu la saga d'Aïna pour livrer à sa collection des textes différents. Dès1997 ou 1998, j'ai évoqué, très imprudemment, ce titre – sans d'ailleurs m'étendre sur le sujet ou le contenu du livre  ! Mais Frédérique Guillard était évidemment très intéressée.

     Et puis la collection Comète est née, pour les aînés et s'est démarquée de Pleine Lune. J'ai vite compris que ce que j'écrivais, y compris Aïna, avait davantage son public dans Comète que dans Pleine Lune puisque cette collection initiale n'accueillerait, à terme, que des textes destinés à des écoliers et non à des collégiens. Mais voilà  : dans ma tête, La Fille de Pleine Lune, son style et son ton convenaient aux aînés. Le livre, si je l'écrivais un jour, paraîtrait donc paradoxalement dans la collection Comète  ! Du coup, au lieu de tenter, dans ma tête, de rendre l'histoire accessible aux plus jeunes, j'avais au contraire toute liberté de laisser libre court à mon imagination et à mes envies. Et le sujet initial, peu à peu, a glissé vers un thème beaucoup plus douloureux et grave, même si le décor et la personnalité du narrateur n'ont guère changé.
     Mais voilà  : en cinq ans, le contenu du récit s'est profondément modifié  !
     Et j'ai écrit d'une traite ce roman ( mûr, on l'a compris, depuis de longs mois ) pendant l'hiver 2002/2003.

     FICTION OU REALITE  ?
     Bien entendu, c'est une fiction pure et simple. Aucun personnage, aucun fait n'a été puisé dans la réalité et je n'ai, de près ou de loin, connu de gens plus ou moins impliqués dans ce récit. J'ajouterais même que par précaution, j'ai pris soin de n'imaginer aucun personnage susceptible de se reconnaître  !
     En revanche, les lieux sont bien réels  : nous avons habité Epinay-sur-Seine de 1975 à 1990 et le village périgourdin où Valentin et ses parents sont en vacances ressemble beaucoup au mien  ! A ma connaissance, je le précise, aucun fait de ce genre ne s'y est jamais produit  !
     La seule réalité, c'est le décor  : je me promène fréquemment en vélo ou en VTT dans l'immense forêt de la Double qui domine notre village. On y trouve bel et bien des palombières et des étangs.Quant à l'orage final, il ressemble à ceux qui ravagent fréquemment le sud-ouest depuis quelques années...
 
UN EXTRAIT DU TEXTE  ( La fille de pleine lune )
 CHAPITRE 1
          C'était la pleine lune et Valentin rêva...
          Il se trouve en forêt, tout est silencieux. Il marche lentement sur un sentier, aux aguets. Parfois au loin jaillit l'appel interrogatif et désespéré d'une chouette. Il prend alors conscience que c'est la nuit. Mais il fait si clair que les hauts troncs des pins dessinent de longs traits noirs au sol, sur les mousses. Comme à l'approche de ces événements ambigus qu'on souhaite et qu'on redoute, il songe : « Elle va venir. »
          Et en effet, il l'aperçoit.
          D'abord, ce n'est qu'une brume mouvante et floue, dans le lointain. Une ombre blanche qui hésite à se matérialiser. Au fur et à mesure qu'il avance, elle se précise.
          Il s'agit d'une jeune fille vêtue de blanc. Son visage est aussi pâle que son vêtement — une longue chemise de nuit, peut-être ? Elle s'approche de lui mais elle ne marche pas, elle glisse sans à-coup, sur le chemin. Valentin essaie de détailler ses traits — en vain. Il devine que son visage exprime l'effroi, une peine infinie qui se confond avec la sienne. Car une sympathie le lie à l'inconnue.
          Ils sont près l'un de l'autre et la douleur augmente : un tourment très violent et qu'il ne comprend pas. Il avance la main et la silhouette recule. Il se met à hurler :
           Qui es-tu ? Que veux-tu ? Pourquoi es-tu encore là ? Qu'est-ce que tu attends de moi ?
          Mais aucun son ne sort de sa bouche. L'ombre blanche a pourtant deviné ses questions. Elle répond de la même façon : sans formuler de mots.
           J'ai mal, je souffre. Aide-moi.
          Ses bras baissés frissonnent jusqu'à ses épaules ; elle écarte ses mains jointes et révèle une large tache de sang. Valentin se sent désemparé, malheureux, impuissant. La jeune fille se met à marcher dans la forêt et il la suit de près.
          Ils parviennent à un croisement que balise un vieux piquet de bois. C'est un panneau de signalisation brisé. Valentin se penche sur la pancarte sans parvenir à la déchiffrer. Les lettres apparaissent pourtant, gravées en majuscules. Désespéré, il songe : «  Ce n'est pas encore cette fois que je pourrai la lire... »
          Il lève alors les yeux vers une tour en bois, mirador incongru au sommet camouflé en abri de branchages.
          La jeune fille, elle, ne s'est pas arrêtée. Elle a bifurqué à gauche et se faufile entre les troncs. Il repart à sa poursuite et débouche dans une clairière. Là, tranquille, s'étend un petit lac. Valentin reconnaît la touffe de roseaux, la barque amarrée à l'aide d'une lourde chaîne et, tout près de la berge, la cabane de pêcheur.
          Au milieu de l'étang aux eaux noires et immobiles, un œil blanc le fixe : la lune. Plus exactement son reflet.
           Viens, suis-moi ! semble dire la jeune fille qui s'éloigne.
          Après un bref trajet, ils émergent de la forêt et font face à la vallée. Loin d'être soulagé, Valentin sent son angoisse monter d'un cran. Il voudrait s'arrêter, détailler le paysage nocturne ; mais il doit avancer et tourner ses regards vers la maison. Cette demeure, il la reconnaît, même s'il ne l'a jamais vue que dans ce rêve. C'est un manoir en pierre flanqué d'une tour ronde, situé entre vallée et forêt. Tout près de là, parmi les vignes, à côté d'un chêne imposant se dresse une grange en bois dépourvue d'ouverture.
          La jeune fille s'en approche.
          Valentin, lui, ralentit ; il hésite à se risquer plus loin. Elle se tourne vers lui, pressante et désespérée.
           Il le faut, aide-moi, je veux que tu comprennes.
          Elle pénètre alors dans la grange... Oui : elle y pénètre, son corps y disparaît, il s'y fond tout entier.
          Et un hurlement jaillit.

          Je me réveillai en sursaut. J'étais sûr d'avoir crié.
          Je me redressai sur l'oreiller et passai la main sur mon front. Il était trempé de sueur. Le radio-réveil indiquait trois heures et demie. Mon cœur battait la chamade ; je me levai pour aller écarter les rideaux de ma chambre, ouvrir la fenêtre et les volets.
          Bien sûr, la pleine lune était là. Désormais, le même rêve venait me hanter, chaque mois.
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Dernière mise à jour du site le 12 octobre 2021
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