Le boulevard ressemblait à une artère de sang coagulé : des milliers de vélibs et de pneumobus s'y entassaient pare-choc contre pare-choc. Il monta dans un électram bondé et tendit la main vers le composteur. Un haut-parleur brailla : — L'accès vous est interdit ! Vous êtes à court de crédits ! Il considéra le poignordi greffé sur son avant-bras ; devenu écarlate, l'appareil s'était mis à clignoter lentement. Confus, Jason rougit et descendit du véhicule sous le regard réprobateur des voyageurs ; puis il pesta contre son ordi de poignet. Devenu obligatoire, l'objet servait de carte d'identité, de montre, de téléphone portable et de carte de crédit. Il avait un inconvénient : quand son possesseur était à découvert ou en situation illégale, l'appareil émettait un signal permanent. Un signal qui, au fil des jours, devenait précipité. Jason jeta un coup d'œil alentour. Il aperçut trois piétons qui, comme lui, marchaient à la hâte, les manches de leur polo rabattues sur leur poignet. Avec cette chaleur, c'était suspect. Il s'agissait sûrement de clandestins, comme lui. Il pila sur place pour murmurer : — Eh oui, un clandestin... voilà ce que je suis devenu ! Le mot s'appliquait à tout citoyen en infraction...
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