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Comment l'assassin était-il sorti ?
Cette question, qui obsédait Logicielle, n'avait aucune réponse : pour entrer dans cette pièce où ils avaient découvert la victime, les pompiers avaient dû enfoncer la porte. Une porte qui, comme celle de l'appartement, avait été fermée de l'intérieur à double tour.
— La blessure est profonde, nette et sans bavure, constata le docteur Waquier face au siège où la victime était restée assise. Le meurtre a été commis il y a moins d'une heure, soit...
Le légiste consulta sa montre et précisa :
—Peu après quinze heures. Eh, Laure-Gisèle... vous m'écoutez ?
Non. Logicielle n'écoutait pas.
Perplexe, elle fixait l'écran de l'ordinateur qui trônait dans l'angle de ce bureau aux murs garnis de coutelas, katanas, poignards d'époques et de styles divers.
Resté allumé, il affichait :
PAR LE FER
PAR LE FEU
PAR LE NET
Neuf mots alignés auxquels s'ajoutait, en italique, une énigmatique mention qui défilait en continu : l'honneur de la pucelle.
Le regard de Logicielle revint à l'individu en robe de chambre affalé sur son fauteuil face à un bureau Empire. Ses yeux et sa bouche étaient restés ouverts sur une expression stupéfaite, comme si la mort l'avait surpris. Le sang d'une large entaille, au niveau du cœur, auréolait sa chemise de soie bleue. Aux pieds de l'homme, une corbeille à papier carbonisée gisait, renversée ; la moquette avait brûlé ainsi que trois rayonnages de la bibliothèque. A trois mètres de la victime, la vitre d'un meuble de style Louis XV, haut et étroit, avait été brisée.
Le docteur Waquier se pencha derrière le siège du fauteuil et déclara :
— Eh bien ! La lame a même traversé le dossier !
—La lame ? répéta Logicielle.
—Oui, affirma le légiste. L'arme du crime est un objet long, large et tranchant. Peut-être une épée.
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