Christian Grenier, auteur jeunesse
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Mission pour Pharaon



Editeur : Bayard - Collection : Bayard Jeunesse  (2011)
 
 
UN EXTRAIT DU TEXTE  ( Mission pour Pharaon )
 Début du CHAPITRE 1
     Dans mon demi-sommeil, j'ai deviné qu'on frappait à la porte de mon studio. Ma première pensée a été : « Pourquoi frapper plutôt qu'utiliser la sonnette ? »
     Alors je me suis souvenu qu'on m'avait coupé l'électricité au début de la semaine. Que je n'avais pas payé mon loyer depuis trois mois. Ah... et puis aussi que ma copine, Aline, m'avait quitté dix jours auparavant, à la suite d'une dispute.
     Me réveiller, c'était plonger dans un vrai cauchemar !
     De nouveaux coups ont ébranlé ma porte. Sûrement Aline qui revenait !
     J'ai sauté du lit et ouvert.
     Grosse déception. Deux inconnus se tenaient sur le seuil.
     Le premier, un géant à barbe rousse en broussaille m'a jeté avec embarras :
     — Monsieur Rol-Pinget ? Euh... excusez-nous de vous déranger si tôt.
     Tôt, neuf heures du matin ? Il est vrai que j'étais en pyjama.
     — Nous ne voulions pas vous rater, vous comprenez ? a ajouté une jeune Asiatique au visage doux et lisse.
     Jeune ? Peut-être pas tant que ça. Vingt, trente ans ? Elle a repris :
     — Nous avions peur que vous ne soyez parti... travailler.
     — Aucun risque. Je suis au chômage depuis un an.
     Je n'avais plus aucune pudeur. J'étais conscient d'être dépressif et provocateur. Mon aveu ne les a pas troublés. Ils ont échangé un sourire plutôt satisfait.
     — Nous avons bien tenté de vous téléphoner, a commencé le barbu. Mais votre portable...
     — Je sais, il est HS. Mon abonnement a été résilié.
     J'étais un naufragé sur une île. Sauf que mon île était un studio parisien et qu'autour de moi la vie continuait ; la mienne, elle, était en panne.
     — Que désirez-vous ?
     — Vous parler, a répondu le barbu.
     — Je m'appelle Lam, a annoncé la jeune femme en me tendant la main. Tran Thi Lam. Je suis biologiste. Et voici Alain Rousset, le docteur Rousset,
     a-t-elle précisé. Nous pouvons entrer, monsieur Rol-Pinget ?
     — Bien sûr ! Excusez-moi.
     Leur amabilité était suspecte. Mes visiteurs examinaient le studio comme s'ils envisageaient de l'acheter. Je les ai invités à s'asseoir.
     — Je vais faire du café. Vous en boirez ?
     — Avec plaisir ! m'a lancé l'Asiatique dans un bon sourire. Auparavant, nous aimerions être certains que vous êtes celui que nous recherchons.
     — Sage précaution. Parce que vous vous trompez d'adresse, j'en ai peur !
     Seul mon propriétaire aurait pu être à mes trousses. Même Aline ne me cherchait plus. R ousset a sorti un calepin de sa poche et l'a parcouru avant
     de me demander :
     — Vous vous appelez Cristobal Rol-Pinget, n'est-ce pas ? Vous êtes bien né à Saint-Denis le...
     — Oui, il y aura dix-neuf ans à la fin du mois. Aucun doute, c'est moi.
     Devant leur mine effarée, j'ai expliqué :
     — S'il existe d'autres Rol-Pinget, aucun d'eux ne se prénomme Cristobal ! Une idée bizarre de mes parents... Je ne peux même plus leur en faire
     le reproche, puisqu'ils sont morts l'an dernier, dans un accident.
     — C'est un prénom original ! a affirmé Rousset.
     — Votre prénom n'est-il pas un hommage à l'un de vos aïeux maternels, le grand explorateur Christophe Colomb ? me demanda la biologiste.
     Pendant une seconde, on n'a plus entendu que le chuchotement de l'eau qui bouillait sur mon petit camping-gaz.
     — Exact. Comment le savez-vous ?
     — Nous savons beaucoup de choses sur vous, a révélé Rousset.
     C'était flatteur mais inquiétant. Mes visiteurs n'étaient pas de la police, je n'avais commis aucun délit. Bon, Alain Rousset était docteur, mais voilà trois ans que je n'avais pas consulté de médecin. Ma forme physique éblouissante était la seule richesse qui me restait. J'ai toujours préféré le sport et le plein air à la géographie et aux exercices de maths.
     — Donc, c'est moi que vous cherchiez ? Pour quelle raison ?
     Rousset s'apprêtait à répondre quand Lam, d'un geste, l'en a dissuadé.
     — Eh bien, voilà... Nous venons vous proposer un emploi.
     — Un emploi ?
     — Le plus simple, a repris Rousset avec impatience, ce serait que nous vous emmenions à l'IERG.
     — L'Institut européen de recherches génétiques, a traduit Lam. C'est là que se trouve le laboratoire où Rousset et moi travaillons.
     — Attendez. Vous faites sûrement erreur. Je n'ai aucun diplôme scientifique. Et je n'y connais rien en génétique.
     — Si vous acceptez de nous suivre, a insisté la biologiste, nous allons tout vous expliquer. Quand nous aurons bu votre café.
     Le docteur Rousset a murmuré dans une grimace :
     — Et... dès que vous serez habillé.
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