Christian Grenier, auteur jeunesse
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Fatal Gaming

( Une enquête de Logicielle )



Editeur : Rageot - Collection : Heure Noire  (2017)
 
 
LE TEXTE COMPLET  ( Fatal Gaming )
 CHAPITRE 1
     « Le groupe informatique 21, qui a racheté GOOGLE l’an dernier, vient de le rebaptiser GO 21 ! »
     — Bien joué, grommela Logicielle en éteignant son smartphone.
     Ainsi, le PDG du groupe 21, Sunsong, gagnait du terrain : après avoir éliminé son rival NCF, Neuronic Computer France, il devenait l’un des hommes les plus puissants de la planète.
     La porte du bureau s’ouvrit et la commissaire apparut.
     — Vous pouvez venir, capitaine ?
     Logicielle suivit sa supérieure en se demandant pourquoi celle-ci s’obstinait à l’appeler par son nouveau grade. Promue récemment capitaine, Logicielle restait lieutenant dans sa tête.
     Sa patronne la précéda en claquant des talons – des talons hauts, des chaussures élégantes, un tailleur de marque...
     Si l’ancien commissaire de sa brigade avait la dégaine de Columbo, Delphine Duchais ( dite «  la Duchesse » ) avait la froide beauté de Nicole Kidman.
     Sans l’inviter à s’asseoir, elle lui tendit un dossier épais auquel était scotché un DVD sous enveloppe.
     — Du travail pour vous. Neuf disparitions suspectes.
     — Ici, à Saint-Denis ?
     — Non. Dans toute la France.
     Logicielle marqua un temps de surprise.
     — C’est une plaisanterie ?
     — Pas du tout. Vous vous souvenez du logiciel que vous avez mis au point le mois dernier ? Celui que le ministère m’a demandé de relier à toutes les brigades du pays, celles de la police comme celles de la gendarmerie ? Comment l’appelez-vous, déjà ?
     — LIENS, Logiciel d’Interaction Événements & Notions Suspectes.
     — Eh bien, il a relevé neuf disparitions liées par quatre points communs. Et il a déclenché une alerte.
     Sa supérieure soupira comme pour lui suggérer : «  Dommage, on était déjà bien débordés ! »
     — Commissaire ? Cette alerte est prématurée ! Rien que dans notre département, deux personnes disparaissent chaque jour. La plupart refont surface en moins de quarante-huit heures.
     — Ici, les disparitions remontent à plus d’un mois. Sept jeunes gens et deux adolescentes. Âgés de 15 à 28 ans.
     — Alors il s’agit sûrement...
     — D’une fugue ?
     — Evidemment !
     Logicielle connaissait les statistiques : à cet âge, on avait mille raisons, non pas de disparaître mais de faire semblant. A la suite d’une dispute ou d’un malentendu. Pour effrayer ses parents ou son petit ami trop jaloux.
     — A en croire les conclusions de LIENS, il s’agirait plutôt d’enlèvements. Lisez.
     Logicielle ouvrit l’épais dossier. Il contenait neuf rapports. De la Gendarmerie, de la DGSI, de brigades de police de communes de toute la France. Et la brève conclusion de son propre logiciel :
     Liens reliant les personnes disparues :
     · Âge : entre 15 et 28 ans
     · Perte ou vol simultané de leur ordinateur portable
     · Addiction probable aux jeux en ligne
     · Manque d’indices justifiant une fugue.
     Elle jeta un coup d’œil sur les dossiers pour vérifier ce dernier point : quand on fugue, on emporte des vêtements. De l’argent. Et un sac à dos. Ici, deux victimes avaient disparu sans leurs lunettes. Plutôt inquiétant...
     Sans cacher son irritation, la Duchesse précisa :
     — Bien entendu, la Direction Générale des Services m’a ordonné de vous envoyer en mission. Elle se moque bien que notre brigade soit déjà en sous-effectif ! Bon, si vous résolvez rapidement le problème de ces disparitions suspectes...
     — ... le bénéfice en rejaillira sur la brigade, acheva perfidement Logicielle, sans ajouter : moins sur moi que sur vous.
     — Vous avez droit à un renfort. Et je crois savoir qui vous choisirez.
     Logicielle s’était mariée avec son adjoint l’été dernier. Elle savait que la commissaire, célibataire, enviait leur couple.
     — Alors autant vous l’ordonner moi-même, décida-t-elle. Prenez Max. Et faites vite. La Gendarmerie et la DGSI enquêtent déjà de leur côté.
     — Je... je vous remercie.
     — Ca va aller, capitaine ? Vous tiendrez le coup ?
     Interloquée, Logicielle bougonna :
     — Bien sûr !
     — J’avais cru comprendre que...
     Etrangement, la Duchesse rougit.
     — ... que vous attendiez un enfant.
     Donc, Max n’avait pas tenu sa langue ! Elle lui avait pourtant recommandé la plus grande discrétion. Si la patronne savait, nul doute que ses collègues étaient déjà tous au courant.
     — C’est exact, commissaire. Mais j’entame à peine mon troisième mois, mon congé maternité attendra !
     La Duchesse ébaucha un sourire ; Logicielle y devina plus d’amertume que de gentillesse. Elle saisit le dossier pour sortit quand sa supérieure la rappela :
     — Je suis désolée... je vous ai laissée debout. Asseyez-vous donc !
     — Mais...
     — Asseyez-vous.
     Là, c’était un ordre. Elle obtempéra.
     — Dites-moi, vous préféreriez un garçon ou une fille ?
     Logicielle s’attendait à tout, sauf à cette question ! De toute évidence, Mme Duchais n’avait pas d’enfant. Et elle le regrettait. Quel âge pouvait-elle avoir ? Quarante, cinquante ans ? Son maquillage efficace n’effaçait pas les plis au coin des lèvres.
     — Je ne me suis même pas posé la question !
     Elle faillit ajouter : et je n’ai pas le choix, je prendrai ce qui viendra ! Mais elle se retint à temps, de peur de choquer la Duchesse. Elle prit conscience que cette naissance, elle avait eu à peine le temps de la désirer. Le bonheur de vivre avec Max lui suffisait largement.
     « Vous êtes comblée et indifférente ! » semblait lui reprocher le regard de sa supérieure. En réalité, Logicielle estimait l’épaisseur du dossier qu’elle avait entre les mains. Une centaine de pages. Trois jours pour dépouiller tout ça. Et la conversation allait dévier vers la couleur de la chambre du futur bébé... Très irritant.
     Par chance, on frappa trois coups à la porte.
     — Entrez ! brailla la commissaire sur un ton qui invitait plutôt le visiteur à rester à l’extérieur.
     Max passa la tête dans l’entrebâillement.
     — Oh ! Désolé de vous déranger.
     — C’est votre femme ou moi que vous vouliez voir ?
     — Euh... je venais surtout chercher du renfort.
     — Pourquoi ? La brigade a été prise d’assaut ?
     — Pas vraiment. Mais un visiteur s’est trouvé mal en faisant sa déposition. On a appelé le SAMU.
     — Une déposition pour un vol ? demanda la commissaire.
     — Non. Son fils n’est pas rentré du lycée hier. Il vient nous signaler sa disparition.
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