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Une commande de Nathan En 1995, j'avais ajouté Nathan à la liste de mes éditeurs, Nathan pour qui j'avais entrepris une saga dans la collection Pleine Lune ( Aïna, La fille des étoiles ) et plusieurs ouvrages dans le domaine des contes pour la collection Contes et légendes. La responsable de la fiction jeunesse, Frédérique Guillard, souhaitait depuis longtemps que je publie également dans la collection Demi-Lune, destinée aux jeunes lecteurs ( 6/8 ans ). Ce créneau d'âge n'est pas ma spécialité. Mon public naturel, si j'ose dire, ce sont plutôt les adolescents. Face à son insistance, je me suis donc décidé à écrire une histoire courte et simple ( mais... comme c'est long, de faire court ! Et comme c'est compliqué, de faire simple ! ).
Un récit qui trouve ses racines près de chez moi... A l'époque, j'avais l'habitude, le soir ( aujourd'hui je l'ai toujours ! ), de me détendre en allant faire une heure de vélo, soit sur les berges de la Dordogne, soit encore dans l'immense « forêt de la Double » dont la portion locale est appelée « la forêt du Landais », sans doute en raison de la présence de nombreux pins. Cette forêt est un enchantement. On y trouve souvent, au détour d'un chemin de terre, un étang. Sans parler des palombières et des biches qui surgissent devant vous sans crier gare. Ce paysage devenu familier a servi de décor à mon récit. L'étang du cygne existe vraiment... même si c'est moi qui l'ai baptisé ainsi. L'idée du « château » est née à l'improviste, le jour où je me suis dit : — Et si, au bord de l'étang, aujourd'hui... je découvrais une maison ? Un château surgi en un jour ! Voilà comment est né le sujet du Château des enfants gris. La suite s'est imposée d'elle-même, au fil de mes promenades à vélo : la découverte inopinée par deux enfants de ce château, l'arrivée à l'école du village de deux autres enfants ( du moins le croit-on au départ ) pas comme les autres. Avec, en guise de conclusion, une explication finale qui lève tous les mystères du récit.
Un album plébiscité A peine publié, en 1996, le récit a été réédité, traduit ( en norvégien, en suédois... ), puis imprimé à plusieurs reprises dans une collection spéciale, par l'éditeur MDI, l'un des départements pédagogiques de Nathan. Une « valise pédagogique » existe depuis plus de dix ans, qui comporte, outre l'ouvrage, un livret dans lequel figurent des questions et des jeux autour de mon histoire ; je n'ai pas participé à sa rédaction, même si leurs auteurs ont tenu à me montrer leur travail préparatoire. J'ai seulement vérifié qu'il n'y avait ni contradiction ni erreur par rapport à mon texte ou à mes intentions. Ce récit a été republié en 2002 puis en 2005, dans la collection Nathan Poche.
Des illustrations originales Comme c'est ( hélas ) souvent le cas, on ne m'a pas tenu au courant de la personne chargée des illustrations. Je les ai découvertes à la sortie du livre. J'ai été très décontenancé... puis très vite charmé. Une illustration ne doit pas commenter ni répéter ce que dit le texte, mais le compléter et lui apporter une autre dimension. Ce doit être une « re-création ». C'était bel et bien le cas ! Ces silhouettes découpées, animées par des attaches parisiennes et photographiées par Emmanuelle Lattion ( elle s'est ensuite mariée... ce qui explique que le nom de l'illustratrice soit devenu Houdart lors de la réédition de l'album ! ) me semblent un travail fort et très original. J'ai fait la connaissance d'Emmanuelle un peu plus tard, quand nous nous sommes rencontrés dans un salon du livre. Je l'ai sincèrement félicitée pour son travail.
Fantastique ? SF ? Les lecteurs ( et les enseignants ! ) sont toujours très soucieux de classer un récit. Dans celui-ci, je voulais privilégier le réalisme. L'histoire se situe donc de nos jours, dans le Périgord, au sein d'un environnement paisible et rural — le mien ! Du coup, l'apparition du château au bord de l'étang a quelque chose d'incongru, de surréaliste. Bref, d'inexplicable. On entre donc dans un univers fantastique... jusqu'à ce que l'explication pseudo-scientifique révèle qu'il s'agit en fait de SF !
Intentions pédagogiques ? Certes, j'avais sans doute des intentions pédagogiques en rédigeant ce récit. Mais ma vie elle-même a quelque chose de pédagogique et c'est chez moi une seconde nature de m'intéresser à tout ce qui peut m'apprendre quelque chose, m'enrichir, tant sur le plan de la connaissance pure que sur celui des rapports humains. Ainsi, la méchanceté de Mic s'explique sans doute par son éducation ( ses parents n'aiment sûrement pas les étrangers ! ), comme s'expliquent la générosité et la saine curiosité d'Orphée, la fille de l'instituteur. Ce n'est pas un hasard si mon héroïne porte un nom mythologique masculin... bien qu'elle soit une fille. On retrouvera la même ambivalence chez Taï et Globodo, dont on ignorera toujours s'il s'agit de garçons ou de filles... cela a-t-il d'ailleurs de l'importance ? Ce choix est délibéré, comme celui du père d'Orphée, qui porte le même nom que le compositeur de l'opéra du même nom ! Orphée, dans la mythologie, perd Eurydice parce qu'il se retourne. Ici, c'est Mic qui perd l'amitié d'Orphée à cause de sa trahison. Quant à Orphée, elle ne perd pas tout à fait ses amis puisque Taï lui fait un cadeau final qui va lui permettre, d'une certaine façon, de rester, en relation avec elle. Certes, il y a dans mon histoire une morale : quand on est ouvert à l'autre, qu'on essaie de le comprendre sans le juger, sans le condamner, on en apprend bien davantage que si on le rejette ! Globodo est peut-être différent ( ce qui ne signifie pas débile ), mais sa présence est indispensable à l'intelligence apparente de Taï. Une symbiose qui, si elle est ici d'ordre théorique ou extraterrestre, n'est pas si exotique puisqu'elle existe fréquemment dans le monde animal !
En guise de conclusion, je propose les réponses à quelques questions que m'ont posées des enfants de CM2 par mail.
Prénom : Dylan 1. Pourquoi vous avez choisi des jumeaux ? Je voulais montrer deux êtres en apparence identiques mais en réalité très différents.
Prénom : Lélio 2. Pourquoi les domestiques sont des robots ? Dans une maison, dans une voiture, dans une entreprise, les tâches répétitives et ordinaires ou rebutantes sont de plus en plus souvent effectuées par des robots : la cuisine, la lessive, le ménage, le trajet... j'en passe ! Dans la société extraterrestre évoluée de mes héros étrangers, ce sont donc uniquement des robots chargés de ces tâches !
3. Pourquoi on ne voit pas la mère d'Orphée ? Parce qu'elle n'est plus là... C'est une famille « monoparentale », comme on dit. Peut-être les parents d'Orphée se sont-ils séparés ? Peut-être la maman d'Orphée est-elle morte ? Je laisse le lecteur libre d'imaginer la raison pour laquelle Orphée vit avec son père, on ne peut pas tout dire dans un roman !
Prénom : Tristan 4. Pourquoi, quand les enfants gris crient devant le château, la porte s'ouvre ? On peut supposer qu'il y a une « commande vocale » : la porte ne s'ouvre que lorsque cette commande automatique identifie la voix de Taï ou de Globodo !
Prénom : Mahé 5. A quoi sert le livre que Taï donne à Orphée avant de partir ? A garder un lien avec son ami(e). Ce n'est pas exactement un livre d'ailleurs. Ni un CD. Ni un DVD. Ni une cassette. C'est un objet technologique évolué, inconnu sur Terre, qui permet de faire apparaître des histoires, des décors, des impressions, sans doute en fonction de l'humeur ou des désirs de celui qui l'a en main.
6. Pourquoi, quand Orphée regarde le livre de Taï, elle ne voit jamais la même chose ? Pour la même raison ! Peut-être puis-je comparer cet objet au disque dur d'un ordinateur qui contient des milliers de fonctions différentes, d'images, de sons. Selon ce que pense Orphée, l'objet décide de matérialiser des choses différentes. C'est un objet ludique, comme une console vidéo. Mais il réserve des surprises à son utilisateur... surtout quand il n'est pas extraterrestre ! Orphée ne parvient pas très bien à comprendre ce qu'elle voit, ce qu'elle entend... forcément : tout cela appartient à une autre civilisation que la sienne !
Prénom : Maxime 7. Pourquoi tu leur as donné comme nom Taï et Globodo ? Je voulais des noms très différents, l'un rappelant la sagesse orientale ( Taï ) et l'autre la fantaisie... un nom un peu ridicule ( Globodo ). Rien ne prouve d'ailleurs que ces noms soient les vrais. Peut-être que ce qui permet d'identifier ces êtres, sur la planète du Cygne, ce n'est pas un nom mais autre chose... une odeur par exemple ( qui sait ? Les oiseaux et certains animaux s'identifient ainsi ! )
8. Est-ce que tu aimes ton métier et pourquoi ? Bien sûr ! J'adore raconter des histoires, je le fais depuis que je sais écrire !
Prénom : Illona 9. Pourquoi ont-ils une peau grise et le sang mauve ? Parce qu'ils ne sont pas terriens, ni même de l'ordre des mammifères. Il fallait donc que je montre ( que je prouve au lecteur ! ) qu'ils venaient d'une autre planète.
Prénom : Kallie 10. Pourquoi avez-vous choisi des enfants gris et pas d'une autre couleur ? Si je les avais imaginés rouges, jaunes ou noirs, on aurait pu les confondre avec des Indiens, des Asiatiques ou des Africains. J'aurais pu les imaginer violets ou marron à pois verts !
11. Avez-vous fait un autre métier ? Oui. J'ai été successivement prof de français, directeur de collection, journaliste et scénariste ( de BD puis de dessins animés ). Mais je vous signale que ces renseignements figurent sur mon site, du côté de ma biographie... et que plein d'autres réponses aux questions que vous me posez sur mon métier figurent dans la rubrique 165 réponses à 165 questions. C'est même pour éviter à avoir à répondre à tous mes lecteurs que j'ai passé des semaines à le faire... en croyant que ce serait une fois pour toutes ! Et si vous alliez y faire un saut ? On trouve cette rubrique sur la page d'accueil !
Prénom : Edouard 12. Pourquoi on ne voit pas les vrais parents de Taï et Globodo dans le livre ? Parce que ce sont des adultes. Leurs parents, ils n'en ont pas besoin pour voyager ! Sans doute sont-ils restés sur leur planète d'origine.
Prénom : Karim 13. A quoi sert le cygne ? A faire rêver. A faire réfléchir. De l'animal à la constellation, il y a un clin d'oeil. C'est peut-être un hasard. Peut-être le cygne est-il là aussi pour livrer le chemin aux extraterrestres ? Ce peut être une sorte de balise, de signal, de repère. Ce n'est pas un hasard si mon récit s'achève sur un point d'interrogation ( le cygne ! ). Cela signifie en effet que le lecteur n'a pas, comme Orphée, les réponses à toutes les questions qu'il se pose. Les scientifiques eux-mêmes n'ont pas toutes les réponses aux énigmes de l'univers : les trous noirs, la masse manquante, le boson de Higgs... j'en passe !
Prénom : Nino 14. Pourquoi Mic et Orphée sont-ils amis ? Ils ne sont pas amis mais camarades de classe. Cependant ils empruntent chaque jour le même trajet, cela crée des liens, de gré ou de force. Et puis Orphée est peut-être un peu fascinée ou intriguée par le caractère de Mic, provocateur, et très différent du sien !
15. Pourquoi le maître est-il le père d'Orphée ? Pour moi, c'était plus pratique : cela permettait à Orphée ( et au lecteur ) d'avoir certaines réponses. M. Gluck connaît beaucoup de choses ! Et puis cela me permettait aussi de montrer ce qui se passait en classe... et d'avoir la version familiale des faits, le soir !
16. Pourquoi avez-vous choisi le cygne et sa constellation ? J'aurais pu choisir la grande Ourse ou le Serpent, c'est vrai. Mais le Cygne m'a paru plus poétique. Et puis le système solaire de 61 du Cygne existe vraiment, il n'est pas si éloigné du nôtre, les astronomes pensent que la vie a pu s'y développer, réellement !
17. Pourquoi, quand ils sont séparés, Taï n'arrive plusà réfléchir ? Parce que les jumeaux ont besoin d'être ensemble pour comprendre et décoder le monde. Comme un ordinateur et un écran. Si l'on a l'un sans l'autre, on ne peut rien faire ! Bien sûr, c'est une métaphore : seul, on ne peut rien faire ! Il faut l'appui, l'aide des parents d'abord, des enseignants ensuite, des autres enfin. Seul, on est nu, démuni. On ne peut acquérir le langage, la connaissance et devenir indépendant que grâce aux autres.
Prénom : Marina 18. Pourquoi avoir choisi ce type d'illustration ? Je n'ai rien choisi. J'ai découvert les illustrations quand le livre est sorti en librairie. C'est par la suite ( et par hasard ! ) que j'ai fait la connaissance d'Emmanuelle, chez l'éditeur !
19. Pourquoi est-ce Orphée le personnage principal ? Parce que c'est la seule qui ait l'âge et le caractère du lecteur. Ce récit court s'adresse plutôt à des enfants. Certes, Mic a le même âge... mais je voulais un héros plutôt sympathique, et ce n'est pas le cas de Mic !
Prénom : Reda 20.Est-ce que c'est votre histoire préférée ? Je n'ai jamais d'histoire préférée... si : celle que je suis en train d'écrire, qui sera la meilleure de toutes !
Prénom : Ivana 21. Comment as-tu trouvé l'idée que les enfants viennent d'une étoile ? Il fallait qu'ils viennent d'ailleurs. Leur monde d'origine ne pouvait pas être l'une des planètes de notre système solaire, elles sont inhabitables. Ils viennent donc, non pas d'une étoile, mais d'une des planètes qui tournent autour de l'étoile 61 du Cygne, le Cygne étant un ensemble d'étoiles, une constellation visible dans notre ciel.
Prénom : Axelle 22.Pourquoi Taï a-t-il donné un livre à Orphée ? Une fois encore, pour créer un lien. C'est un cadeau en guise de souvenir. Et qui sait si un jour, en grandissant, Orphée ne sera pas capable de décoder ce que livre ce mystérieux objet ? Qui sait même si elle ne pourra pas, grâce à lui, se matérialiser pour de vrai sur le monde de Taï et de Globodo ?
Prénom : Melvin 23.Pourquoi Taï et Globodo ne sont-ils jamais méchants ? Ils viennent d'un monde très évolué, dans lequel j'imagine qu'il n'y a plus de guerres, de conflits, d'injustices !
Prénom : LUCIE 24.Pourquoi avoir mis le livre (offert par Taï) dans l'histoire ? Voir ce que j'ai répondu à Axelle ! Je voulais clore mon récit par un mystère... quelque chose qui intrigue le lecteur, le fasse réfléchir ou rêver. Euh... je vois que j'ai réussi !
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