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Une commande... A l'origine, ce texte est une commande de Nathan. A l'époque ( 1998 ou 1999 ), Elisabeth Sebaoun, la responsable des collections Mégascope et Superscope, souhaitait que je lui fournisse de toute urgence un texte de quelques pages sur le thème du prochain volume : le temps.
Une obsession... Cela tombait bien. Je suis en effet obsédé par le temps qui passe depuis mon plus jeune âge. Ceux qui connaissent déjà certains de mes ouvrages, des Cascadeurs du Temps à Un amour d'éternité, le savent bien ! Mais là, il s'agissait d'un récit destiné aux cadets, les 7/9 ans. Je ne voulais pas retomber dans les pièges de la SF, qui effraie les prescripteurs et qui, c'est vrai, est difficile à aborder par les lecteurs les plus jeunes.
La réutilisation d'un vieux texte... Le thème du temps, je l'avais déjà traité dans un récit inclassable, non publié et d'ailleurs à mes yeux impubliables : Le tyran, le luthier et le temps. Proposer ce récit à Elisabeth Sébaoun était impossible : il était trop long ( 25 pages ) et son écriture, à la fois complexe et poétique, n'aurait pas du tout convenu au public concerné. Superscope est en effet une collection où tout est très « ciblé ». ( A noter que Le Tyran, le luthier et le temps a été trois ans plus tard publié par l'Atelier du Poisson Soluble... on verra dans quelles circonstances en se reportant à la rubrique pour en savoir plus de l'ouvrage en question ) Cependant, comme je restais attaché à l'idée générale de ce vieux récit, je décidai de le reprendre, en réécrivant une autre histoire — nettement plus courte, dans un registre résolument fantastique, avec un décor contemporain et un héros de l'âge du lecteur. Ainsi est né Le métronome magique, dont on notera certaines parentés avec Le Tyran... même si l'histoire est très différente. Mais il reste le métronome, bien sûr !
Une écriture longue et difficile Face à mes réticences et à l'urgence de ses commandes, Elisabeth Sébaoun avait l'habitude de me rétorquer : — Ce n'est pas la mer à boire, ce que je vous demande, Christian : un texte simple et court ! A cet argument, je répondais : — Si vous saviez, Babeth, comme c'est compliqué, de faire simple, et comme c'est long, de faire court ! Rédiger ce petit récit m'a en effet occupé de nombreux jours. Une semaine, peut-être deux, l'essentiel du travail ne consistant pas à écrire mais à réduire et à simplifier : l'action, les dialogues, les descriptions... J'étais gêné notamment par l'ambition de ce récit qui, si on le lit bien, couvre toute une vie ! Car Paul devient un vieillard. Il me fallait aussi rédiger avec un souci extrême de la concision. Ce fut un énorme travail de dégraissage, chaque mot devant être à sa place. Ici, le superflu était interdit. Et je devais appliquer mon axiome : provoquer le maximum d'effet et d'émotion avec le minimum de moyens.
Un récit qui se mord la queue Bien sûr, avant d'écrire le premier mot de cette histoire, je savais parfaitement où j'allais. Je savais que Paul vivrait trop vite et que devenu vieux, il finirait par vouloir vendre ce métronome... ou l'échanger. Je savais qu'il louerait la boutique du précédent vieux marchand et vendrait l'objet au cours d'une scène quasi identique à celle du début. Ce qui donnerait à l'histoire l'aspect d'un conte. Mais je ne voulais pas que le nouvel acquéreur soit un garçon, sinon le lecteur aurait pu croire qu'il s'agissait de Paul plus jeune. Et puis je désirais montrer que cette métaphore sur le temps qui passe ( trop vite, et qu'on gâche, en pressant le mouvement ! ) touchait quelqu'un d'autre. Face au temps, nous sommes tous semblables.
Le sens de cette histoire ? Les critiques concernant ce récit ont été très élogieuses, certaines évoquaient un univers digne de Boris Vian ! En fait, la morale du récit est très simple, et identique à celle du Conte de la bobine que j'ai imaginé dans ma saga La Fille des étoiles ( Lire notamment le volume 4, Kaha supermaki ! ) : on est toujours trop pressé, il faut goûter chaque instant comme si c'était le dernier. Cela dit, le savoir n'empêche ni l'auteur, ni le lecteur, de tomber dans le même travers. Les enfants veulent devenir grands et les adultes souhaitent souvent brûler les étapes : prochaines vacances, nouvelles responsabilités, retraite... C'est à l'âge mûr ou à la vieillesse que surgit tout à coup le désir de ralentir le temps... voire de le faire défiler à l'envers. Ou que mûrissent les regrets de ne pas avoir dépensé ce temps passé comme on l'aurait souhaité.
Un univers familier ! L'univers de la brocante m'est familier. On le retrouvera justement dans Kaha Supermaki mais aussi dans d'autres récits comme Un amour de violoncelle. Quant à celui de la musique... n'en parlons pas. Aussi, le choix du métronome comme objet central et magique s'explique aisément. Peut-être ai-je en effet inconsciemment envie de faire comme Paul : accélérer, ralentir ou arrêter le temps. Avec une préférence pour le second choix, puisque tout retour en arrière ( et là, on est dans le thème de l'uchronie que j'ai traité en SF ) est hélas impossible !
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