Une fois de plus, il fallut baliser les alentours de l'astronef. La tâche fut effrayante et pénible : sans cesse, autour d'eux, jaillissaient à l'improviste de longs geysers de fumées. C'est au moment où, épuisés, ils s'apprêtaient à revenir au Cargo que Tom hurla en désignant une gueule obscure, à dix mètres :
— Lucie, regarde ! Est-ce que ce serait ça ?
Ca l'était : un orifice de cinq bons mètres de diamètre, parfaitement circulaire et qui s'enfonçait en pente douce mais rectiligne au cœur du noyau...
— Bon sang, murmura-t-elle, impressionnée par la taille du tunnel.
On n'en devinait pas la fin. Ils stationnèrent longtemps, indécis, face à l'entrée. Lucie passa sa main gantée sur les bords, étrangement striés.
— Ce goulet est vitrifié, affirma Tom. Comme s'il avait été soumis à une chaleur intense. Sais-tu ce que cela évoque ?
Oui : Lucie pensait au goulet d'un canon. Et même, de façon absurde, à celui que les membres du Gun Club avaient creusé pour faire partir leur obus, dans le roman de Jules Verne De la terre à la Lune.
— Nous sommes épuisés, plaida-t-elle. Rentrer serait plus sage.
— Moi, j'y vais.
Tom déclencha le mini-projecteur de son casque et, d'une poussée du pied, s'élança dans le conduit. Sa progression était aisée : quand il heurtait la paroi, il s'en servait comme appui pour avancer plus vite. Dans ce tube, aucun risque d'échapper à l'attraction de la comète. Et puis un filin les retenait toujours au Cargo. Fébrile, Lucie s'élança à la suite de Tom...
Quelle distance parcoururent-ils ainsi, sans échanger un mot pour économiser leur souffle ? Peut-être deux kilomètres. A présent, l'obscurité était totale et le silence étouffant. D'un coup, ils débouchèrent dans une caverne immense et irrégulière creusée au cœur du noyau. Lucie examina les parois, diagnostiqua :
— Aucun doute, c'est la chambre de combustion...
C'était si fou qu'elle n'en dit pas davantage : des engins spatiaux avaient emprunté ce goulet autrefois... mais quand ?
— Là ! cria Tom. Un couloir ! Et une rampe.
Cette fois, ils avaient affaire à un lieu civilisé. Conçu pour être habité.
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