Mouche !
(Une enquête de Logicielle)

          Il faisait chaud. Très chaud même, sur cette départementale ombragée qui traversait la forêt de la Double. Logicielle, qui transpirait sous son casque, hurla soudain au conducteur :

          — Non, Max, à gauche ! Vers Le Bugue !

          La moto s'engagea sur une route étroite. Elle n'alla pas loin ; Maxime s'arrêta sur le bas-côté et jeta à sa passagère :

          — Tu voulais passer chez Germain, il habite près de Bergerac ?

          — Oui. Mais il campe au mois d'août dans son cabanon de luxe.

          — Ce manoir lugubre, isolé sur une île de la Dordogne, où nous avons vécu un si méchant Noël, l'an dernier ? c'est là que tu voudrais que nous passions le week-end ?

          — Ecoute Max, nous sommes samedi et il est six heures du soir. Nous repartons lundi à l'aube pour le Portugal. C'est trop te demander, de consacrer un dimanche à un ami ?

          Logicielle avait accepté de partir un mois à Lisbonne avec son adjoint. Elle avait négocié cette étape chez le commissaire Germain qui avait été son mentor puis son partenaire.

          — Un ami ? Ton ami ! rectifia Max en remettant le moteur en route. A mes yeux, cette journée a un goût d'heures supplémentaires...

          Peu à peu, la forêt fit place à un paysage accidenté. Le sommet de chaque colline abritait un château ou une propriété. Ils empruntèrent bientôt une série de chemins déserts. Ils parvinrent en bord de rivière, où se dressait une haute maison en pierre.

          — On est moins isolé sur la Lune ! bougonna Max en rangeant sa combinaison de cuir dans la sacoche. Ici, même les portables ne passent pas, et il faut s'éclairer à la bougie !

          — Il y a l'eau courante, nota Logicielle en désignant la Dordogne toute proche.

          Germain vint leur ouvrir. Malgré sa tenue légère, short et maillot de corps, il était en sueur. Il s'étonna :

          — Et vous avez roulé sur six cents kilomètres avec cette chaleur ?