Mon premier roman historique La dame de Privas paru en 1989 chez un éditeur régional ( vendu à 7 000 exemplaires ) était destiné aux adultes. Mais c'est le second, Le Minus, qui a fait de moi un auteur jeunesse. En effet, les éditeurs pour adultes qui ont eu la gentillesse de m'envoyer une lettre de refus motivée m'ont assuré que c'était un roman pour les enfants... mais les huit éditeurs jeunesse à qui je l'ai envoyé m'ont répondu que c'était un roman pour les adultes... avant qu'il ne soit publié chez Milan ( comme quoi la frontière entre la littérature adulte et la littérature jeunesse est bien floue ). Est-ce que Marcel Pagnol a écrit La gloire de mon père pour les enfants ? Est-ce qu'Alphonse Daudet a écrit Les lettres de mon moulin pour les enfants ? La liste serait longue... mais cela dépend aussi un peu de la modestie de l'auteur. Accepte-t-il d'être dans la sous-catégorie des écrivains jeunesse ? J'ai rencontrée dans un salon adulte et jeunesse M.R.. Et comme je la félicitais pour son livre sur ses souvenirs d'enfance, en lui assurant que les jeunes d'aujourd'hui seraient heureux de découvrir comment les petites filles vivaient autrefois, elle m'a répondu assez scandalisée : « Je n'écris pas de la littérature jeunesse ! »
Moi, si et je me régale.
Mais pour faire court : au début cela a été le hasard. Maintenant c'est tout simplement parce que j'ai trouvé ma voie. J'aime écrire pour les enfants parce que je les aime. Les idées qui me viennent sont pour eux et il ne se passe pas une semaine san que je m'exclame à propose de tout et de rien : « Tiens, ça pourrait faire une bonne histoire ! »
Plus égoïstement aussi, c'est le seul moyen que j'ai trouvé pour ne pas vieillir. J'explique. Chaque fois que j'écris un roman jeunesse, je me mets dans la peau d'un héros qui a entre 7 et 16 ans et j'ai ainsi l'impression de revivre des enfances.