L'amour, la rencontre amoureuse, la peur et l'attirance envers l'autre... ne sont pas des thèmes spécifiquement jeunesse, c'est sans doute la façon de les traiter, l'âge des personnages qui font la différence, quoiqu'un roman jeunesse pourrait ( dans l'abstrait ) ne pas compter de personnages de l'âge des lecteurs... J'évite en jeunesse les phrases longues dont j'aime pourtant le mouvement sinueux mais difficile à suivre par des lecteurs qu'une longue pratique n'a pas encore aguerri. Il s'agit aussi de maintenir l'intérêt du lecteur par un certain suspens, une tension narrative et j'avoue avoir quelque difficulté parfois à me soumettre à cette contrainte. Mais je crois qu'en jeunesse comme en poésie, il faut privilégier une langue directe et joyeuse, efficace, qui ne dissèque ni n'analyse ce dont elle parle, une langue parlée, modulée entre les niveaux familiers et relevés, entre dialogue et narration, une langue riche et vive. Pas question de se réduire à un vocabulaire limité, un livre est une occasion de rencontrer des mots nouveaux, des amis nouveaux, il faut seulement s'arranger pour faire les présentations à l'intérieur même du texte. ( J'aime les dictionnaires, mais je n'aime pas les livres qu'il faut lire avec un dictionnaire à la main. )
A partir d'une douzaine d'années, un bon lecteur est susceptible de s'intéresser à l'ensemble de la littérature, pour les plus jeunes, les moins expérimentés, le texte se montrera plus aéré, pas trop long, il offrira des repères clairs, aidera l'enfant à mieux connaître le monde sans le mettre devant des problématiques, des responsabilités, des angoisses qui ne sont pas les siennes mais les nôtres. L'enfance est un monde immense, auquel la peur, la colère et tous les sentiments terribles qui nous dévastent ne sont pas étrangers. Les livres peuvent et doivent les aider à les surmonter, par déplacements, identifications, et partages. Il faut rendre ces mouvements possibles... mais je me suis éloignée du sujet !