Le facteur m'apporte une lettre à l'en-tête d'un prestigieux éditeur parisien ( la précision est importante encore pour qui vit en province ). Une directrice de collection ayant lu l'un de mes textes dans une revue me propose de participer au lancement de la première collection de poche pour enfants. Elle me commande un roman.
Voilà qui va risquer de faire rêver beaucoup de jeunes écrivains !
C'est pourtant ce qui m'est arrivé il y a près de 25 ans.
J'étais alors un jeune pompiste, veilleur de nuit, auteur de théâtre. J'avais la chance d'être édité et joué dans des théâtres nationaux ou par de jeunes troupes talentueuses. Un critique d'un journal important avait même écrit d'une de mes pièces qu'elle était une des oeuvres les plus importantes de l'après-guerre. Si ! Si, si ! Tout ça pour dire combien je me suis senti... vexé — oui, c'est vraiment le mot — quand un metteur en scène est venu me demander d'écrire une pièce pour les enfants.
J'ai refusé.
Un deuxième metteur en scène m'a adressé la même demande.
J'ai encore refusé.
Puis un troisième.
De guerre lasse, j'ai donc fini par m'exécuter.
Comme mon enfance était loin, j'ai voulu la faire écrire par ma fille de dix ans et ses amies. Déjà les ateliers d'écriture... mais je dormais le jour, ce n'était donc pas pratique.
J'ai donc recyclé un conte inventé pour mes enfants et la pièce est née.
Pour les besoins du programme, j'ai écrit un petit texte, une sorte de manifeste personnel sur l'écriture pour enfants.
Par une série de hasards et de coïncidences, ce texte a été publié dans une revue de théâtre où il a été lu par la directrice littéraire... voir le début du texte... etc.