Parlons plutôt du livre pour la jeunesse idéal : c'est une oeuvre que chacun s'accorde à ranger sans restriction dans la littérature. Son auteur n'a pas nécessairement voulu s'adresser aux seuls enfants ( encore que... pourquoi pas ? ) mais il s'est exprimé avec assez de limpidité pour être compris d'eux tout en leur ouvrant une porte séduisante sur l'imaginaire.
C'est sans doute l'importance accordée à l'imaginaire, la primauté de l'idée ( comme dans toutes les littératures de genre ) qui distingue d'abord le texte jeunesse. Tous les thèmes ou presque y ont été abordés, nous semble-t-il, et pas plus que le vocabulaire, ils ne suffisent à définir une frontière claire avec l'univers « adulte » ( d'ailleurs, la richesse du vocabulaire n'est pas, en soi, gage de qualité en littérature générale ). Mais à l'évidence, le souci de rester à la portée du jeune lecteur impose sa loi — à portée de sa compréhension, de sa sensibilité... Enfin, à ce propos, une vertu nous paraît fondamentale : la responsabilité. Une notion qui semblerait incongrue pour juger un texte de littérature générale, non ? L'auteur jeunesse parle de tout ce qu'il veut, comme il lui plaît... pourvu que ce soit avec des pincettes, en créateur responsable. S'il lui prenait la fantaisie de l'irresponsabilité, l'éditeur le serait à sa place, responsable.