Christian Grenier, auteur jeunesse
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REPONSES AU QUESTIONNAIRE
des auteurs dont le texte ne figure pas dans l’essai "Je suis un auteur jeunesse"

Jacqueline HELD
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Ombre et lumières ( poèmes, L’Ecole des Loisirs )

     J'ai toujours adoré écrire. J'ai commencé en classe de Seconde, me faisant l'historiographe de la classe, en racontant sous forme de pastiches des classiques, les événements du lycée, nos démêlés avec les profs, etc. Beaucoup de poèmes sérieux et secrets entre 15 et 18 ans ! Aucune intention consciente d'être écrivain ; aucun écrivain dans mon environnement. J'étais pupille de la nation et boursière et je savais très bien que je devais avoir un métier sérieux !
     Ensuite, fac, préparation des concours : pas le temps de « glander »... et l'écriture passe à l'arrière-plan. Devenue prof, je rencontre Claude. Naissance de Luc ( 1962 ) et Pascale ( 1963 ). En 1965, ma mère meurt d'une leucémie. Naissance la même année de Véronique ; et pendant ce troisième congé de maternité, je me remets à écrire, écrire, écrire... D'abord des contes. Sans savoir pour qui. Les éditeurs m'apprennent que ces textes « s'adressent à des enfants ». Pourquoi ?
     Quelques tentatives d'introspection : jusqu'à ce que j'aie sept ans, ma mère me lisait le soir des contes à haute voix. J'ai d'abord cru que le choc de sa mort m'avait poussée à retrouver et à recréer ma propre enfance, les jouets et les jeux de mes propres enfants me servant de tremplin. Une façon de nier la mort, en somme. Claude, de son côté, à la même époque, écrivait un ensemble de poèmes appelés Le cheval bleu qu'il croyait pour adultes. Mais il s'est aperçu ensuite qu'ils s'adressaient en fait aux enfants.
     Pour en revenir à mon parcours personnel, j'avais vécu mon enfance dans une atmosphère d'hypocrisie sociale et familiale où l'on m'avait fait idéaliser ma mère... Il a fallu que j'arrive à plus de soixante ans pour que des révélations familiales fortuites me fassent redécouvrir ( il y avait eu aussi un black out de l'inconscient ) qu'entre 7 et 15 ans, j'avais vécu dans une solitude psychologique totale et à peu près sans dialogue avec personne ! Vers quinze ans, j'ai pu m'appuyer d'abord sur une de mes profs de Lettres, ensuite sur ma prof de philo, devenue un peu ma mère spirituelle... Je pense qu'à sept ans, je suis « entrée dans les livres » pour oublier ma vie et survivre, pour vivre d'autres vies par procuration : une évasion totale, en somme, qui a sûrement été ma seule façon possible de résister et de survivre.
     Qu'en conclure ? Au moins deux hypothèses qui ne sont d'ailleurs pas contradictoires :
     * Je suis devenue écrivain pour vivre par l'écriture une enfance et une préadolescence que je n'avais pas eues.
     * Les livres ayant été ma seule planche de salut, peut-être à un certain niveau ai-je voulu inconsciemment rendre à des enfants d'aujourd'hui ce que certains auteurs avaient fait pour moi dans mon enfance...



Ton chat t’écoute ( Le Dé Bleu, Le farfadet bleu )

     A ta deuxième question, j'ai toujours eu beaucoup de mal à répondre ! Pour plusieurs raisons : je déteste les gens qui « se penchent sur les enfants », que ce soit pour leur délivrer un message moral gentil-mignon ou des connaissances enrobées de confiture. Quant aux difficultés intellectuelles, c'est un problème de dosage : l'enfant peut en surmonter beaucoup s'il est suffisamment motivé. Je le considère comme un partenaire à égalité qui m'apporte à sa manière autant que je lui apporte.
     Je suis entrée dans une phase où la poésie constitue facilement les 8/10èmes de ce que j'écris. Tantôt « pour enfants ». Tantôt pour adultes. Il m'est arrivé parfois ( c'est un peu une boutade, mais pas tout à fait ) de dire : « sans le faire exprès, j'écris pour les enfnats quand je suis gaie, pour adultes quand je suis triste ». Peut-être qu'en un sens, j'ai envie de donner de la joie aux enfants : ils auront tellement le temps par ailleurs de découvrir le mal, la méchanceté, tellement le temps de toute façon de souffrir !



     Orpheline de père, Jacqueline Held vit en Limousin son enfance. Très tôt elle écrit des contes et des poèmes. Son premier roman, Le chat de Simulonbula reçoit le grand prix de littérature de jeunesse. Suit une importante production récompensée par diverses distinctions. Elle écrit également des recueils de poèmes pour adultes, parfois en collaboration de son mari, Claude Held.

     ( source Ricochet )

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Dernière mise à jour du site le 12 octobre 2021
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