Elève très moyen en français, et lecteur peut-être encore plus médiocre ( bien qu'ayant toujours aimé jouer avec les mots ), j'étais persuadé ne pas être un littéraire et je n'avais absolument pas la vocation. Je suis devenu auteur jeunesse tout à fait par hasard. D'abord, parce que, à l'âge de 24 ans, un organisateur m'a demandé d'aller chercher un écrivain à la gare de Blois et de l'accompagner dans une classe. J'ai découvert la dimension humaine du livre à cette occasion . Et l'écrivain en question, Christian, c'était toi. Cette rencontre n'a pas été le déclencheur mais elle a fait sauter le verrou qui m'amenait jusqu'alors à croire que l'écriture était réservée à une élite ( au sens péjoratif du terme ), à des gens naturellement « doués » dont je me trouvais à mille lieues.
L'idée d'écrire m'est venue trois ans plus tard suite à une boutade lancée par une amie institutrice à la cantine de mon école. J'ai voulu connaître un éditeur susceptible de publier un texte écrit par mes élèves. Ecrire moi-même m'a semblé le seul chemin possible pour y parvenir ; mais je me souviens très bien de ce soir de novembre 1979 où je me suis installé à ma table de travail. Je pensais alors être prétentieux et je me disais que je n'y arriverais jamais ( se lancer sur le même chemin que Christian Grenier, c'est impressionnant ! ). Je me suis ensuite pris au jeu ; j'ai découvert le plaisir d'écrire, de raconter des histoires ( même si je n'écris jamais facilement ) et j'ai souhaité en faire mon métier.
Ecrire pour la jeunesse a été, pour moi, aussi naturel que m'adresser à mes élèves ; et je crois que devant ma première feuille, j'avais le même trac que devant ma première classe.