Certains auteurs prétendent qu'il n'existe pas une écriture spécifique pour la jeunesse, qu'ils écrivent de la même façon quel que soit le public auquel ils s'adressent. Il n'en va pas de même pour moi. Je ne suis pas dans le même état d'esprit quand j'écris pour les enfants. Je simplifie. Je limite mon vocabulaire, ce qui ne m'empêche pas, parfois, d'utiliser des mots qui n'appartiennent pas au langage courant. Je circonscris la sexualité aux sentiments et aux baisers, même si je conçois des histoires d'amour avec des personnages très jeunes. En fait, le mot simplifier n'est pas tout à fait correct. Car simplifier semble indiquer un appauvrissement, ce qui n'est pas le cas à mon avis. J'adapte mon écriture et mon imaginaire. Il ne s'agit pas de concocter une bouillie qui sera ingurgitable par tous, loin de là. Il s'agit de se mettre à la portée de tous, tout en sachant que :
* tout le monde ne se jettera pas sur mes textes.
* ceux qui se jetteront dessus ne les apprécieront peut-être pas.
Mais c'est tant pis et c'est bien comme ça. L'écriture pour la jeunesse comporte des contraintes, quoi qu'en disent certains ; et ces contraintes, loin d'être des freins, sont parfois des moteurs, des défis à relever. Ecrire pour la jeunesse, c'est aussi jouer avec les mots et avec les règles spécifiques au genre ( collections très typées qui induisent des longueurs de texte, parfois des thématiques et des tranches d'âge précises ).
Je m'accorde la liberté de n'écrire que ce que j'ai envie d'écrire, cela signifie que parfois je ne joue pas le jeu, je ne respecte pas les contraintes, je prends le risque de ne pas être publié, j'écris en-dehors des clous.
Mais c'est ma liberté.