Je pense qu'on ne devient pas « auteur jeunesse », sinon par artifice, travail, et certains y parviennent. On est « auteur jeunesse » parce qu'on n'a pas « guéri de son enfance », comme dit le poète, et qu'on est resté de plain-pied avec les jeunes grâce à sa propre personnalité. Il n'est pas bon, j'imagine, de tricher, de fabriquer des livres « à la portée des jeunes ». Il faut écrire naturellement. Il se trouve que ce que j'écris semble convenir particulièrement à des jeunes du niveau collège, que ces textes correspondent à leur niveau moyen de développement. Je n'y peux pas grand chose, c'est ainsi.
En gros, jusqu'aux années entourant 1968 ( je ne cite pas innocemment cette année-là ), la littérature jeunesse était, sauf exception heureuse, en quelque sorte muselée. On pensait que tout n'était pas à dire aux enfants, aux jeunes ; dans le domaine du roman historique, certaines périodes étaient tabou, les faits autorisés devaient être présentés d'une certaine façon, dans une stricte neutralité, sans violence, etc..
C'est pour une bonne part parce que les verrous ont sauté que la littérature de jeunesse a fait tant de progrès en France depuis 20-30 ans.