Christian Grenier, auteur jeunesse
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REPONSES AU QUESTIONNAIRE
des auteurs dont le texte ne figure pas dans l’essai "Je suis un auteur jeunesse"

Joëlle WINTREBERT
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La colonie perdue ( Le Seuil Jeunesse )

     La vocation, c'était l'écriture. Qu'on écrive pour la jeunesse ou pour les adultes, pour moi, ce n'était pas fondamentalement différent. D'ailleurs, lectrice boulimique de tout ce qui me tombait sous la main, je différenciais mal les deux littératures ( si tant est qu'elles doivent être différenciées ) ; mais au départ, j'écrivais pour les adultes, et l'idée d'écrire pour les plus jeunes ne m'avait pas effleurée. Quand j'ai été contactée par Jean-Hugues Malineau ( il travaillait alors pour la collection L'Ami de Poche, chez Casterman ) qui m'avait lu en poche adulte et me proposait d'écrire pour sa collection, j'ai refusé dans un premier temps. J'avais une prévention. L'idée que ce ne serait pas dans mes cordes.
     Jeran-Hugues revenant à la charge, j'ai réfléchi. Après tout, quand j'avais douze-treize ans, je lisais déjà des livres d'adultes. On devait donc pouvoir écrire pour les adolescents avec à peu près la même liberté que pour les adultes quant au vocabulaire, au style, aux thèmes, ou même à la construction de l'ouvrage. J'ai lu le livre de Bettelheim sur les contes de fées, histoire de me rassurer, et je me suis lancée dans une histoire de gladiateurs enfants tout à fait horrible.
     Voilà comment est né mon roman Nunatak ( qui a été réédité sous le titre Les gladiateurs de Thulé ). Ensuite, il y a eu un effet boule de neige, les éditrices de Je Bouquine ont bien aimé ce livre et m'ont proposé d'écrire pour elles. L'expérience de Kidnapping en télétrans m'a montré que je pouvais même arriver à écrire pour des enfants plus jeunes, à condition de surveiller ma tendance naturelle au vocabulaire exotique ( pour des enfants ! ) et à contrôler mes poussées de violence.



L’océanide ( Livre de poche Jeunesse )

     Ce qui caractérise mes textes jeunesse, c'est l'optimisme. Je suis souvent très noire dans mes romans pour adultes et je me suis toujours efforcée de mettre en scène mes peurs d'une façon plus positive quand j'écrivais pour les jeunes. C'est un plaisir très rafraîchissant.
     Maintenant, s'il faut vraiment que je réponde de façon plus généraliste, j'ai remarqué comme tout le monde que la littérature jeunesse la plus récente s'est largement affranchie du « happy end ». A mon ( humble ) avis, ce qui devrait caractériser un texte jeunesse aujourd'hui, ce serait sa facilité de lecture, dans le bon sens du terme. Une histoire confuse, obscure, compliquée dans sa structure peut se révéler magiquement littéraire, mais la plupart des jeunes en décrocheront à coup sûr et sa place se trouve sans doute en littérature adulte.
     Personnellement, je trouve plus difficile d'écrire pour les plus jeunes que pour les grands ados ou les adultes. D'une part parce que les enfants sont des lecteurs impitoyables, qui détectent la moindre faille, facilité ou ficelle, mais surtout à cause des mots. Ces magnifiques mots qui font naître la poésie, l'émotion, le suspense et même la réflexion, il faut quand on écrit pour les enfants de moins de douze ans les choisir et les agencer avec plus de simplicité, et obtenir pourtant la même puissance évocatrice. Pas facile ! Il y faut une disponibilité d'esprit particulière. Ce qui doit expliquer pourquoi depuis quatre ans, je n'ai écrit que pour les adultes !



     Auteur, critique, anthologiste, scénariste : il est difficile de faire entrer Joëlle Wintrebert dans une seule boîte, tant elle a touché avec talent à de multiples domaines. Après des études supérieures de Lettres et de Cinéma, elle se tourne d'abord vers l'audio-visuel. Puis le journalisme l'accapare et elle devient, entre autres, rédactrice en chef de la revue Horizons du Fantastique en 1975. En 1980 elle publie son premier roman Les Olympiades truquées (réédition prévue en janvier 2001 chez J'Ai Lu) et obtient le prix Rosny Aîné pour sa nouvelle La Créode.
     L'année suivante, elle décide de se consacrer à l'écriture. Elle alterne romans de SF pour adultes (Les Maîtres-feux, 1983, Chromoville, 1984, Le Créateur chimérique, Grand Prix de la SF Française 1989, tous trois chez J'Ai Lu) et pour la jeunesse (L'Océanide, 1992, réédité en Castor Poche, Les Ouraniens de brume, Pleine Lune Nathan, 1996), mais écrit aussi des romans historiques pour la jeunesse (Comme un feu de sarments, réédité en 1998 au Livre de Poche Jeunesse sous le titre Le Vin de la colère, Les Diables blancs, Gallimard, 1993, La Colonie perdue, Seuil, 1998) et un polar scientifique sur les OGM pour la série Quark noir (Lentement s'empoisonnent, Flammarion, 1999).
     Suite à son passage comme anthologiste de la revue-livre Univers, l'écrivain Roland Wagner lui a affectueusement décerné le titre de Miss Univers, une distinction qu'elle a accueilli avec un éclat de rire ensoleillé, le soleil de la région de Montpellier où elle réside désormais.

     ( Source Autres Mondes )

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Dernière mise à jour du site le 12 octobre 2021
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