A huit ans, j'écris des bouts rimés que je dissimule sous l'aquarium de la classe. A quatorze, je versifie mes dissertations, quel qu'en soit le sujet. A vingt-cinq, c'est la sortie du premier recueil, Le fiel, des poèmes véhéments stigmatisant le racisme et l'intolérance. Un de mes élèves, onze ans, me demande alors pourquoi j'écris pour les parents et pas pour les enfants. Dès le lendemain, je relève le défi... En 1960 paraît La mare aux fées et je me mue en auteur de littérature de jeunesse à une époque où ce phénomène, aujourd'hui rayonnant, était encore, en Belgique, à l'état embryonnaire et hautement dédaigné par l'intelligentsia ou prétendue telle.
Par plaisir vrai, j'ai gardé le cap. Je suis à présent un fossile qui se régénère au-delà des modes et des sables mouvants.