Roi de la provoc', spécialiste de l'anti-héros, Mark Millar ( The Authority, Wanted) nous présente ici un super-vilain baptisé Nemesis déterminé à mettre hors circuit les meilleurs flics du monde. Tout comme dans Wanted, c'est donc le point de vue d'un criminel qu'il adopte pour développer un propos subversif. Oui, mais voilà : quel est donc son propos ?
À vouloir aller toujours plus loin, l'auteur finit par verser dans la violence gratuite — après tout, pourquoi pas — mais en oubliant d'apporter le fond et l'invitation à la réflexion que l'on pouvait trouver dans The Authority ou Wanted, ou bien dans Irrécupérable pour citer l'œuvre d'un autre scénariste ayant également pris le parti d'adopter le point de vue des « méchants », et sans même l'humour et la distance d'un Garth Ennis. Son ersatz du V d' Alan Moore — comme lui tout de blanc vêtu, mais évoquant aussi Batman dans son apparence tel Midnighter (cf. The Authority) en son temps — multiplie les actes terroristes mais ses motivations sont pour le moins légères, y compris dans la révélation finale, maigre alibi à un étalement de mauvais goût uniquement destiné à choquer (la limite est dépassée avec l'enlèvement des enfants d'un chef de la police). À quoi bon ? Le processus d'identification ne peut pas fonctionner, étant donné le caractère extrémiste et la personnalité transparente de son super-vilain, et l'intrigue est trop simpliste pour se raccrocher à l'histoire.
Bref, un sentiment de gâchis imprègne ce comic-book illustré par les superbes dessins de Steve McNiven et si, comme moi, vous appréciez les histoires racontées du point de vue des méchants ; si, dans Les Maîtres de l'Univers, vous applaudissiez Skeletor et souhaitiez voir Cobra triompher dans G.I. Joe, alors lisez Wanted, du même auteur, bien mieux inspiré.
Florent M. 21/09/2011
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