Depuis quelques mois, impossible d'ouvrir une revue spécialisée, de participer à une manifestation concernant la Science-Fiction sans tomber sur un nom, seul et unique, semblant susciter l'enthousiasme du public américain, avant de conquérir les francophones : celui de Kim Stanley Robinson. Et ce avant même que ne sortent ici les traductions de ses deux premiers romans (se reporter notamment aux textes de Daniel Riche et Pascal J. Thomas dans Métal Hurlant et Univers 1986).
Voici le « mal » à demi réparé puisque vient enfin de paraître, aux éditions J'ai lu, Le rivage oublié, passant pour être un des meilleurs ouvrages de SF publiés aux USA ces dernières années.
Force m'est de dire que ce roman, rattaché de droit au courant « humaniste », à des lieues de l'école dite « Cyberpunk » auquel on voudrait rattacher, par facilité, son auteur, a le mérite de séduire d'entrée de jeu, par une rare spontanéité et une écriture très fraîche. Et ce n'est pourtant pas qu'il brille par son originalité, du moins en ce qui concerne le scénario.
Ce rivage oublié, où se déroule l'action, n'est autre qu'une infime partie de la côte ouest-américaine sur laquelle survit avec difficultés une communauté rurale isolée dont la principale ressource est la pêche. Et ce alors que les USA ont été anéantis quelques décennies plus tôt par deux mille bombes soviétiques. La marche vers le progrès ne reprend que lentement. Tout est calme. D'autant que les japonais ont toujours pour mission, de ce côté-ci du pays, d'empêcher toute tentative d'évasion par la mer et de reconstruction. Or, arrivent un jour des émissaires de San Diego leur demandant de s'allier avec eux dans le but de combattre leur ennemi commun, de tout recommencer à zéro et de remonter la pente...
Un ouvrage lent, progressif, profond, intimiste, significatif de la vision qu'ont les intellectuels américains de l'Amérique reagannienne, à lire sans plus attendre mais à déguster sans hâte !