[critique des 2 romans suivants :
— Le volcryn par George R.R. Martin ; Futurama n° 36 ] La nouvelle livraison de « Futurama » nous propose deux demi-livres (je m'explique : les courts romans publiés ici séparément avaient fait l'objet de publications couplées aux Etats-Unis, dans le cadre de la série Binary Star ; le Vinge constituait la moitié de son numéro 4, le Martin la moitié de son numéro 5).
En conséquence, on peut aussi bien considérer ces récits comme de longues nouvelles. De fait, celui de Vinge se compose de la juxtaposition de deux nouvelles, Media man et Fools' gold, dont la première a déjà été traduite en français, au sein du recueil Les yeux d'ambre,au Masque-SF. Située dans le même univers que Les proscrits de la barrière Paradis (Lattes), c'est un des chefs-d'œuvre de Vinge. Elle y montre son protagoniste, Chaim Dartagnan, prêt au départ à accepter, pour vivre, un travail de tout employeur, aussi abject soit-il, et qui au travers des conflits conquiert le respect de soi et l'amour d'une femme qui le méprisait. Bien qu'il soit aussi parfaitement réussi, ce n'est pas le cadre de l'histoire avec son caractère de SF d'aventures qui compte ici. Dommage que l'on ne puisse pas tout-à-fait en dire autant de la deuxième partie, où les deux personnages réalisent leurs ambitions longtemps frustrées : il est sans doute vrai que les gens heureux n'ont pas d'histoire...
George Martin, lui, se sert de concepts appartenant à la SF depuis longtemps. Un vaisseau, sans doute contrôlé par son ordinateur de bord, à la recherche d'être interstellaires... L'intrigue est celle d'un de ces romans policiers à suspense où les personnages disparaissent un à un. A ce niveau-là, c'est une éblouissante réussite. Mais ce récit ne relève-t-il pas de la SF des années 40, en dépit de sa date de naissance toute fraîche ? La différence, ici plus subtile, est à chercher dans le rôle primordial de la psychologie, et la noirceur peu commune enfouie dans le récit. Mais on n'y est pas obligé, et on peut simplement goûter un récit d'aventures splendidement exécuté.
Pascal J. THOMAS (lui écrire)
Première parution : 1/6/1982 dans Fiction 330
Mise en ligne le : 6/9/2006