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Le Baiser aux abeilles

Jonathan CARROLL

Titre original : Kissing the Beehive, 1998
Cycle : Crane's View (Les chroniques de) vol. 1 

Traduction de Nathalie SERVAL
Illustration de KAÏN

FLAMMARION (Paris, France), coll. Imagine n° (34)
Dépôt légal : mai 2002
Première édition
Roman, 308 pages, catégorie / prix : 16 €
ISBN : 2-08-068264-4
Genre : Hors Genre



Quatrième de couverture
     Jonathan Carroll est américain mais vit à Vienne. Il a fait une entrée très remarquée en France avec Le Pays du fou rire (J'ai lu), qui lui a valu le prix Apollo 1989. Il a publié depuis une douzaine de livres, dont le recueil Collection d'automne (Denoël), qui a obtenu le Grand prix de l'imaginaire 2000, catégorie « nouvelle étrangère ». Admiré aussi bien de James Ellroy que de Stephen King, il sait mêler comme nul autre réalisme magique, humour et terreur.

     Lors d'une visite à Crane's View, la petite ville où il a passé son enfance, l'écrivain Sam Bayer conçoit le projet de consacrer un livre à la mort restée mal éclaircie de Pauline Ostrova, une jeune fille dont il avait découvert le cadavre dans l'Hudson quelque trente ans plus tôt.
     En replongeant ainsi dans son passé, Sam espère surmonter la crise d'inspiration dont il souffre depuis plusieurs mois. Dans le même temps, il entame une liaison explosive avec une séduisante admiratrice portant le nom hautement improbable de Veronica Lake...
     Une aventure riche d'imprévus qui va lui faire découvrir qu'à l'instar de Pauline et de Veronica, la réalité présente un visage trompeur, et que derrière son apparence cossue et paisible, Crane's View — qui fait ici irrésistiblement penser au Twin Peaks de David Lynch — est une ruche bruissante de secrets et de non-dits. Car comme le dit le proverbe : La vérité est pareille aux abeilles ; elle vise d'abord les yeux.

     Roman traduit de l'anglais (E.-U.) par Nathalie Serval.
Critiques
     Sam Bayer est un écrivain célèbre, mais il peine à trouver l'inspiration de son nouveau roman. Ses soucis personnels — après trois mariages ratés, son seul motif de satisfaction est la présence de sa fille, Cassandra — n'y sont sans doute pas étrangers. A la faveur d'une séance de dédicaces, il revient dans sa ville natale, Crane's View, proche de New York. Les souvenirs commencent à affluer, parmi lesquels celui de la mort d'une amie d'enfance, Pauline, dont l'assassinat est toujours demeuré un mystère. Sam décide d'y consacrer son nouveau livre, et pour ce faire il mène l'enquête. Il fait ainsi la connaissance de Veronica Lake, archétype de la femme fatale, étrange et attirante. C'est alors que le mystérieux tueur, l'assassin de Pauline, ressort de l'ombre pour refaire parler de lui et s'immiscer dans le livre de Sam...
     Jonathan Carroll est un auteur déroutant. Ses précédents romans (depuis Le pays du fou-rire) mêlaient allègrement l'horreur et l'humour, la douceur et la cruauté. Ici, il opère un changement : le côté surréaliste n'apparaît pas dans l'histoire — celle, assez classique, de la reconstruction d'un homme par la résolution d'une énigme — mais dans les décors. Crane's View fait en effet immanquablement penser à Twin Peaks : tout n'y est qu'apparences, lesquelles vont peu à peu s'effacer pour montrer dans leur réalité les relation entre les habitants. La lente progression dans le démêlage de l'écheveau des liens tissés entre les protagonistes est le principal intérêt de ce roman, hanté de bout en bout par le personnage de Veronica Lake, figure improbable qui semble avoir vécu mille vies (actrice de porno, adepte de secte, grande voyageuse...) et qui sert à Carroll de deus ex machina aux motivations inconnues — c'est elle qui fait progresser l'enquête de Sam, alors qu'elle est totalement étrangère aux événements et à la petite ville. Jonathan Carroll aime déstabiliser son lecteur, lui mentir par dissimulation et par omission. Policier pur et dur, ou mâtiné de fantastique ? Le baiser aux abeilles, que l'on se gardera bien de ranger sous l'une ou l'autre catégorie en est la preuve éclatante.

Bruno PARA (lui écrire)
Première parution : 19/6/2002 nooSFere


     Séparé de sa troisième femme, Sam Bayer, écrivain à succès, est en panne sèche lorsqu'il fait la connaissance d'une séduisante journaliste, Veronica Lake. Ils entament très vite une relation. Veronica est ravie d'apprendre qu'une visite dans la ville de l'enfance de Sam, Crane's View, lui a fourni le sujet de son prochain roman, centré sur Pauline Ostrova, une jeune fille dont il était amoureux adolescent et dont il retrouva le cadavre dans l'Hudson. Le meurtre ne fut jamais entièrement élucidé malgré l'arrestation de son petit ami, qu'on retrouva pendu dans sa cellule. Pauline, en effet, était une fille fantasque et pressée, qui collectionnait les amants et ne laissait à personne le soin de régenter sa vie.

     Veronica lui ressemble : les bribes de son passé, que Sam découvre par hasard ou suite aux recherches de sa fille Cassandra — qui s'inquiète pour son père — , dessinent un portrait déroutant, voire inquiétant. Menteuse, voleuse, dissimulatrice, elle semble avant tout dérangée. Mise à distance, Veronica n'en continue pas moins de l'aider à écrire son livre, retrouvant avant lui les personnes à contacter, dépensant même des sommes exorbitantes dont on ignore l'origine. L'affaire se complique quand des meurtres se succèdent, apparemment perpétrés par le véritable assassin de Pauline, qui ne manque pas de se signaler à Sam par des graffitis ou des messages, pour qu'il écrive ce qu'il considère déjà comme « son » livre. Durant son enquête, Sam Bayer découvre progressivement les secrets de la petite ville de Crane's View, les zones d'ombres de son entourage... et celles qui le hantent.

     Le polar est le roman de la vérité, et Le Baiser aux abeilles en est indubitablement un, fort bien mené, même, où la voix de Jonathan Carroll fait entendre une tessiture nouvelle et pourtant familière. Le ton reste indéniablement fantastique et le lecteur a plusieurs fois la conviction de voir s'agiter des fantômes. Pauline ou la découverte du coupable importe moins que l'évocation de l'énigmatique Veronica, Sam traquant davantage la vérité du présent derrière les masques du réel. Avec son sens de la concision et du détail révélateur, Carroll a l'art de saisir au vol l'essence d'un geste, d'un personnage, exhibant plusieurs vies en 300 pages, là où d'autres en auraient commis le double ou le triple. Devant la densité du roman, comme par le réalisme magique dont l'auteur ne se départit jamais, on reste confondu par tant de virtuosité.

Claude ECKEN (lui écrire)
Première parution : 1/10/2000 dans Bifrost 28
Mise en ligne le : 22/10/2003

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