FLAMMARION
(Paris, France), coll. Imagine n° (28) Dépôt légal : octobre 2001, Achevé d'imprimer : septembre 2001 Première édition Roman, 336 pages, catégorie / prix : 19 € ISBN : 2-08-068055-2 Format : 15,2 x 23,9 cm Genre : Science-Fiction
Norman Spinrad, né à New York en 1940 et désormais installé à Paris, conçoit la science-fiction comme la littérature des grands enjeux contemporains. Auteur de nombreuses nouvelles et d'une vingtaine de romans dont certains, comme Jack Barron et l'éternité, ont fait date dans l'histoire du genre, journaliste, essayiste, critique, il fait feu de tout bois pour dénoncer, des plus évidentes aux plus sournoises, les diverses formes d'aliénation qui nous menacent.
Fin du XXIe siècle. Sur le triple plan géographique, politique, économique, le monde a radicalement changé. Car les conditions climatiques ont elles-mêmes changé. Le réchauffement de la planète a entraîné une montée des eaux qui a rayé de la carte certaines régions, totalement désertifié les pays déjà chauds et transformé la Sibérie en semi-paradis.
Dans un Paris tropical envahi par une végétation luxuriante et où se sont réfugiés les anciens habitants — et le folklore — de la Louisiane submergée, se prépare une grande conférence de l'ONU. Son objet : présenter un modèle climatique révolutionnaire qui permettra peut-être de prédire si la Terre est sur le point d'atteindre la Condition Vénus, c'est-à-dire de devenir un enfer inhabitable...
Monique Calhoun, ténor d'une prestigieuse entreprise de relations publiques chargée d'assurer le bien-être des participants, va se retrouver en position de nouvelle Mata Hari. En effet, on soupçonne la Grande Machine Bleue, l'énorme cartel qui propose des techniques de pointe pour refroidir la planète, de provoquer délibérément des troubles climatiques afin de placer sa marchandise...
Décor savoureux, personnages truculents, traitement d'un sujet « brûlant » sur un ton de comédie... voici, à tous les niveaux, un roman haut en couleur.
Critiques
Norman Spinrad, l'écrivain le plus rock'n'roll de la galaxie SF, nous revient en grande forme avec Bleue comme une orange et retrouve les univers déjantés de Jack Barron et l'éternité et de Rock Machine. Comme dans ces deux monuments, Spinrad vilipende le cannibalisme ultralibéral et s'inquiète de ses retombées catastrophiques avec un art consommé du récit.
Nous sommes à la fin du XXIe siècle. Victime de l'effet de serre, la Terre se réchauffe dangereusement et Paris vit désormais à l'heure tropicale : le jardin du Luxembourg est envahi par les palmiers, la Seine est truffée d'alligators et la climatisation est indispensable. La situation géopolitique a elle aussi évolué : les consortiums, cartels et autres organisations mafieuses « Bleues bon teint », soucieux du bien être de la biosphère à défaut de celui de ses hôtes, ont pris le pas sur les transnationales classiques. Mais aux inégalités économiques — toujours plus aiguës — se sont greffées celles, plus vitales, climatiques : tandis que sous nos latitudes il fait encore bon vivre, le reste du monde — les « Terres des Damnés » — se consume. À la veille d'une conférence de l'ONU, certains scientifiques avancent que la planète bleue pourrait prochainement franchir le seuil irréversible de la « Condition Vénus » ; en d'autres termes, devenir strictement inhabitable.
Monique Calhoun, cadre dynamique de Panem & Circenses, fameuse entreprise de relations publiques, doit superviser le confort et la sécurité des conférenciers. Elle découvre une énorme machination, lutte d'influences complexe impliquant la Grande Machine Bleue (organisation internationale chargée d'élaborer des techniques de refroidissement à grande échelle), la mafia sibérienne ou encore le Mossad. L'enjeu : un dispositif de modélisation ultime du climat planétaire, permettant de prédire si, oui ou non, la Condition Vénus est imminente ; et les conséquences de cette prédiction en termes économiques...
Dans ce contexte foisonnant, Spinrad, grand écrivain des limites humaines et des dilemmes moraux, a tissé une trame sur mesure avec les personnages outranciers qui lui sont propres. Sexe, humour, manipulations en cascade, préoccupations éthiques et politiques, tous les ingrédients qui firent le succès de Jack Barron sont là. Rompu aux arcanes de la narration, l'auteur déploie ici son sens inégalable du rythme, dans un style à la fois primesautier et maîtrisé. Plus encore que dans son sujet — pourtant explosif — , c'est dans cette aisance à procurer un réel plaisir de lecture que réside la réussite de Bleue comme une orange. Bien sûr, nous sommes en terrain connu, et notre Norman est un peu désinvolte au regard des chefs d'œuvres sus cités. Mais un style à ce point efficace et une imagination aussi débridée au service d'enjeux aussi cruciaux ne se rencontrent pas à chaque coin de livre ! Bleue comme une orange pourrait donc bien faire partie de ces œuvres faussement mineures, dont l'apparente légèreté dissimule un vrai désespoir ; en l'occurrence, celui de ne pas finir le siècle... Quoi qu'il en soit, Spinrad est resté fidèle à sa conception d'une littérature à la fois visionnaire et divertissante, drôle et essentielle, et sa roublardise est surtout la marque d'un talent hors norme.
Tout nouveau roman de Norman Spinrad constitue l'événement. L'auteur a en effet pris l'habitude de pourfendre certains travers de notre société, et de briser certains tabous, faisant ainsi oeuvre de salubrité publique. Comme, de plus, le dernier texte long de Spinrad paru en France fut En direct en 1996, cinq ans se sont écoulés sans un seul inédit de l'auteur à se mettre sous la dent, et le jeûne aiguise l'appétit.
A la fin du XXIe, la Terre s'est réchauffée, provoquant une importante montée des eaux. Plusieurs pays ont disparu de la carte, et le climat des autres s'est singulièrement modifié : la Sibérie est devenue un semi-paradis, tandis que Paris est à présent envahi par une végétation luxuriante. C'est du reste dans cette ville, peuplée des ex-habitants de la Louisiane engloutie, que l'ONU convoque une conférence sur l'écologie. On doit y parler de l'avenir de la planète, et notamment déterminer, à l'aide de nouveaux modèles climatiques, si l'on atteindra la Condition Vénus, à savoir une planète surchauffée hostile à la vie. Deux blocs s'affrontent : les Bleus et les Verts. Les premiers sont convaincus d'un avenir néfaste pour l'humanité et donc partisans d'un refroidissement artificiel de la Terre, les seconds sont favorables à la non-intervention : si la Terre se réchauffe, c'est le cycle normal des choses.
Au sein de ces blocs aux contours parfois flous, de nombreux individus tentent de manipuler l'opinion publique pour faire triompher leur camp. Deux protagonistes se détachent du roman : Monique Calhoun, descendante de cajuns, employée dans une entreprise de relations publiques, et le prince Eric, membre de la jet set expert en soirées prestigieuses. Comme ils appartiennent à chacun des deux blocs, leurs intérêts sont antagonistes, mais ils vont devoir plus ou moins travailler ensemble pour percer les mystères de la conférence : pourquoi brutalement choisir une ville aussi en vue que Paris, alors que précédemment cette conférence avait tendance à passer inaperçue ? Et qu'en est-il des rumeurs qui prétendent que certaines catastrophes climatiques récentes ont été « orchestrées » par les Bleus pour vendre leurs produits ?
Sorte de huis clos – une bonne partie du roman se passe dans le bateau d'Eric, truffé de micros et de caméras – ce roman frappe tout d'abord par son verbiage : l'intrigue progresse beaucoup plus par le biais des dialogues que par celui de la narration. Quoi de plus normal, après tout, quand il s'agit de décrire des tractations entre personnes influentes ? Il n'empêche qu'à la longue, ces discours incessants finissent par lasser quelque peu.
Norman Spinrad fustige dans ce roman ceux, politiques ou industriels, qui prétendent se préoccuper d'écologie. Bien souvent, les enjeux économiques prennent largement le pas sur les vœux pieux du début. Chacun veille avant tout à ses intérêts propre avant de s'occuper de la condition de notre planète. Les époux Marenko en offrent une illustration typique : Sibériens devenus richissimes après le réchauffement de leur région, ils n'ont nulle envie de quitter une position enviable, la Terre dût-elle en pâtir. Dans cet embrouillamini d'intérêts personnels et mondiaux, Monique Calhoun et le prince Eric se perdent un peu, et le lecteur avec eux. On se réjouit néanmoins de leur confrontation, dont on connaît l'issue dès les premières lignes, mais qui réserve de belles surprises, grâce à la verve qu'ils déploient. Tous les personnages du roman sont brocardés, soit par leur aspect caricatural, soit à travers leurs décisions : lorsqu'ils ne trouvent plus rien à faire, ils utilisent le seul pouvoir qu'il leur reste : le sexe. Au risque de sombrer dans le ridicule (l'auteur lui-même n'en est pas loin à ce moment-là).
Bref, un roman pittoresque, peuplé de personnages hauts en couleur comme bien souvent chez l'auteur, mais dont la mayonnaise ne prend pas vraiment, ce qui en fait un texte très mineur dans l'œuvre de Spinrad.
Norman Spinrad revient au devant de la scène de la SF avec ce nouveau roman, son premier à être publié depuis En direct (1994). Et pour le plus grand bonheur des lecteurs d'ici, l'action se déroule principalement à Paris. Mais il s'agit d'une ville transformée, car en plein milieu du XXIe siècle I' « effet de serre » a redistribué les cartes climatiques de la Terre. Comme dans tout changement radical, il y a des gagnants et des perdants. Une grande partie des calottes polaires a fondu, des zones côtières ont disparu sous les eaux, et les grands déserts deviennent de plus en plus étendus, aux dépens des terres cultivables. Mais d'autres régions tirent leur épingle du jeu, comme la Sibérie, devenue prospère grâce à son agriculture florissante. Paris jouit d'un climat tropical très agréable, même si la Seine est infestée par les alligators, et la végétation grimpe vers le sommet de la tour Eiffel. Mais certains climatologues craignent l'approche de la « Condition Vénus », le seuil de réchauffement à partir duquel la destruction de toute la biosphère terrestre deviendrait irréversible.
Les yeux de toute la planète sont donc rivés sur un congrès climatologique mondial organisé par l'ONU à Paris. Monique Calhoun, qui travaille pour Bread & Cireuses, une boîte de relations publiques, est chargée de veiller sur les délégués et autres participants importants. Elle découvre pourtant très vite que son véritable client n'est pas l'ONU, mais une nébuleuse d'industries de la climatech qui cherche à convaincre l'opinion publique que la Condition Vénus est imminente, et vendre ainsi leurs solutions (miroirs solaires en orbite, générateurs de nuages, introduction de nouvelles espèces génétiquement modifiées et autres). Pour mieux contrôler l'issue du débat, ils demandent à Monique d'organiser des soirées à bord de La Reine de la Seine, un bateau-mouche déguisé en vaisseau fluvial style Mississippi du 19ème siècle. En fait, elle appartient à la Mafia, est truffée de caméras et de micros cachés, et sert à espionner le gratin parisien. Et bientôt les Sibériens vont s'en mêler à leur tour. Car malgré les machinations derrière ce congrès, le danger que représente la Condition Vénus est peut-être bien réel.
Mi-farce, mi-thriller, ce roman pose des questions sérieuses et des vrais dilemmes moraux sous forme d'un divertissement littéraire. Avec son style narquois et son sens de l'ironie inimitables, Spinrad met cruellement à nu l'hypocrisie et la myopie inhérentes au système capitaliste mondial qui règne aujourd'hui et les conséquences néfastes qui en découleraient dans l'avenir. Car il va falloir payer la note un jour, et elle risque d'être salée. En tout cas, nous nous retrouvons avec un Spinrad en pleine forme dans ce récit où suspense, humour et sexe font bon mélange.
Avec Bleue comme une orange, Norman Spinrad opère une sorte de retour aux sources. L'homme adore les univers déjantés (il l'est un peu lui-même) et nage au milieu de la déliquescence comme un canard dans sa mare. Poursuivant la réflexion entamée dans Jack Barron et l'éternitéet Rock Machine, deux monuments du patrimoine SF, Spinrad fustige l'ultralibéralisme cannibale et s'interroge sur ses conséquences désastreuses avec un art consommé de la mise en scène.
Fin du XXIe siècle. Le monde tel que le cauchemardent les futurologues shootés aux anxiolytiques a fini par voir le jour. Sous l'action de l'effet de serre, la planète s'est transformée en fournaise. Les déserts progressent à grande vitesse. La Sibérie fait désormais figure de paradis tandis que Paris vit à l'heure tropicale : au programme, végétations luxuriantes, méchants alligators, grosses suées et folklore de Louisiane en prime. La situation géopolitique a elle aussi bien changé. Des zaïbatsus hypocritement soucieux de Dame Nature ont supplantés nos habituelles transnationales pollueuses. Deux « blocs » aux contours parfois flous s'affrontent : les Bleus et les Verts. Les uns (déterminés) sont partisans d'un refroidissement artificiel de la Terre, les autres (plus déterministes) sont favorables à une non-intervention : le thermomètre explose parce qu'il doit exploser. Aux inégalités économiques toujours plus criantes s'est donc rajoutée cette question cruciale du contrôle du climat : si sous nos latitudes il fait encore bon vivre (avec un ventilo, quand même), le reste du monde crame à petit feu. Pis : à la veille d'une conférence de l'O.N.U., certains scientifiques zélés affirment que la planète bleue pourrait franchir le seuil irréversible de la « Condition Vénus » : en bref, devenir parfaitement invivable. Monique Calhoun, ténor d'une prestigieuse entreprise de relations publiques, doit superviser le bien-être et la sécurité des conférenciers. Elle va mettre à jour une énorme machination impliquant la Grande Machine Bleue (énorme cartel international qui propose des techniques de refroidissement à grande échelle), diverses organisations mafieuses et autres services secrets. L'enjeu de cette complexe lutte d'influences ? Un dispositif de modélisation du climat planétaire permettant de conjecturer sur l'imminence de la « Condition Vénus » et sur ses conséquences en matière d'économie globale.
Mi-comédie, mi-thriller futuriste, ce roman, sous sa forme de divertissement littéraire, se veut une grande œuvre morale — comme tous ceux de Spinrad, grand écrivain du bordel humain. La morale, ce sont nos limites, toutes nos limites, et les dilemmes qui en découlent quand on les franchit. Dans ce contexte balisé, Bleue comme une orange déroule une trame sans surprise où l'on se plaît à retrouver tous les éléments qui avaient fait naguère le succès de Jack Barron (personnages hauts en couleurs, situations pittoresques, politique, éthique, manipulations en tout genre, sexe, humour, et rock'n'roll). Tout ça peut même paraître un peu convenu. Sauf que... sauf qu'il s'agit de Spinrad, et qu'un texte de Spinrad n'est jamais anodin. Il y a le style du maître, le rythme du compositeur, l'imagination débridée de l'homme chez qui l'inquiétude s'actualise brutalement sous forme de visions, puis de romans ; c'est-à-dire de fictions réalistes, quoique cyniques et cruelles. Derrière la farce, le désespoir. Tout le talent de Spinrad est de couler ce désespoir grinçant dans la narration, de faire que les mots en suintent tellement qu'on soit obligé de rire. Jaune. Ou bien bleu. Ce qui pourrait être pire en fin de compte.