« Je vous offre ce livre de rêves venus d'Europe, comme au dernier moment l'on jette des objets de valeur, même si ce n'est qu'à soi-même, par la fenêtre d'une maison en flammes », écrit Lord Dunsany en préface au Dernier livres des merveilles paru en 1916...
Voleurs, pirates, sultans cruels, échoppe mystérieuses et jouyau fabuleux : ceux qui ont lu Le livre des merveilles retrouveront dans le présent recueil le monde hybride de Lord Dunsany, où certain chef de gare vous délivre des billets pour la Frontière du Monde, peuplée de centaures et d'elfes chasseurs de turquoises. Un monde de machinations subtiles et de glaçant humour, teinté, en plus d'un conte, par la mélancolie des temps de guerre. Ainsi les héros de Dunsany partent-ils à la frontière du monde pour retrouver un ténu souvenir d'enfance, troquer un de leurs maux trop présents contre un autre épouvantable, tuer les vieux fantômes de jeunesse. « Les contes de Lord Dunsany, disait José-Luis Borges, rejettent avec autant de décision la justification allégorique que la justification scientifique... Ils n'aspirent pas non plus à l'examen solennel des charlatans de la psychanalyse. Ils sont, tout simplement, magiques. On sent que Lord Dunsany est à l'aise dans son monde instable. »
1 - Préface, pages 5 à 6, préface, trad. Anne-Sylvie HOMASSEL 2 - Un conte de Londres (A Tale of London, 1912), pages 7 à 10, nouvelle, trad. Anne-Sylvie HOMASSEL 3 - Treize à table (Thirteen at Table, 1916), pages 11 à 22, nouvelle, trad. Anne-Sylvie HOMASSEL 4 - La Ville sur la lande de Mallington (The City on Mallington Moor, 1913), pages 23 à 32, nouvelle, trad. Anne-Sylvie HOMASSEL 5 - Ce pourquoi le laitier frémit lorsqu'il perçoit l'aurore (Why the Milkman Shudders When He Perceives the Dawn, 1914), pages 33 à 36, nouvelle, trad. Anne-Sylvie HOMASSEL 6 - La Méchante vieille en noir (The Bad Old Woman in Black, 1914), pages 37 à 39, nouvelle, trad. Anne-Sylvie HOMASSEL 7 - L'Oiseau à l'oeil difficile (The Bird of the Difficult Eye, 1914), pages 41 à 45, nouvelle, trad. Anne-Sylvie HOMASSEL 8 - Le Conte du longiligne portier (The Long Porter's Tale, 1914), pages 47 à 53, nouvelle, trad. Anne-Sylvie HOMASSEL 9 - Le Pillage de Loma (The Loot of Loma, 1914), pages 55 à 59, nouvelle, trad. Anne-Sylvie HOMASSEL 10 - Le Secret de la mer (The Secret of the Sea, 1914), pages 61 à 66, nouvelle, trad. Anne-Sylvie HOMASSEL 11 - Comment Ali parvint au Pays Noir (How Ali Came to the Black Country, 1914), pages 67 à 72, nouvelle, trad. Anne-Sylvie HOMASSEL 12 - Le Bureau Universel d'Echanges de Maux (The Bureau d'Echanges de Maux, 1915), pages 73 à 78, nouvelle, trad. Anne-Sylvie HOMASSEL 13 - Une histoire de terre et de mer (A Story of Land and Sea, 1914), pages 79 à 109, nouvelle, trad. Anne-Sylvie HOMASSEL 14 - Un conte de l'Equateur (A Tale of the Equator, 1914), pages 111 à 114, nouvelle, trad. Anne-Sylvie HOMASSEL 15 - Une échapée belle (A narrow escape, 1912), pages 115 à 117, nouvelle, trad. Anne-Sylvie HOMASSEL 16 - La Tour de garde (The Watch-Tower, 1912), pages 119 à 122, nouvelle, trad. Anne-Sylvie HOMASSEL 17 - Comment Plash-Goo parvint au Pays-que-nul-ne-désire (How Plash-Goo Came to the Land of None's Desire, 1916), pages 123 à 125, nouvelle, trad. Anne-Sylvie HOMASSEL 18 - Le Jeu des Trois Marins (The Three Sailors' Gambit, 1916), pages 127 à 137, nouvelle, trad. Anne-Sylvie HOMASSEL 19 - Le Club des exilés (The Exile's Club, 1915), pages 139 à 145, nouvelle, trad. Anne-Sylvie HOMASSEL 20 - Les Trois infernales plaisanteries (The Three Infernal Jokes, 1915), pages 147 à 155, nouvelle, trad. Anne-Sylvie HOMASSEL 21 - Xavier LEGRAND-FERRONNIÈRE, Note bibliographique, pages 157 à 160, bibliographie 22 - Xavier LEGRAND-FERRONNIÈRE, Notice biographique, pages 161 à 163, biographie
Critiques
A la lecture du Livre des Merveilles, on en prenait plein les yeux avec ces histoires fabuleuses de centaures, de dieux, de voleurs, bref avec tous ces archétypes de la fantasy si subtilement traités par Lord Dunsany. Et sitôt le livre fermé, on en redemandait....
On est comblé en ouvrant ce deuxième recueil, intitulé Le dernier livre des merveilles. Comme dans le recueil précédent, les dix-neuf nouvelles réunies ici oscillent constamment entre humour et nostalgie, entre émerveillement et peur. Néanmoins, ce deuxième livre est plus diversifié que le premier. Dans le Livre des Merveilles, les histoires avaient une base commune de fantasy puisant tant aux sources de la mythologie celtiques, qu'aux récits orientaux du type des Mille et une nuits. Même si dans le présent recueil, la plupart des textes reprennent ces thèmes, certains contes échappent à cette classification. Tel « Le secret de la mer », récit de marins qu'on dirait emprunté à William Hope Hodgson. Tels aussi « Le Bureau d'Echanges de Maux » ou « Les trois infernales plaisanteries », textes de fantastique pur, déclinés sous une forme légère pour le premier (un homme échange son mal de mer contre le mal des ascenseurs), nettement plus sombre pour le deuxième (un homme se voit octroyer par le diable trois plaisanteries qui causent invariablement la mort de leurs auditeurs).
Parmi les textes courts – plus familiers à la plume de Dunsany –, il convient d'en mentionner plusieurs : « Une histoire de terre et mer » est la narration d'une folle tentative de traversée terrestre de l'Afrique avec un bateau tiré par des bœufs ! Dans « Le jeu des trois marins », trois marins parviennent régulièrement à triompher aux échecs sans connaître les règles du jeu. La lande irlandaise est le théâtre de l'apparition ponctuelle d'une ville byzantine dans « La ville sur la lande de Mallington », tandis qu' « Un conte de Londres » nous montre un calife de Bagdad qui applaudit aux évocations de Londres par son conteur – mais cette Londres ressemble davantage aux fantasmes du calife qu'à celle que nous connaissons...
Bref, malgré quelques textes mineurs voire sans intérêt de trois ou quatre pages, les nombreux bons textes de ce recueil en font une lecture recommandée. Ne serait-ce que pour rendre justice à ce conteur méconnu et pourtant subtil qu'est Lord Dunsany.