L'Italie est une terre de grande culture. C'est aussi un pays où l'américanisation (y compris en S.-F.) est plus agressive qu'en France. Les auteurs italiens, contraints de prendre des pseudonymes anglosaxons, y ont puisé le vif désir de retrouver leur identité nationale. Ils n'aiment ni les miracles de la technologie ni le vertige des extrapolations, mais le récit et les personnages. Ils n'aiment ni les normes ni la banalité, mais les gens et la liberté. Liberté de sortir des cadres de la S.-F. et d'y rentrer à leur guise. Liberté de porter des masques bariolés, comme au temps de la commedia dell'arte, et de se réfugier dans le jeu et la simulation, pour oublier un peu les menaces très réelles qui les cernent. Il ne faudrait pas creuser bien loin dans le rêve pour y trouver le désespoir et l'amertume. La S.-F. italienne est un théâtre fragile, au bord de l'apocalypse. |
1 - Jean-Pierre FONTANA, Une quête de l'identité, pages 7 à 45, Préface (lire ce texte en ligne) | 2 - Jean-Pierre FONTANA, Quelques avis sur la S.-F. italienne, pages 46 à 47, introduction | 3 - Maurizio VIANO, Les Années d'attente (Gli anni dell'attesa), pages 49 à 65, nouvelle, trad. Jean-Pierre FONTANA | 4 - Anna RINONAPOLI, Ministre de nuit (Ministro notturno), pages 66 à 90, nouvelle, trad. Jean-Pierre FONTANA | 5 - Giuseppe PEDERIALI, Les Belles filles de madame Doré (Le belle figli di Madama Dore), pages 91 à 104, nouvelle, trad. Jean-Pierre FONTANA | 6 - Sandro SANDRELLI, Un tryptique pour nos frères (Un trittico per i fratelli), pages 105 à 132, nouvelle, trad. Jean-Pierre FONTANA | 7 - Lino ALDANI, Trente-sept degrés centigrades (Trentastte centigradi), pages 133 à 173, nouvelle, trad. Roland STRAGLIATI | 8 - Roberto VACCA, Le Dernier Pape (L'ultimo Papa), pages 174 à 179, nouvelle, trad. Angelina BERFORINI | 9 - Ugo MALAGUTI, Propos sur Londres et quelques crimes (Di alcuni delitti, a Londra), pages 180 à 211, nouvelle, trad. Angelina BERFORINI | 10 - Vittorio CURTONI, L'Explosion du Minotaure (L'esplosione del minotauro), pages 212 à 232, nouvelle, trad. Angelina BERFORINI | 11 - Piero PROSPERI, La Fin de l'âge d'or (Fine dell'eta d'oro), pages 233 à 236, nouvelle, trad. Angelina BERFORINI | 12 - Livio HORRAKH, Où meurt l'Astragale (Dove muore l'Astragalo), pages 237 à 250, nouvelle, trad. Angelina BERFORINI | 13 - Renato PESTRINIERO, Les Hommes des tableaux (Quelli dei quadri), pages 251 à 262, nouvelle, trad. Angelina BERFORINI | 14 - Vittorio CATANI, Dans la boule de cristal (Nella Sfera), pages 263 à 286, nouvelle, trad. Angelina BERFORINI | 15 - Mauro Antonio MIGLIERUOLO, Circé (Circé), pages 287 à 297, nouvelle, trad. Angelina BERFORINI | 16 - Gianni MONTANARI, La Logique du murex (Logica des Murice), pages 298 à 318, nouvelle, trad. Jean-Pierre FONTANA | 17 - (non mentionné), Dictionnaire des auteurs, pages 319 à 326, dictionnaire d'auteurs | 18 - (non mentionné), Textes de référence, pages 327 à 328, article |
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Cette anthologie est importante sur le plan de la qualité et de l'originalité des œuvres présentées, tout comme sur le plan de la transformation de l'image que nous nous faisons de la SF italienne. On a souvent parlé de cette dernière pour constater un manque. Le Livre d'Or montre qu'il s'agit d'une idée reçue en offrant un panorama de quatorze auteurs peu connus (malgré quelques trop rares traductions), si l'on excepte Lino Aldani. Préface intéressante (et ouverte sur le cinéma), mais il y a sans doute une petite faiblesse de l'analyse quand les auteurs situent la SF comme genre à partir d'une évolution du fantastique, dans un dépassement nécessaire — comme l'homme descendant du singe ! Il s'agit d'un schéma réducteur, le fantastique ne s'étant pas coulé dans la SF avec l'essor de la technologie mais connaissant toujours une évolution propre et parallèle. Avec finesse, les préfaciers s'essayent à définir la spécificité nationale de la SF italienne : « l'auteur italien a horreur des extrapolations audacieuses, de l'accumulation d'hypothèses, des prouesses dialectiques, des ambiguïtés et des polymorphismes, il préfère une narration simple, voire sereine, qui, à l'occasion, n'a pas peur du lyrisme ». Bruno LECIGNE Première parution : 1/1/1982 dans Fiction 325 Mise en ligne le : 7/3/2009
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