et c'est ainsi que tout a commencé. Le Grand Organisateur a planté des arbres, dressé des montagnes, et il a peuplé la Vallée d'Aztèques. Et il a placé des Surveillants pour les protéger, ainsi que Coatlicue, la déesse terrifiante aux têtes de serpents. Le monde est fermé, déterminé. Sauf pour un homme. Chimal, qui doit découvrir ce qu'il y a de l'autre côté du châtiment, de l'horreur : le cauchemar ? La folie ? Ou bien la clé et la révolution ?...
Critiques
Servi par une érudition qui lui permet de décrire les mœurs des Aztèques de la vallée-prison comme la société monastique souterraine des Surveillants et des Observateurs avec le ton de l'authenticité — c'est d'autant plus remarquable que le sceau d'un fantastique mythologique frappe le récit dès sa première ligne — , Harry Harrison (trop méconnu ou mal apprécié du côté de chez nous si l'on en juge par la rareté de ses oeuvres traduites,) rappelle, avec ce roman, qu'il reste une valeur sûre de la littérature de grande imagination,.
Le voyage auquel il nous convie ne manque pas, à tous égards, de charme et de surprises. Pourtant, le thème n'est pas si nouveau. C'est plutôt le ton qui diffère ou, si l'on préfère, l'angle de la vision et de la découverte car, pour la première fois peut-être dans une histoire de long voyage (spécialistes à vos marques !), un auteur fait du promoteur du vaisseau lui-même sa cible privilégiée : « un homme effroyable » dira Chimal en expliquant de quoi s'est rendu coupable le Grand Organisateur pour satisfaire une ambition démesurée (page 231).
Cette attitude éclaire donc d'un jour nouveau un thème non seulement marqué par la double pesanteur de la durée et de l'ignorance mais, cette fois aussi, par celle de la haine et d'un conservatisme outrancier se traduisant, pour certains, par un refus systématique de modifier le milieu, au point de dépasser le but afin de le repousser plus loin dans l'avenir.
On pourra sans doute regretter que le sort des passagers soit une nouvelle fois laissé à la discrétion du lecteur lorsque la planète d'accueil est entrevue. Peut-être Harrison aurait-il dû poursuivre le jeu de la damnation ? En tous cas, son roman vaut le voyage, et un voyage qui paraîtra presque trop court aux amateurs, encore nombreux, de bonnes aventures. Passionnant !
Une variation intéressante sur le thême des arches stellalres. Intéressant à comparer avec Kuldesak, de Cowper (Futurama). Ici aussi, l'intérêt provient de la peinture de l'univers interne. Curieusement, il est double. Et pendant un long moment, on se demande dans quel univers mythique on se trouve. Il s'agit en fait d'un collage, sur du trompe-l'oeil. Et c'est assez réussi, cette double vision du monde : d'en bas par une victime, puis, le même, découvrant peu à peu le système un peu dément de l'Arche. Un monde à la Ulysse (de Richard et Lob). Mais avec des dieux (les observateurs) devenus séniles et gâteux. Cette description, très bien menée, mise à part les aventures du super-héros de service, outre qu'elles ne tiennent pas debout sont, en soi, sans grand intérêt. Il y a peu de recul, et on sent que bien souvent c'est écrit à la mitraillette pour aller plus vite.