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Écrits fantômes

David MITCHELL

Titre original : Ghostwritten, 1999
Première parution : Londres, Royaume-Uni : Sceptre, 19 aout 1999
Traduction de Manuel BERRI
Illustration de Philip Lee HARVEY

SEUIL (Paris, France), coll. Points n° P1315
Dépôt légal : février 2005
Roman, 528 pages, catégorie / prix : 8 €
ISBN : 2-02-079841-7
Genre : Imaginaire



Quatrième de couverture
     « J'ai séjourné deux ans dans le docteur ; c'est là que j'ai pu apprendre à connaître l'espèce humaine et ce qu'elle a d'inhumain. Appris à lire les souvenirs, à les effacer et à les remplacer. Appris à contrôler mes hôtes. L'Homme était mon jouet. J'ai également appris la prudence. Un jour, j'annonçai au docteur qu'un être immatériel vivait dans son esprit depuis deux ans. »

     Un terroriste à Tokyo, un trader à Hong-Kong, un être immatériel en Mongolie, des trafiquants d'art à Saint-Pétersbourg, une voix dans le cyberspace... ces personnages — et bien d'autres encore — appartiennent, sans le savoir, à la même histoire. Quel est donc le lien qui les réunit ? Mêlant tous les genres et les ingrédients romanesques, ce livre « étourdissant » (Tibor Fischer), qui évoque « Calvino et Borges » (A. S. Byatt) est l'un des grands chocs littéraires de ces dernières années.
Critiques des autres éditions ou de la série
Edition OLIVIER (Éditions de l'), (2004)

     Voilà un roman difficile, voire impossible, à résumer sans livrer ses secrets et notamment celui qui lie ses dix parties a priori distinctes mais se révélant, au fil de la lecture, toutes interconnectées. Sachez néanmoins qu'on suit dans ces Ecrits Fantômes les destinées — souvent hors du commun — de neuf personnages entre la Seconde guerre mondiale et un futur relativement proche où le passage d'une comète menace la Terre. Il y a dans le lot un terroriste japonais appartenant à une secte, une entité non humaine capable de passer de corps en corps, un trader à Hong Kong, une trafiquante russe d'œuvres d'art, une physicienne spécialiste des mécanismes quantiques, un animateur de radio new-yorkais... Le lecteur attentif remarquera aussi que ce livre est un périple de l'Extrême-Orient vers l'Occident : on part d'Okinawa pour suivre une ligne pointilliste passant par Hong Kong, la Mongolie, Saint-Pétersbourg, Londres, l'Irlande et enfin New York.

     Ecrits fantômes, tout comme Habitus de James Flint, La Maison des feuilles de Mark Z. Danielewski, Babylon Babies de Maurice G. Dantec, ou — plus anciennement — L'Arc-en-ciel de la gravité de Thomas Pynchon, appartient à ces romans inclassables qui puisent leur force évocatrice dans des expériences de pensée ou des paradigmes d'habitude réservés aux littératures de genre. Ce premier roman vertigineux utilise avec aplomb des principes moteurs appartenant au fantastique (fantômes, superstitions, coïncidences pour le moins improbables), à la science-fiction (intelligence artificielle en pleine prise de conscience, mise au point de logiciels de guidage pour les missiles utilisant la mécanique quantique) et même à l'espionnage (tendance John le Carré). David Mitchell semble nous dire, au fil de son récit éclaté, que le monde est surnaturel ET rationnel, que l'Extrême-Orient et l'Occident sont les deux faces de la même pièce, continents et cultures condamnés à vivre ensemble mais incapables de se regarder droit dans les yeux. Servi par une écriture lumineuse, ce roman, d'une profonde humanité mais trop acide pour être vraiment humaniste, est le parfait exemple de ce que sera la littérature du XXIe siècle, globale, tissée d'informations et de motifs pluriculturels, tout comme le monde dans lequel elle prend sa source. Entre la description de la cavale, physique et mentale, d'un terroriste sectaire paranoïaque, en passant par une vision hallucinée de la Mongolie et le compte-rendu contemplatif d'une autre cavale, sur une petite île irlandaise ce coup-ci, David Mitchell ne faiblit pas ou peu (l'épisode londonien est de loin le moins intéressant même s'il reste nécessaire). Résultat, mais cet avis n'engage que moi, Ecrits fantômes est le livre de l'année ; une œuvre éclairante qui, comme Super-Cannes de J. G. Ballard (critique dans Bifrost n°24), a pour ambition inavouable de rendre ses lecteurs plus intelligents. En deux mots, remarquable et passionnant. Tout amateur de vraie science-fiction aurait tort de rater ce livre sous prétexte qu'il est sorti dans une (excellente) collection de littérature générale.

Thomas DAY
Première parution : 1/10/2004
dans Bifrost 36
Mise en ligne le : 26/11/2005

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