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Bloodsilver

Wayne BARROW


Illustration de Didier GRAFFET

MNÉMOS , coll. Icares
Dépôt légal : octobre 2006, Achevé d'imprimer : septembre 2006
Première édition
Roman, 344 pages, catégorie / prix : 20 €
ISBN : 2-915159-88-2
Format : 15,5 x 23,5 cm
Genre : Fantastique



Quatrième de couverture
     1691 : un bateau transportant de mystérieux passagers aborde la côte est du continent nord-américain. Les vampires viennent de débarquer de la vieille Europe. Ils forment bientôt le Convoi, longue colonne de chariots recouverts de plaques de plomb, et se lancent à la conquête de l'Ouest, anticipant le trajet du chemin de fer dans une lente et implacable progression...
     1692 : à Salem, une poignée d'hommes impitoyables fonde la confrérie des Chasseurs, bien décidés à stopper l'avancée du Convoi et à en découdre avec les créatures des ténèbres.
     De Fort Alamo aux territoires sioux, de Wounded Knee à Silver City, les hommes du Nouveau Monde, Billy the Kid, les frères Dalton ou encore Doc Holliday mêlent le sang à l'argent, luttant sans merci contre les vampires, ou formant avec eux d'improbables alliances...
 
LE NOUVEAU MONDE N'A PAS DE NOM POUR EUX,
ET POURTANT ILS SONT EN AMÉRIQUE.
L'AUTRE CONQUÊTE DE L'OUEST A COMMENCÉ.
 
     Wayne Barrow est né en 1951. Ce colosse de père bostonien et de mère navajo refuse la conscription pour le Viêt Nam et part au Canada où il vit depuis 1972. Après avoir exercé mille métiers, il se consacre entièrement à l'écriture.
     Boodsilver est son premier roman traduit en France. Un âpre récit fantastique, hommage aux plus grands, du Dernier des Mohicans de J.Fenimore Cooper aux westerns La Conquête de l'Ouest, Pale Rider ou Les Sept Mercenaires.
Critiques
     En 1691, un navire fait naufrage sur les côtes de l'île de Manhattan. La nuit venue, les cadavres se relèvent et massacrent la tribu indienne qui vit à proximité... Ce navire était le dernier à transporter vers l'Amérique des « non-morts » — vampires, stryges, broucolaques... Ceux qu'on appellera désormais des « Brookes » forment alors un formidable convoi afin de partir à la conquête de l'Ouest...

     Roman mosaïque, Bloodsilver se compose de nombreux récits aux narrateurs différents et aux styles variés. De 1691 à 1917, ces nouvelles réunies autour d'un univers commun et de quelques rares personnages récurrents, retracent une Histoire alternative, une véritable uchronie dont le point de divergence semble situé en 1688, quand un homme est revenu d'entre les morts pour fonder une secte.
     L'une des originalités de Bloosilver est que, pour une fois, l'existence des vampires est une évidence pour tous et bouleverse donc profondément la vie des américains ainsi que leur vie politique. Par exemple, la déclaration d'indépendance se voit retardée d'un an car les français refusent d'écouter Franklin et de soutenir un peuple qui tolère les « Suceux ». Lincoln se discrédite en prononçant un discours en faveur de l'intégration des Brookes. Et la plupart des grands hors-la-loi de l'Ouest — Billy the kid, les Dalton, Jesse James, Calamity Jane... — deviennent des chasseurs de Brookes, n'attaquant les banques que pour obtenir l'argent nécessaire à fondre les seules balles capables de liquider les non-morts.
     Ainsi, de Salem à O.K. Corral, en passant par Alamo, Wounded Knee ou la maison Winchester, aux côtés de Mark Twain, du juge Roy Bean, de Doc Holliday ou de Sitting Bull, Wayne Barrow réinvente les événements et figures légendaires de l'Ouest, pour former une nouvelle trame historique cohérente, qui aboutit logiquement à la fondation d'une nouvelle nation nommée Bloodsilver.

     Au plaisir procuré par cet intelligent mélange de western, de littérature vampirique et d'uchronie, ajoutons celui d'un style brillant, aussi efficace dans les scènes d'action que dans les récits qui nous font nous glisser dans la peau de Billy the Kid ou dans celle d'un soldat tueur d'indiens. Les points de vue changent sans cesse, et les premières pages de chaque nouvelle nous plongent dans une ambiance différente sans que ces ruptures ne gênent l'immersion dans cet univers, bien au contraire.
     Il faut dire que sous le pseudonyme de Wayne Barrow se dissimulent deux de nos meilleurs écrivains hexagonaux, à savoir Johan Heliot et Xavier Mauméjean. Ce « premier » roman est donc en réalité le fruit d'une collaboration d'écrivains déjà chevronnés et dont la synergie ne fait aucun doute.

     Bref, Bloodsilver procure un immense plaisir de lecture. On ne souhaite que deux choses : d'une part que Wayne Barrow reprenne la plume pour nous conter ce que deviendra la nation vampirique au XXe puis, pourquoi pas, au XXIe siècle, d'autre part qu'il ajoute quelques épisodes vus cette fois par les Brookes eux-mêmes.

Pascal PATOZ (lui écrire)
Première parution : 8/1/2007 nooSFere


     Brite, Somtow et maintenant Wayne Barrow : le vampire est à l'honneur ces temps-ci !

     Wayne Barrow serait un nouveau venu dans l'Hexagone. Bloodsilver serait son premier livre traduit. Ce rebelle au grand cœur, exilé au Canada pour éviter le Viêt-Nam, est officiellement traduit par Héliot et Mauméjean...

     Officieusement, il serait le prête-nom de ses deux « traducteurs », qui auraient écrit le livre à quatre mains. Mais peu importe l'auteur, pourvu qu'on ait un bon texte. Boris Vian nous l'avait bien démontré avec Vernon Sullivan.

     Mais tout d'abord, situons le roman. Parler d'uchronie fantastique serait le plus approprié. C'est en effet une autre histoire de l'Amérique, de la fin du XVIIe siècle à 1917, que nous propose le livre.

     1691 : des vampires débarquent à Manhattan.
     1917 : l'Amérique met fin à la doctrine Monroe, et intervient dans un conflit européen.
     Entre les deux, c'est toute l'histoire révisée des USA qui va défiler sous nos yeux. Le tout sous forme de fix-up, où chaque chapitre couvre une courte période, et où l'on peut compter parfois quelques dizaines d'années d'un chapitre à l'autre. Peu de narrateurs récurrents, même si beaucoup sont d'authentiques personnages, qui verront parfois leur vie changée par rapport à la réalité que nous connaissons. C'est ainsi que l'on va croiser des figures mythiques du Far West, comme les Dalton, Calamity Jane ou Billy the Kid. Mais aussi Mark Twain, et de grands évènements artistiques, comme la naissance des pulps ou de Hollywood.

     Tous les protagonistes seront mêlés à l'épopée des vampires, les Brookes, et à leur fringale de sang, humain ou animal selon ce qu'ils trouvent. Les Brookes errent à travers le territoire, dans un long convoi de charrettes plombées, payant des fortunes pour acheter tout l'argent disponible.

     L'argument essentiel du livre reste la coexistence entre humains et vampires, que le livre intègre à merveille dans l'histoire américaine, sur fond de passions humaines. Car ce sont bel et bien les sentiments humains qui façonnent la toile de fond du roman. Ainsi l'histoire de ce Français, exilé pour venger la mort de sa dulcinée. Ou bien la cupidité des humains, prêts à tout pour s'enrichir en vendant de l'argent aux Brookes. Et puis l'instinct de survie de cette famille d'origine mexicaine, prête à tout pour survivre face à l'assaillant brooke. On peut d'ailleurs y voir un petit clin d'œil au fameux Je suis une légende, du grand Matheson.

     Les destins et les passions individuels se mêlent aussi aux pages sombres de l'Histoire US. Du procès de Salem à l'effrayant massacre de Wounded Knee, rien ne nous est épargné. Mais ne sombrons pas pour autant dans le pessimisme et la noirceur. En effet, Brookes et humains parviennent à vivre ensemble, dans un Etat pour le moins excentrique.

     Certes, on ne tient pas là un chef-d'œuvre impérissable. Mais cette mosaïque de destins individuels et du destin collectif d'une nation est une œuvre suffisamment originale et bien écrite pour valoir le détour. Au final, ce Bloodsilver apparaît comme une talentueuse curiosité dont il serait dommage de se priver.

Olivier PEZIGOT
Première parution : 1/1/2007 dans Bifrost 45
Mise en ligne le : 22/9/2008

Critiques des autres éditions ou de la série
Edition GALLIMARD, Folio SF (2010)

     Bloody Hell ! Les vampires débarquent au Far West !

     En 1691, un bien curieux bateau en provenance du Vieux continent s'échoue sur les côtes américaines. A son bord, des créatures qui se nourrissent de sang. Très vite surnommés Broucolaques — le terme vient du grec, puisque c'est un Grec émigré qui les aperçoit le premier — , mot plus tard abrévié en Brookes, ils vont se lancer dans une avancée inexorable sur ce nouveau monde, lançant une seconde conquête de l'Ouest. Ils croiseront ainsi un certain nombre de personnages de la légende de l'Amérique, de Billy le Kid à Mark Twain, en passant par les frères Dalton et Earp, Abraham Lincoln ou encore la famille Winchester. C'est néanmoins Cotton Mather, le révérend qui combattit les sorcières de Salem, qui leur pose le plus de soucis, puisqu'il crée la Confrérie des chasseurs, chargée d'exterminer les Brookes. Ceux-ci, pour leur part, tentent de récupérer tout l'argent (le métal, pas la monnaie) que recèle le continent américain, afin que leurs ennemis ne s'en servent pas contre eux.

     Ce roman-mosaïque — chaque texte racontant une étape de la progression des Brookes, avec des narrateurs et des styles variés — est censé être de la plume de Wayne Barrow, un patronyme qui fleure bon le redneck ; il s'agit pourtant du pseudonyme des bien français Johan Heliot et Xavier Mauméjean, qui obtinrent avec ce livre le Grand Prix de l'Imaginaire 2008. L'idée de marier le thème vampirique et le western fonctionne ici à merveille, car en plus de procurer son lot de scènes d'action particulièrement cinégéniques, elle s'enrichit d'une réflexion sur la naissance des Etats-Unis, sur la constitution progressive de ses caractéristiques, dont certaines perdurent encore aujourd'hui : la violence, la difficile et longue lutte contre le racisme (noirs, indiens, brookes, même combat), le traumatisme de la guerre de Sécession, et, d'une manière plus générale, la notion de terre d'accueil. Les vampires vont interagir avec ces thématiques : en effet, leur intrusion constitue une variable supplémentaire à intégrer dans le développement de la nation, variable qui va modifier sensiblement celui-ci ; le roman prend alors des allures d'uchronie vampirique parfaitement crédible. Que leurs opposants le veuillent ou non, les Brookes sont là, ils s'intègrent dans le paysage, et finiront sans doute par être considérés comme des citoyens à part entière... jusqu'à une pirouette finale plutôt bien vue. Avec ce livre, Barrow remet au goût du jour le thème du vampire de manière éclatante.

Bruno PARA (lui écrire)
Première parution : 1/10/2010
dans Bifrost 60
Mise en ligne le : 8/1/2013

Prix obtenus


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