Grâce au semen of gods, riches et puissants peuvent désormais vivre leurs fantasmes les plus fous au sein de réalités virtuelles créées par un groupe de télépathes.
Tout serait parfait dans ce paradis artificiel si un élément incontrôlable ne parvenait à s’immiscer dans les séquences mentales et à tuer les clients de la Telepathic Trips Organization, qui exploite la psychosphère.
Au dehors, la révolte gronde. Le peuple prend les armes contre les élites avec un seul mot d’ordre : Destroy The American Dream ! »
Avec derrière lui une cinquantaine de romans, Roland C. Wagner est l’une des voix majeures de la science-fiction française. Véritable choc psychopunk, Le Serpent d’angoisse conte les prémisses de sa série la plus connue : Les Futurs Mystères de Paris. Vingt ans après sa parution et son prix Rosny aîné 1988, le voici enfin de nouveau disponible.
Roland Wagner n'est pas un nouveau venu, surtout dans le fandom qu'il connaît mieux que personne, mais c'est la première fois qu'un de ses romans est proposé à un large public. Le postulat sur lequel repose le livre est proche de la Chronolyse de Michel Jeury : employés par un trust des loisirs, des télépathes sous l'empire d'une drogue ont construit des univers imaginaires Mais leurs frontières se brouillent, et ils sont envahis par des rêveurs « sauvages » en provenance des lisières de la mort. Tout cela prend place dans le cadre d'une révolte des laissés pour-compte du rêve américain — ce serpent qui étrangle les USA et s'incarne en des émeutes aux quatre coins du territoire, imaginées avec plus d'énergie que de souci du réalisme.
A contre-courant donc de la thématique de l'engloutissement qui marque les protagonistes de Jeury, Wagner donne une œuvre frénétique, sèchement écrite (une qualité sur la longueur d'un Fleuve). II y injecte ses passions musicales, et la vision de la révolution qui va avec — celle des années 60. Imaginer, sous le choc de la société à deux vitesses issue des années reaganiennes, un retour à l'embrasement des ghettos et aux runaways, ce n'est pas foncièrement absurde, parsemer les péripéties de citations des Doors, des Stooges et de MC5, c'est donner au livre un parfum de nostalgie, une nostalgie qui n'est pas revendiquée et analysée comme elle pouvait l'être dans Armageddon Rag de George Martin. Wagner a fort bien adapté à un marché encore considéré comme « populaire » ce qui faisait il y a dix ans les choux gras de la SF « littéraire » ; il peut encore se développer, et nous sortir dans l'avenir, je l'espère, des romans tout aussi énergiques et plus riches en concepts novateurs.