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Janus

Alastair REYNOLDS

Titre original : Pushing Ice, 2005
Traduction de Florence DOLISI
Illustration de Chris MOORE

PRESSES DE LA CITÉ (Paris, France)
Dépôt légal : février 2011, Achevé d'imprimer : février 2011
Première édition
Roman, 592 pages, catégorie / prix : 24.50 €
ISBN : 978-2-258-07924-3
Format : 15,5 x 24,0 cm
Genre : Science-Fiction



Quatrième de couverture
"Alastair Reynolds est assurément le ténor du space opera."
The Times
    
     En 2057, Janus, une lune de Saturne, quitte soudain son orbite. Unique vaisseau alentour, le Rockhopper, propriété d'une compagnie minière qui exploite la glace des comètes, est le seul véhicule spatial capable d'intercepter le satellite avant qu'il ne quitte définitivement le système solaire. En acceptant d'interrompre sa mission de routine pour effectuer une courte exploration de Janus, le capitaine Bella Lind et son équipage s'embarquent dans une aventure qui mettra à rude épreuve leur cohésion. Car, en réalité, Janus n'est pas une lune, mais un artefact extraterrestre qui leur réserve bien des surprises...
     Outre la grande exigence scientifique qui caractérise chacun de ses romans, Alastair Reynolds fait preuve dans Janus d'une remarquable justesse psychologique pour décrire la tension dans l'espace clos du Rockhopper. Une fascinante odyssée spatiale, par l'un des maîtres de la science-fiction contemporaine.
 
     Considéré comme l'un des plus grands hauteurs de « hard science fiction », le Gallois Alastair Reynolds est l'auteur de la saga des Inhibiteurs (L'Espace de la Révélation, La Cité du Gouffre, L'Arche de la Rédemption et Le Gouffre de l'Absolution), publiée aux Presses de la Cité.
Critiques
     Janus est le sixième roman d'Alastair Reynolds publié en France. Comme ses prédécesseurs, il s'agit d'un fort volume de plus de 500 pages. Les lecteurs de la tétralogie des « Inhibiteurs » ou de La Pluie du siècle ne seront nullement dépaysés. NSO ou space opera hard SF, Reynolds œuvre dans la même veine que Stephen Baxter et Gregory Benford avant eux.

     Janus est une lune de Saturne qui soudain échappe à son orbite et fonce vers Alpha Virginis, étoile également connue sous les noms de Spica ou de l'Epi. L'astronef Rockhopper, d'ordinaire affecté à des missions de forage et de catapultage de comètes vers le système solaire intérieur, se trouve être le seul vaisseau susceptible d'intercepter la lune fugueuse dont tout le monde, à commencer par la DeepSchaft, la compagnie qui a armé le Rockhopper, a déjà compris qu'elle est un artefact extraterrestre et qu'il y avait là un max de fric à se faire. Bella Lind, le capitaine du Rockhopper, met la proposition aux voix et une petite majorité l'emporte, motivée à l'idée de primes substantielles. Le Rockhopper court donc sus à Janus et à ses secrets en forçant l'accélération. Suite à un accident, l'ingénieur Svetlana Barseghian découvre que les télémesures concernant les réserves de carburant ont été truquées par la compagnie et que s'ils rejoignent Janus, ce sera pour un aller simple faute de carburant pour revenir. La compagnie ne s'intéresse qu'aux données que pourra recueillir le Rockhopper sur Janus, et envisage de délibérément sacrifier les cent quarante-cinq membres d'équipage. Entre les pressions de la compagnie, relayées par son âme damnée, Craig Schrope, et les allégations de son amie, Bella Lind devra trancher. Elle le fera en dépit de ses états d'âme et l'amitié des deux femmes n'y survivra pas. Si Lind tentera bien de recoller les morceaux, Barseghian lui vouera une haine inextinguible et ne lui pardonnera jamais. Cette dernière mènera une mutinerie, mais trop tard : à proximité de Janus, le Rockhopper est entraîné de plus en plus vite dans les profondeurs de l'espace. Bella Lind parviendra à contrer le projet de Barseghian — faire faire demi tour au vaisseau — , mais pas à retrouver son commandement. Des partisans de Lind seront assassinés cruellement et sans pitié, puis les assassins eux-mêmes exécutés. Lind sera mise à l'isolement durant des dizaines d'années tandis que Barseghian présidera à l'établissement d'une colonie sur Janus, exploitant l'artefact qui les emportera toujours plus vite et plus loin. Aux vitesses relativistes désormais atteintes, ils plongent ainsi dans le futur. La survie de la colonie sur Janus s'annonce précaire...

     Alastair Reynolds nous livre là un bon roman, sans temps morts, articulé autour du conflit entre ses deux héroïnes, trame sur laquelle s'enroulent les diverses et nombreuses péripéties. Janus est un roman efficace et fort plaisant quoique sans génie, à l'intrigue totalement linéaire, les événements s'enchaînant comme une chute de dominos. La psychologie des principaux personnages sonne juste sans pour autant que le livre devienne un roman psychologique, loin s'en faut. Si l'on s'en tient à la seule description des faits, Janus est un roman d'une ampleur cosmique mais il ne parvient pas provoquer la même sensation de vertige qui nous saisit à la lecture des meilleures pages de Stephen Baxter. Reynolds échoue à nous faire éprouver l'abîme de temps où Janus a emporté l'équipage du Rockhopper et l'immensité de la structure extraterrestre spicaine. Il y a des questions qui restent sans réponse. Pourquoi Janus tue-t-il certains humains ? Et, au bout du bout, on ne sait à peu près rien des fameux Spicains. Ils ne soutiennent pas la comparaison avec les Xeelees de Baxter. On les sent une échelle en dessous alors que les autres espèces qui sont rencontrées soutiennent la comparaison avec les extraterrestres de Baxter. Ces défauts restent toutefois secondaires. Janus sera une vraie source de plaisir pour tous les amateurs de ce genre de science-fiction là, des amateurs qui, par les temps qui courent, n'ont pas grand-chose à se mettre sous la dent. Faute de grive...

Jean-Pierre LION
Première parution : 1/7/2011 dans Bifrost 63
Mise en ligne le : 18/2/2013


     Alors qu’on ne voyait en lui qu’un morceau de roche gelée en orbite autour de Saturne, le satellite Janus dévoile un jour son vrai visage : sous un camouflage de glace se dissimule un gigantesque artefact d’origine extra-terrestre. Et voilà que cet objet décide de quitter l’orbite qu’il occupait depuis des milliers d’années pour foncer vers une lointaine étoile, Spica, autour de laquelle gravite une mystérieuse Structure, longue de plusieurs minute-lumière.
     Le seul vaisseau capable d’intercepter le fuyard et d’en apprendre davantage sur ses concepteurs est le Rockhopper, un bâtiment minier qui fore les comètes pour en exploiter la glace (il pousse la glace, comme l’annonce le titre d’origine du roman). Sous la houlette de leur commandante Bella Lind, les mineurs s’improvisent donc ambassadeurs de la Terre auprès d’une culture inconnue.
     Mais entre les manigances de la compagnie minière, qui leur dissimule des informations vitales, et l’artefact extra-terrestre qui les entraîne toujours plus loin de leur monde natal, les membres de l’équipage commencent à douter de leur chance de revenir un jour sur Terre et certains, emmenés par Svetlana, la meilleure amie de Bella, envisagent de se mutiner.

     Le roman d’Alastair Reynolds est donc tout à la fois l’aventure scientifique d’un groupe d’humains confronté à une culture extra-terrestre et un huis-clos spatial électrisé par des tensions politiques et psychologiques. En abordant tous ces aspects à la fois, Janus vient confirmer ce que l’on savait déjà des atouts et des faiblesses de l’auteur du Cycle des inhibiteurs : s’il reste un brillant écrivain de space opera et de hard science (voire l’un des meilleurs actuellement), Reynolds n’est pas à son aise dans le registre de la psychologie.

     Ses difficultés sont flagrantes dans les cent premières pages du récit, durant lesquelles on s’ennuie ferme en attendant d’arriver au cœur de l’intrigue. Les motivations, les réflexions des différents protagonistes sont dépeintes sans finesse, dans un style pataud (l’occasion ici de signaler que la traduction de Florence Dolisi est loin d’être brillante), et ne parviennent qu’à bâtir des personnalités simplistes, grossières et peu crédibles.
     Ces défauts deviennent moins visibles lorsque l’histoire s’accélère et que Reynolds prend un peu de hauteur, abandonnant les problèmes de tuyauterie du Rockhopper pour aborder des questions un peu plus fondamentales sur les motivations des mystérieux Spicains, mais ils subsistent jusqu’au bout du roman.

     Le deuxième échec de Janus se situe au niveau des aspects politiques de l’intrigue. En centrant son récit sur les personnages investis de l’autorité au sein de l’équipage, Reynolds affiche son ambition d’écrire un roman sur l’exercice du pouvoir où s’affronteraient trois figures : Bella la juste qui réfléchit trop pour prendre les bonnes décisions, Svetlana la fonceuse flirtant avec la paranoïa et Craig l’administratif qui méprise le facteur humain. Mais là encore, le résultat est décevant, les conflits sont trop caricaturaux et, alors que progresse le roman, le personnage de Svetlana devient d’une bêtise tellement crasse qu’il en perd toute crédibilité.

     Cependant, comme ses précédents romans, Janus révèle avec brio les indéniables qualités de son auteur. Avec une grande maîtrise des ellipses, rebondissements et autres cliffhangers, Reynolds accroche le lecteur par le récit à la fois techniquement plausible et plein d’aventures d’une poignée de naufragés acharnés à survivre dans un environnement hostile, mystérieux et fascinant. On suit avec passion les étapes de la colonisation de Janus, on cherche à comprendre avec les différents protagonistes les secrets que recèle la Structure... L’écrivain est très à l’aise dans la description par petites touches de civilisations extra-terrestres qui, bien qu’exotiques, paraissent vivantes, réelles.
     Enfin, c’est surtout dans sa maestria à manipuler les grandes échelles (de temps, de vitesse et de distance), sans jamais sacrifier la rigueur scientifique au sense of wonder que Reynolds démontre qu’il sait mélanger comme nul autre les ingrédients du space opera avec ceux de la hard science.

     Le lecteur qui a apprécié Le cycle des inhibiteurs devra donc faire l’effort de passer sur un début un peu laborieux, et renoncer à espérer un grand roman psychologique (contrairement à ce que clame la quatrième de couverture, une « remarquable justesse psychologique pour décrire la tension dans l’espace clos du Rockhopper » qui s’apparente à la forme la plus éhontée de publicité mensongère, pour ne pas dire à du foutage de gueule) pour retrouver ce qui fait le charme des romans d’Alastair Reynolds. En attendant la suite ?

Jean-François SEIGNOL (lui écrire)
Première parution : 1/5/2011 nooSFere

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