« Noir comme la nuit, rouge comme les passions inavouées et écrit d'un rythme aussi diabolique. »
Christine Arnothy
« Dans la tradition de Poe, Shelley et Hawthorne. »
Elle
« Barker : un talent prodigieux. »
New York Times Books Review
« Le nouveau prince de l'horreur. »
Time
Boone n'avait plus sa place ni sur terre, ni au paradis, ni en enfer. Son refuge serait Midian, la ville des âmes monstrueuses, le royaume des Enfants de la Nuit.
Mais Tête-de-Boutons menace de sa folie la cité des ombres.
Au-delà de la mort, seul l'amour de Lori peut sauver Boone-Cabale du Mal à visage humain...
Cabale a été adapté au cinéma par Clive Barker lui-même, dans le film vedette du festival d'Avoriaz où l'on retrouve un autre grand de l'épouvante, David Cronenberg, réalisateur de La Mouche.
Critiques
Cabale présente l’avantage de nous exposer la vision initiale qu’avait en tête Clive Barker en adaptant Nightbreed – film tiré de son propre roman et réalisé par l’auteur lui-même – vision difficile à mettre en scène intégralement faute de moyens et, surtout, sous le contrôle de producteurs peu conciliants.
Dès les premières pages, Barker installe une atmosphère malsaine en nous invitant dans le bureau d’un psychiatre essayant de persuader son patient, Boone, qu’il est à l’origine d’une série de crimes atroces. Le rythme est rapide, l’intrigue avance vite et, bientôt, nous suivons la fuite en avant de cet homme complètement perdu. Puis l’auteur exploite l’un de ses thèmes de prédilection en lançant son personnage principal (le patient) à la recherche d’un paradis perdu, un refuge communautaire où les « monstres » – car il se perçoit comme tel – se regroupent pour vivre en paix.
Ce début, dans le plus pur style Barker, se trouve toutefois un peu « plombé » par un choix de narration axé sur l’ex-compagne de Boone, déterminée à retrouver son amant disparu. On veut en savoir davantage sur Midian, ce lieu mythique dont on ne sait pas très bien s’il s’agit d’un paradis ou d’un enfer (voire les deux, selon le point de vue), ou encore sur le sort réservé à Boone, et nous devons subir l’investigation et les introspections sentimentales (et très bavardes) de la jeune femme. Cette relation amoureuse met en évidence un défaut majeur de l’auteur : une tendance à développer des rapports affectifs un brin « soap », assortis de dialogues sirupeux. Heureusement, son univers dantesque vient contraster tout cela et le procédé permet de faire monter progressivement la pression car, chez Barker, l’horreur se mérite.
Finalement, Cabale le roman ressemble beaucoup à Nightbreed, le film, en oubliant les nécessaires adaptations concernant les effets spéciaux, les descriptions surréalistes étant bien trop coûteuses à mettre en images (paradoxalement, le livre est d’ailleurs plus avare en monstres que le film). En outre, il ressort de cette histoire une sorte de « concept judéo-chrétien inversé » : un homme rongé par la culpabilité, après avoir cherché la rédemption, finit par accepter sa nature animale, sa « bête intérieure » en rejoignant un monde païen où les normes morales sont inexistantes (ou plutôt « différentes »). En ce sens, on pourrait comparer Midian au paradis perdu d’Adam et Eve, avant la découverte du fruit de la connaissance leur ayant fait découvrir la honte et la culpabilité ; mais la cité des monstres pourrait tout aussi bien être apparentée – comparaison davantage en accord avec l’œuvre de Barker – à l’Enfer chrétien.
Avec son intrigue simple (mais intense) davantage portée sur une romance mièvre que sur la description des monstres de Midian, leur mode de vie ou leur culture, Cabale se révèle assez frustrant, mais on y trouve cette ambiance malsaine si dérangeante propre à Clive Barker, pas forcément lorsqu’il se consacre aux monstres de Midian mais davantage quand il nous ramène au tueur en série parcourant l’intrigue. De toute évidence, l’auteur tenait à démontrer que les véritables monstres d’une société ne sont pas forcément ceux que l’on croit, ce en quoi il s’avère convaincant.