Troisième volume de la série, après
Les 10000 prochaines années et
Les villes de l'espace, voici un excellent ouvrage de vulgarisation dans « une approche scientifique ». Ouvrage en deux parties. La première, sous le titre « le pourrons-nous ? », rassemble les résultats d'une multitude de points de vue, d'hypothèses, de résultats dont la synthèse ne peut être faite car les certitudes sont parcellaires (et contradictoires par moment). Mais ce voyage au pays de la biologie, outre l'aspect d'information, donne à rêver sur la complexité des problèmes de la vie, ses possibles programmes, ses horloges ( ?) biologiques, la stratégie subtile des hormones, leurs jeux d'incitation ou de frein dont les résultats peuvent aboutir à des expériences fort bien décrites : vieillissement accéléré ou ralenti. Une seule lacune, à mon sens : on ne prend nulle part en compte certaines hypothèses de la chronobiologie (lien entre les rythmes cosmiques et les biorythmes). Malgré cela, une partie très riche, mais, grâce à une technique d'explication enviable, cela reste vivant (sinon toujours totalement accessible au lecteur que je suis !). La fin de cette partie, qui insiste sur inconséquences sociologiques d'un possible allongement de la vie par des procédés scientifiques (p. 183), sert de transition vers la fin qui s'intitule « devons-nous le faire ? ». Pour cette partie, l'auteur s'appuie sur la SF : témoignent Heinlein, Nourse, Spinrad avec
Jack Baron et l'éternité. C'est très accessible. Quant à la question posée, elle est rhétorique : l'histoire montre bien que quand on veut, on fait — et que quand on ne peut pas, on cherche à pouvoir. L'impératif moral a peu de rapports avec la libido sciendi, et avec les rentabilités économiques ou autres ; quelque regret qu'on puisse en avoir. Il est d'autre part réjouissant de voir que seul le détour par une « scientologie-fiction » -celle qui envisage les possibles changements introduits par le bouleversement d'une donnée fondamentale (la vie et ses rythmes) et son retentissement sur la vie sociale, les valeurs, les comportements et la vie quotidienne, seul ce détour, donc, puisse amener à poser à la recherche scientifique la question du pourquoi. La SF comme idéologie de la recherche scientifique ? Bon livre, abondante bibliographie, traduction fluide de Leourier.