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(Chambéry, France), coll. Les Trois Souhaits Date de parution : 22 août 2013 Dépôt légal : septembre 2013, Achevé d'imprimer : juillet 2013 Première édition Recueil de nouvelles, 216 pages, catégorie / prix : 14 € ISBN : 978-2-917689-53-0 Format : 14,0 x 20,0 cm Genre : Fantasy
Quatrième de couverture
Lorsque la fantasy se perd dans les méandres de l'Histoire...
... on peut voir le roi Peste mener ses troupes dans un Londres ravagé par la maladie. Partir à la rencontre de Giacomo Mandeli, peintre de génie contraint de travailler pour l’Inquisition. Suivre les Vikings de Knut affontant les armées anglo-saxonnes, ou, alors que la guerre de Sécession fait rage, vivre la dernière chasse sanglante du colonel Rels.
Russie, Japon, Irlande, Espagne, États-Unis... Armand Cabasson nous entraîne dans un périple à travers l’Histoire, les légendes et les guerres, pour nous offrir des moments de fantasy forts, puissants, servis par une poésie sauvage.
1 - 1348, pages 9 à 40, nouvelle 2 - La Chasse Sauvage du colonel Rels, pages 41 à 54, nouvelle 3 - L'Héritage, pages 55 à 70, nouvelle 4 - Le Roi Dieu-Loup, pages 71 à 93, nouvelle 5 - Giacomo Mandeli, pages 95 à 122, nouvelle 6 - Les Chuchotements de la Lune, pages 123 à 131, nouvelle 7 - Saint Basile le Victorieux, pages 133 à 158, nouvelle 8 - Le Minotaure de Fort Bull, pages 159 à 180, nouvelle 9 - Les Mange-Sommeil, pages 181 à 200, nouvelle 10 - (non mentionné), Interview d'Armand Cabasson, pages 201 à 210, entretien avec Armand CABASSON
Critiques
Quand il n’écrit pas de romans historiques (la série napoléonienne mettant en scène l’enquêteur Quentin Margont, chez 10/18, pour citer son œuvre la plus connue), Armand Cabasson écrit aussi parfois du fantastique. Son dernier recueil en date, La Chasse sauvage du colonel Rels, tente de concilier ces deux tendances… et aboutit à un résultat pour le moins mitigé.
« 1348 », la nouvelle qui ouvre ce recueil, donne le ton. Dans une Londres ravagée par la peste, lord Gitt, condamné par l’Église et emprisonné pour ses mœurs impies, se révèle être le dernier espoir de la couronne face à la créature monstrueuse incarnant le mal qui ronge la cité. Entre reconstitution historique réaliste et pure fantasy, l’auteur parvient à donner une tonalité originale à son récit, malgré une intrigue trop linéaire et une chute particulièrement abrupte.
Armand Cabasson enchaine ensuite avec une série de textes très (trop) similaires. « La Chasse sauvage du colonel Rels » conte les méfaits d’un commando confédéré derrière les lignes ennemies durant la Guerre de Sécession. « L’Héritage » nous plonge au cœur d’un conflit situé dans le Japon féodal, et « Le Dieu-Loup » voit s’affronter Vikings et Anglo-Saxons. Les batailles succèdent aux batailles, et l’ennui s’installe très vite, d’autant plus vite que l’auteur ne parvient que trop rarement à nous faire vivre ces combats, se contentant le plus souvent de comptes-rendus aussi factuels que ternes : on observe à distance les mouvements des troupes, on assiste de manière détachée aux attaques et aux contre-attaques, mais tout cela, à quelques passages près, manque cruellement de bruit et de fureur. Quant au fantastique, il est le plus souvent anecdotique et n’intervient que dans les derniers paragraphes de ces récits.
À mi-parcours, « Giacomo Mandeli » vient enfin rompre cette monotonie. L’histoire est celle d’un peintre italien à qui l’Inquisition espagnole confie une tâche pour le moins singulière : faire le portrait du Diable. L’idée est jolie et adroitement traitée, le dénouement à la hauteur, et l’on tient enfin le premier bon texte du recueil. Et tout de suite après, les combats reprennent : retour au Japon des samouraïs (« Les Chuchotements de la Lune »), à l’Europe médiévale (« Saint Basile le Victorieux ») et à la Guerre de Sécession (« Le Minotaure de Fort Bull »). Et toujours les mêmes interminables et mornes descriptions de batailles. Noyées dans ces reconstitutions guerrières, on trouve parfois de bonnes idées (la manière dont les reliques de Saint Basile vont unir le peuple autour de son souverain avant de causer sa perte, le mythe de Thésée revisité dans un cadre moderne). On trouve même quelques personnages intéressants, souvent solitaires, en marge des normes de leur époque, qu’il s’agisse de lord Gitt, libertin avant l’heure, ou de Knut, le guerrier viking rejeté par les siens après s’être sacrifié pour eux. Mais pris dans le flot des évènements, ils manquent de place pour exister pleinement.
Il faut attendre les dernières pages du recueil pour trouver enfin un second texte tout à fait réussi, en rupture totale avec tout ce qui a précédé. « Les Mange-Sommeil » est l’histoire d’un double deuil, celui d’une petite fille dont le frère est mort et celui d’un lutin qui a perdu sa sœur. Ensemble, ces deux âmes en peine vont tenter de se consoler. Cette nouvelle relève d’un fantastique on ne peut plus classique, mais en quelques pages, Armand Cabasson parvient à y faire naître une émotion qui manque cruellement au reste de ce livre. Ce qui, au final, ne fait qu’accentuer le sentiment de déception que l’on ressent au sortir de cette lecture.