Nous avons du mal à saisir la réalité qui évolue de plus en plus rapidement. Comment dès lors, des textes à visée fantastique vont-ils aborder cette nouvelle donne, où la technologie confère une forme mouvante au monde, et modifie nos comportements ? L’inventivité technologique et scientifique est aujourd’hui telle, qu’aucun point de vue global, tel un Aleph borgésien, ne permettrait d’en saisir le champ des savoirs et de leurs conséquences. L’Occident a élaboré un univers technoscientifique, sans avoir toujours les capacités de comprendre qu’il s’élabore ainsi une nouvelle réalité. Elle induit un douloureux changement de paradigme – comparable, à celui qui a été vécu aux xvi^e et xvii^e siècle. C’est pourquoi le recours à l’imaginaire, loin d’apparaître comme une fuite, est une tentation et une ressource, pour tenter de donner sens à une réalité impensable. Ainsi les auteurs de fiction se réfèrent à l’imaginaire – spéculatif ou émotionnel. Ils remettent en jeu les figures des faëries, ou utilisent la nostalgie devant les ruines des mondes utopiques, que l’Histoire a engloutis.