Plus qu'un genre, la science-fiction est toute une littérature. Née dans saforme moderne à la fin du siècle dernier, elle a ses thèmes, sa tradition, ses classiques, ses auteurs vedettes et son avant-garde.
Bien qu'elle fleurisse surtout dans le monde anglo-saxon, elle est internationale.
Face à cette profusion, le nouveau venu et même le lecteur chevronné se sentent souvent un peu désemparés.
Par quels livres commencer ? Qui est Asimov, Bradbury, Curval, Jeury ou Van Vogt ? Comment situer dans le temps un roman célèbre qu'on croit bien à tort paru hier ?
A toutes ces questions et à bien d'autres, Jacques Sadoul répond dans sa monumentale Histoire de la science-fiction moderne (1911 — 1984), dont cette nouvelle édition a été soigneusement révisée et augmentée d'un bon tiers. Un index en fiat un instrument indispensable pour l'amateur, le curieux, le libraire, le bibliothécaire.
Mai c'est aussi un extraordinaire recueil d'histoires et d'idées. Jacques Sadoul résume avec humour et pugnacité ses immenses lectures, et si son point de vue lui appartient, il nous fait toujours partager en connaisseur, en éditeur et en écrivain son plaisir, ses découvertes, ses enthousiasmes.
1 - Introduction, pages 9 à 26, introduction 2 - Domaine anglo-saxon (1911-1984), pages 29 à 378, essai 3 - Domaine français (1905-1984), pages 381 à 469, essai 4 - Métallopolis, pages 470 à 475, essai 5 - Appendice, pages 477 à 485, essai 6 - Bibliographie, pages 487 à 488, bibliographie 7 - Index, pages 491 à 512, index
Critiques
II ne s'agit pas, à proprement parler, d'un inédit, puisque la première version de cet ouvrage est parue en 73 (Albin-Michel). La présente édition est toutefois notablement revue et augmentée, un pan entier (de 1974 à 1984) a été rajouté et le livre a acquis ainsi une dimension supplémentaire qui justifie une critique elle aussi remise à jour.
Il y a au moins trois façons d'aborder un tel ouvrage critique : d'abord en tant que somme... Cinq cents pages très denses, remplies de faits, de dates et bourrées d'anecdotes, une présentation chronologique plutôt banale mais pratique, enfin un index très complet. Rien à dire de ce côte là. Le livre de Sadoul a de la tenue
On peut aussi choisir de critiquer les erreurs de détail, les petites fautes inhérentes à ce genre d'ouvrage. Je ne résiste pas au plaisir d'en citer une : Le recueil de nouvelles Vue en coupe d'une ville malade de S Brussolo (chez Denoël) devenu page 458 un roman (avec la nouvelle titre résumée de façon plutôt bizarre) De telles erreurs peuvent être considérées comme inévitables, cela ne les empêche pas d'être gênantes et le résultat final s'en ressent.
Toutefois, le seul point qui m'ait réellement laissé perplexe concerne les opinions émises par Sadoul. On peut lui pardonner les quelques pages de publicité offertes à la collection J'ai Lu, y compris l'annonce des livres à paraître (le Léourier p. 463), mais j'ai tiqué en lisant des phrases comme « Mondoloni (à propos de Je suis une herbe) a su éviter le piège du livre-catastrophe et pousser son thème jusqu'à ses conséquences ultimes, avec plus d'audace que ne l'avait fait Ward Moore. » (p 462) ou encore « Je ne vois qu'un remède : imposer la lecture quotidienne d'E.E. » doc « Smith à tous les jeunes auteurs, du genre » à propos du superbe No Ennemy but Time de M Bishop (p. 367). Comme dit le texte de quatrième de couverture. « Le point de vue de Sadoul lui appartient ». Certes !
Malgré ces réserves, parfois agaçantes, un livre indispensable vu la rareté des études sur la S.F. moderne disponibles en français.