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Question de poids

Hal CLEMENT

Titre original : Mission of Gravity, 1954
Première parution : Astounding Science Fiction, avril à juillet 1953. En volume : Doubleday, janvier 1954
Traduction de Martine RENAUD & Pierre VERSINS

Robert LAFFONT (Paris, France), coll. Ailleurs et demain
Date de parution : février 1971
Dépôt légal : 1er trimestre 1971, Achevé d'imprimer : 25 janvier 1971
Première édition
Roman, 272 pages, catégorie / prix : nd
ISBN : néant
Format : 13,5 x 21,4 cm
Genre : Science-Fiction


Autres éditions
   EDITO-SERVICE, 1975
Sous le titre Mission gravité
   POCKET, 1982

Quatrième de couverture
     Mesklin est un monde énorme. Monstrueux.
     Son diamètre, au niveau de l'équateur, atteint 70 000 kilomètres.
     Mais cette planète monstrueuse tourne si vite qu'un jour entier ne dure que dix-huit minutes terrestres.
     Au pôle, un homme eût pesé 900 fois son poids sur la Terre.
     A l'équateur, trois fois seulement.
     Un homme pouvait survivre à l'équateur. Pas au pôle.
     Or, c'était au pôle Sud qu'il fallait aller. Au pôle Sud, où une sonde avait été expédiée pour mesurer les effets d'une pesanteur terrifiante. Une sonde dont le coût avait été prodigieux et qui demeurait désespérément muette.
     Barlennan apporta la solution. Barlennan était un indigène de Mesklin, une sorte de chenille longue de quarante-cinq centimètres et large de cinq.
     Barlennan était un navigateur émérite et un commerçant avisé.
     Il était prêt à tenter le long voyage vers le pôle Sud. Il était prêt à conclure un marché.
     Mais comment pourrait-on le payer ?
Critiques
     Soit Mesklin, planète étrangère que caractérisent de monstrueuses proportions (70 000 kilomètres à l'équateur), une atmosphère à base d'hydrogène, des mers de méthane, uns prodigieuse vitesse de rotation (un jour n'y dure que dix-huit minutes terrestres) et surtout une effrayante pesanteur (3 fois celle de la Terre à l'équateur, 900 fois au pôle). Soit une expédition terrienne chargée de récupérer les renseignements qu'une sonde envoyée au pôle Sud s'obstine à garder pour elle. Sachant que les Terriens ne disposent pas d'un nullifieur de gravité et qu'un équipage de naturels prend ses quartiers d'hiver aux alentours de l'équateur, comment la sonde pourra-t-elle livrer ses secrets ? Tel est le problème que le professeur de physique à l'Université de Cambridge qui écrit sous le pseudonyme de Hal Clément s'amusa un beau jour à proposer à son ingéniosité. Sa résolution fit l'objet d'une longue copie qui fut publiée par Astounding au cours de l'année 1953 : c'était Mission of gravity, devenu pour nous Question de poids.
     Dans ces conditions, jamais la tâche du critique n'a été aussi proche de celle d'un examinateur corrigeant un devoir — ce qui revient à signaler à quel point elle peut être exaltante. Cependant, faute de pouvoir mettre des annotations en marge, je me contenterai des appréciations et laisserai tomber la note chiffrée en dépit de sa récente remise en vigueur.
     En tant que dissertation technologique, Question de poids ne saurait être pris en défaut. Le récit commence au moment où une partie du problème, et non la moindre, est déjà résolue : dans la région équatoriale, le seul endroit de Mesklin qui soit accessible aux hommes, un éclaireur terrien est entré en contact avec les Mesklinites à l'escale et a persuadé leur chef de se mettre au service de l'expédition. Comment cet éclaireur a pu repérer une chenille de quarante-cinq centimètres de long sur cinq de largeur au milieu d'une végétation exubérante, l'identifier comme créature intelligente et surtout lui apprendre un anglais parfaitement châtié ? Nous ne le saurons jamais exactement, mais c'est la seule facilité que s'est offerte l'auteur. Par la suite, rien ne nous est épargné de la façon dont les Mesklinites, passés au premier plan de la narration, viennent à bout de plusieurs milliers de kilomètres semés d'embûches. Qu'il s'agisse de descendre d'une falaise, d'en escalader une autre, de s'orienter, de se ravitailler, d'échapper aux pièges que leur tendent des congénères peu hospitaliers, les valeureux petits voyageurs, aidés par les conseils radiodiffusés des Terriens, surmontent chaque difficulté à la satisfaction de la raison scientifique. Le plaisir du lecteur y trouve-t-il son compte ? C'est, si je puis dire, une question de goût. Personnellement, les exercices d'école entrelardés de cours de physique, de chimie, de mécanique, d'astronomie, etc., et les univers exotiques qui ne trouvent leur consistance que dans une projection rigoureuse des données de la réalité 1 ont le don de m'assommer, mais la SF a le droit de revêtir un tel aspect et, comme le dit Confucius, ce n'est pas parce qu'on n'aime pas ça qu'il faut en dégoûter les autres...
     En tant qu'œuvre littéraire — rappelons que nous sommes censés lire un roman — Question de poids se révèle par contre d'une médiocrité qui risque de surprendre les habitués de la collection Ailleurs et Demain. Poésie : néant, à moins que l'on ne décèle un puissant symbole dans la confrontation d'une race qui rampe et d'une race qui vole. Thématique secondaire : néant, à part un couplet final sur les bienfaits et la difficulté de la connaissance, les précautions qu'exige son utilisation, et la possibilité d'une coopération fructueuse entre des êtres que tout semble opposer. Psychologie... Celle des Mesklinites se borne à leur crainte de voir le ciel leur tomber sur la tête ; par ailleurs, leurs processus mentaux et la hiérarchie qui règne sur leur petit navire n'ont rien que de très britannique. Ne parlons pas de celle des Terriens : ils se contentent tantôt d'avoir le moral, tantôt de ne pas l'avoir. En tout cas, tout ce monde s'accorde à fournir un modèle de conscience professionnelle. C'est dire qu'à côté d'Hal Clément, Isaac Asimov peut être considéré comme un écrivain d'un romantisme échevelé.
     Sans doute ces pauvretés seraient-elles excusables du point de vue de Henri Baudin qui, dans La science-fiction : un univers en expansion 2, admet que « la SF réduite à une sorte d'anticipation technique nous attache plus à des objets et à des actions qu'aux personnages ». Encore faut-il, comme il le reconnaît lui-même, que « l'invention narrative » vienne colorer « l'appareil pseudo-scientifique ». Las ! ce n'est pas par ce biais qu'il faut compter sauver in extremis Question de poids : la moindre péripétie est diluée sur des pages et des pages ; les coups de théâtre sont grossièrement téléphonés ; chaque épisode s'intègre dans une structure primaire qui consiste à enregistrer méthodiquement les étapes du travail de Romain abattu par ces pauvres Mesklinites.
     Je ne voudrais pas trop insister, mais il a encore fallu que ce livre soit traduit par un Pierre Versins et une Martine Renaud en totale méforme — à moins que l'intérêt du récit ne leur ait point donné le goût de le servir. Passe encore qu'ils rendent l'anglais idiomatique des Mesklinites dans un français d'académicien et fassent ainsi ressortir le ridicule des conversations : c'est de la fidélité ; passe encore que bien des phrases soient d'une lourdeur peu commune : c'est dans le ton du livre ; mais qu'il y ait ici et là de bonnes grosses fautes de français : voilà qui est plus regrettable.
     On reste donc perplexe sur les motifs qui ont poussé notre ami Gérard Klein à sélectionner cet ouvrage dans une collection que l'on croyait exclusivement réservée à un public adulte. Une consolation : à ce piège sournois ne se laissera certainement pas prendre l'amateur averti qui a déjà pratiqué Hal Clément à travers un autre roman à bestioles de triste mémoire (Le microbe détective, Rayon Fantastique), un recueil de nouvelles soporifiques (Grains de sable, Présence du Futur), et un mini-roman qui délaye une idée bien mince sur soixante-cinq pages mortellement ennuyeuses (La planète verte, Galaxie n° 73).
     Quand on songe que Mission of gravity est considéré par le public anglo-saxon comme l'œuvre maîtresse de Hal Clément, un dernier mot s'impose, adressé cette fois au responsable du C.L.A. qui s'apprête à publier deux autres romans de cet auteur : PITIE !




Notes :

1. Dans un article paru dans Astounding au mois de juin 1953, Whirligig world, Clément explique comment Mesklin est la transposition d'une super-planète de la constellation du Cygne découverte en 1943 par le Pr. K. Aa. Strand.
2. Livre modeste mais intelligent et sympathique publié dans la collection Bordas connaissance/information.

Jacques CHAMBON
Première parution : 1/10/1971 dans Fiction 214
Mise en ligne le : 1/2/2002

Cité dans les Conseils de lecture / Bibliothèque idéale des oeuvres suivantes
Lorris Murail : Les Maîtres de la science-fiction (liste parue en 1993)
Stan Barets : Le Science-Fictionnaire - 2 (liste parue en 1994)
Association Infini : Infini (2 - liste secondaire) (liste parue en 1998)

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