Virgil est un jeune généticien de génie qui travaille sur les bio-chips, ces cellules vivantes qui sont de véritables petits ordinateurs. Or, ses recherches vont trop loin, et il est renvoyé de son laboratoire.
Pour pouvoir poursuivre ses travaux, Virgil n'a plus qu'une solution : s'injecter les bio-chips... Mais celles-ci se multiplient, se transforment et remodèlent entièrement son organisme avant de coloniser l'entourage de Virgil, puis les États-Unis, et bientôt la terre entière.
Frappée par une apocalypse d'un genre très... nouveau, l'humanité ne sera plus jamais la même. Mais, disent les bio-chips, a-t-elle vraiment perdu au change ?
Greg Bear
Auteur de plusieurs ouvrages de SF et de fantastique, il publie en France son premier roman, La musique du sang. Roman qu'il a tiré d'une nouvelle qui lui valut en 1984 les prix Hugo et Nebula.
Ceux qui ont découvert Greg Bear avec La reine des anges,Éon ou L'échelle de Darwin avaient hâte de voir réédité le roman qui l'a révélé en 1985, et qui développe une nouvelle saluée par les prix Hugo et Nebula, « Le chant des leucocytes » : c'est chose faite chez Folio SF. On n'est pas déçu : l'imaginaire de la bio-ingéniérie et de l'infiniment petit adossé à de méticuleuses extrapolations scientifiques, mais aussi un art de la narration parfaitement maîtrisé, le grand soin pris à camper des personnages finement étudiés, une intrigue qui laisse place au suspense, quelquefois même à l'angoisse, voire à l'horreur : la palette de l'écrivain est déjà complète. À partir d'un personnage de savant renvoyé de son entreprise de recherches biologiques pour avoir effectué des recherches secrètes sur des cellules intelligentes, Bear déploie un scénario-catastrophe à l'échelle de tout le continent nord-américain, puis de la planète entière, en suivant des étapes dont les titres renvoient aux différents stades de la division des cellules (la mitose) : belle manière de développer le livre et l'histoire selon les procédures de l'idée mère du roman. La dérive métaphysique finale, qui donne un tour inédit au cataclysme annoncé (en allant faire une incursion dans le domaine des quanta), peut laisser un peu dubitatif ; cela ne suffit pas à gâcher le plaisir de cette lecture. Un livre à recommander !
La publication de ce livre est bien dans la ligne éditoriale de la collection Fictions qui, après deux titres d'auteurs relativement connus — Harry Harrison et G.R.R. Martin -, vient de révéler deux écrivains dont aucun roman n'avait été traduit jusque là. On connaissait Greg Bear par quelques nouvelles d'une originalité incontestable, notamment Petra et Le chant des leucocytes — lauréate l'année dernière des prix Hugo et Nebula — , toutes deux publiées dans Univers. La musique du sang est la novellisation du second texte.
Comme toutes les élongations de nouvelles, ce roman souffre d'une certaine lenteur et semble parfois ennuyeux. Du moins jusqu'aux alentours de la page 120. Ensuite, Bear s'est attaché à développer et, surtout, prolonger les idées en germe dans les dernières lignes du Chant des leucocytes. Malgré quelques personnages sans grande utilité — les jumeaux de la mère de Vergil — , les deux derniers tiers du roman sont bien construits et intéressants de bout en bout. Le thème — la création de cellules intelligentes qui permettent à l'humanité d'accéder à un stade de conscience différent — , débouche sur de nombreuses applications allant de la hard science la plus austère à un certain surréalisme ; les descriptions des villes des Etats-Unis en cours de remodèlement sont exemplaires à cet égard.
Au bout du compte, un bon roman basé sur une idée originale, qui aurait gagné à être plus court. Et représentatif, espérons-le, de ce que sera le niveau moyen de la collection.